Douleur et cruauté

Elle y avait cru ...
Matthias était venu se coucher. Doux et tendre, comme à sa nouvelle habitude.
Il lui avait caressé la joue, l'avait embrassé, puis s'était endormi, déjà épuisé.
Sur sa peau, l'odeur de la sueur se mêlait à celle du sexe. Naïma n'eut pas de mal à deviner. Onze les avait rejoints ...
Quand la respiration de celui qu'elle aimait était régulière depuis plusieurs minutes, elle se redressa sur sa couche, et se leva doucement, laissant l'homme seul.
Elle sortit dans la plaine et regarda les étoiles.
Elle y avait cru ... Elle avait cru à ses promesses. Stupidement.

L'envie de voir quelqu'un qui ne la trahirait pas se fit ressentir. Quelqu'un qui serait toujours là pour elle.
La personne présente qui se rapprochait le plus de cette définition était Alopias.
Alopias. Son ami fidèle, depuis si longtemps.

Naïma alla l'attendre devant sa tente. Elle attendit quelques minutes. Elle avait vu Alopias et Jade autour du feu, avec d'autres, et savait qu'ils n'étaient pas couchés.
Ne voulant pas que les autres la voient venir le chercher, elle l'attendait là où elle était sûre de le voir, seul.

Alopias arriva enfin. Accompagnée de Jade, bien sûr. Elle tenait son bras, et souriait. Il lui souriait en retour, en lui murmurant des choses que Naïma ne pouvait entendre.
Ils ne la remarquèrent qu'en arrivant devant la tente.

La lune était derrière elle, et l'éclairait en ombre chinoise. La lumière passait à travers sa tunique de lin, la rendant translucide et dévoilant ainsi sa silhouette.
Ses longs cheveux noirs descendaient en vague sur ses épaules et sa poitrine.
Elle était tel un ange sombre, un démon, une succube attendant que sa proie tombe entre ses griffes.
S'il ne s'était pas su loin du Passage, Alopias aurait pu, l'espace d'un instant, la confondre avec Isabella.
Un léger coup de vent fit voler ses cheveux.
Elle leva le bras pour libérer son visage. Ce faisant, la lune fit apparaître la pointe d'un sein, la courbe d'une hanche.
Sensuelle apparition, au plus profond de la nuit.

Son visage était mangé par deux trous noirs, plus profonds que le néant lui même.
Quand Jade et Alopias furent assez près, Naïma plongea son regard dans celui de Jade. Le néant aspira la jeune femme.
Un regard qui imposait le silence à quiconque. Ce regard imposa l'immobilité à Jade. Elle ne pouvait plus réagir, plus rien faire pour empêcher Naïma d'agir à sa guise.

Naïma tourna alors la tête et regarda Alopias. Son regard changea immédiatement. Il se fit doux, suppliant.
Elle s'approcha de lui, rendant sa démarche plus sensuelle que d'ordinaire.
Elle posa sa main sur le torse de l'homme, et leva les yeux vers lui.

Sa main glissa doucement sur le torse d'Alopias et s'arrêta au dessus de son nombril.
Elle baissa la tête, et murmura :

J'ai besoin de toi.

Elle releva la tête, plongeant son regard doux dans celui d'Alopias.
Sa main se décolla du ventre de l'homme, et se posa sur son épaule. Puis elle caressa doucement tout le bras de l'homme pour aller prendre délicatement sa main.

Viens.

Autant de gestes qu'Alopias jugerait anodins.
Autant de gestes qu'ils avaient déjà si souvent échangés, tous les 2.
Autant de gestes qui feraient sans doute naître un doute dans l'esprit de Jade. Une douleur.
Jade ...

Elle serra la main de l'homme, et l'attira, loin de sa tente.
Elle marchait à reculons, faisant face à Alopias, ne le quittant pas des yeux.
Quand elle fut certaine qu'il la suivrait, elle jeta un coup d'oeil à Jade. Son regard se refit dur. Une pointe de victoire perçait.

Jade.
La douce Jade. Qui accaparait Alopias.
Au plus profond de son coeur, Naïma lui en voulait. Elle lui en voulait d'avoir pris le coeur d'Alopias aussi facilement. Et de le tenir éloignée d'elle.
Depuis que Jade avait emprisonné le coeur d'Alopias, Naïma ne voyait plus son ami.
Même lorsqu'il était venu la consoler, dans la plaine, il avait fallu qu'elle débarque. Elle avait senti le soulagement que cela avait provoqué chez Alopias. Et elle n'avait pas aimé ça. Avant, c'était elle qui faisait naître ce sentiment chez Alopias.
Et Jade lui avait volé cette place, dans la vie de l'homme.

Naïma se sentait abandonnée. De tous.
Et ce soir, elle avait besoin de sentir qu'Alopias tenait toujours à elle. Et elle avait besoin de faire ressentir cette solitude à Jade.

Nombre de messages : 225 Date d'inscription : 21/06/2008

Cette histoire de tente ne lui plait pas beaucoup.
Pourtant, c’était Jade qui l’avait proposée. Parce que l’intimité finit par être nécessaire, parce qu’elle avait joyeusement saccagée celle d’Alopias, et enfin par égard pour Matthias, qui lui avait offerte.
Alors aujourd’hui, elle l’avait montée, maladroitement, mais de son mieux. Et avait décidé d’y passer la nuit. Dans les bras de son amant, elle ne se sentira pas en danger, logiquement.
Le fait d’affronter sa peur, et de passer un cap supplémentaire dans sa relation de couple en partageant la même « maison » ne lui a même pas effleuré l’esprit.
Simplement, s’adapter. Naïvement, lui faire plaisir.

Ils en avaient parlé, et c’est très naturellement qu’ils s’y rendent à la nuit tombée. Comme si de rien n’était, comme si, toujours, il en avait été ainsi.
Des chuchotements à son oreille, un baiser, une caresse audacieuse. Il la rassurera d’amour et de volupté.
Et demain tout ira bien.
C’est sure de ce sentiment là que Jade sourit ce soir. Forte de cette certitude.

Une apparition dans les ombres. Un regard de glace.
Il faut un instant pour que Jade identifie Naïma. Mais c’est sans comprendre qu’elle subit les yeux sombres qui la transpercent. Surprise, elle s’arrête net et se cramponne un peu au bras fort qui l’enlace.
Ce sentiment, diffus, de danger. Fronçant ses fins sourcils dans l’obscurité, la rouquine se retient de trembler. Un fugace frissonnement la parcourt, lui faisant doucement lâcher la main de l’homme pour qu’il ne s’en rende pas compte.
Si Alopias lui dit quelque chose, elle ne l’entend déjà plus. Les yeux clairs rivés sur la forme changeante de la femme brune, tantôt violente tantôt douce. L’attention portée sur cette voix qu’elle a l’impression malsaine d’entendre ronronner.

Naïma lui prend Alopias, et s’éloigne le tirant d’une main.
Le contact glacial du regard se rompt, et Jade respire enfin, perplexe.
La jeune femme enroule ses bras autour de son corps, soudainement gelée, et détourne le regard des formes qui disparaissent au loin.

Non, décidément, cette histoire de tente ne lui plait pas trop. Et ce soir, encore, elle ne s’en sent pas capable.

Nombre de messages : 45 Date d'inscription : 08/07/2008

Lex, assise face à Jade et Alopias de l'autre côté du feu de camp, les regarde se diriger vers leur tente après avoir salué tout le monde. Sur le cemin une silhouette les intercepte... Elle devine une longue chevelure de jaie: Naïma. Il y a quelques murmures, quelques gestes, surtout entre Naïma et Alopias que Lex trouve étrangement plus près l'un de l'autre que Jade ne l'est de son amant... Et puis subitement, Alopias et Naïma s'éloignent ensemble, laissant Jade seule sur le seuil.
Lex qui manipulait machinalement une brindille entre ses doigts stop subitement son geste, interloquée... Elle continue d'observer Jade sûrement bien plus stupéfaite qu'elle mais qui reste là, impuissante, sans réagir...
Lex détourne son regard vers les flammes.
Ne pas se mêler des affaires des autres, ne pas se mêler des affaires des autres...
Irrépressiblement, ses yeux reviennent à Jade. Son visage n'est qu'inquiètude et désemparement... Lex soupire en fermant les yeux.
Je vais le regretter...
Elle se lève brusquement et se dirige d'un pas décidé vers elle. Arrivée à sa hauteur elle attrape sans ménagement sans s'arrêter la main de Jade et l'entraîne avec elle. Puis après avoir rattrapé Alopias et Naïma elle lance:
"Bonsoir..."
Sa voix est à la fois calme et forte mais surtout... froide.

Nombre de messages : 225 Date d'inscription : 21/06/2008

Entrainée de force. Manipulée encore.

Interdite, la jeune femme regarde l’autre rouquine qui la traine. Elle trébuche, se rattrape de justesse, embarquée par la vivacité de Lex. Quand elle comprend enfin ou elle se trouve, le ridicule de la situation, quand la voix sèche de l’autre rousse résonne étrangement, la douce Jade a un mouvement violent. D’un geste trop brusque, elle libère sa main.
Tournant le dos au couple qu’elles avaient rejoint, Jade fronce ses sourcils, plantant ses yeux verts dans le regard de son homologue. L’expression de ses lèvres est douce néanmoins, comme une supplique.
Il a des choses qui ne les regardent pas. Ni elle, ni Lex.

La muette repart comme elle était venue. Mais cette fois ci, décidée, rentre dans sa tente et s’y enferme dans le noir. Personne. Personne.

Nombre de messages : 318 Date d'inscription : 11/05/2008

Contact...

Un main glisse sur son torse, son ventre, son bras. Fermement sa main est attrapé alors que dans le même temps Jade s'efface, se laisse dominer par la présence de Naïma.

Des mots...

Des mots directs, sans fioritures, volontairement fait pour faire douter Jade, mais aussi pour lui faire comprendre l'importance de se laisser faire.

Un pas...

Il ne s'oppose pas, sa main se crispe sur celle de Naïma, première réponse à la belle brune... il ne se fait pas trainer, il suit, répond à l'appel malgré toute l'horreur des sentiments qu'il imagine en train de traverser Jade.

Deux pas...

Il ne se retourne pas, ne regarde pas la réaction de Jade, comme si ce n'etait pas la peine.

trois pas...

Lex s'interpose, réuni tout le monde, Alopias lui oppose un regard rassurant, il s'exprime d'une voix douce, un sourire léger aux lèvres.

-Merci Lex... mais il va falloir nous faire confiance. Et là, Naïma a besoin de moi... seul !

Le regard que Naïma lance à Lex est sans équivoque. Une menace muette.
Aucun mot ne franchit ses lèvres. Une colère sourde contre la rouquine grossit au creux de son ventre.
Elle n'a rien contre la jeune femme. Elle a juste une haine immense contre toutes ces personnes qui se mêlent de ce qui ne les regardent pas. Et c'est ce que la jeune femme est en train de faire.

Alopias éloigne l'intruse, doucement.
Naïma ne la lâche pas des yeux, tout en entrainant l'homme plus loin.
Elle veut la clouer sur place, qu'elle ne vienne plus la déranger. Si elle veut se mêler des vies des autres, qu'elle aille donc voir Jade.

Naïma entraîne Alopias dans la plaine. Elle marche pendant plusieurs minutes, pour trouver un endroit en hauteur, où elle verra approcher les intrus.
Tout ce temps, elle n'a pas lâché la main d'Alopias, trouvant un réconfort dans ce contact. Dans ce contact doux. Cette tendresse qu'elle sent sincère.

Mais elle avait aussi lu de la sincérité dans les yeux de Matthias... Une aiguille transperce son coeur.

Elle s'assoit, entrainant Alopias au sol.
Elle est assise sur l'herbe, face à lui. Ni trop près, ni trop loin.
Ses yeux sont secs, son expression normale. Trop normale.
Cela fait longtemps qu'elle a mal. Qu'elle a peur. Tellement longtemps qu'elle sait à merveille le dissimuler.

Tu te souviens peut-être de m'avoir dit de ne pas cacher mon coeur derrière une muraille ? Que cela n'en valait pas la peine.
Je voulais te rassurer. Il n'y aura pas de muraille. Pas besoin.

*Une muraille est faite pour protéger quelque chose. Et il n'y a plus rien à protéger.*

Dis-moi juste comment faire confiance aux gens, après avoir souffert ? Comment la confiance peut revenir, quand quelqu'un t'as fait du mal ?

Un vide occupait sa poitrine. Un vide étrange et profond, qui remplaçait la douleur latente qui occupait cette place jusqu'à ce soir.
Elle ne ressentait rien. Comme si cette dernière douleur l'avait anesthésié. Plus de sentiments. Enfin. plus de douleur.

Nombre de messages : 1225 Date d'inscription : 08/06/2008

*Flash Back*

En sortant de sa tente, Matthias, cigarette aux lèvres, avait rejoint le centre du camp.
Il ne lui était pas difficile d'arborer son air habituel, souriant, ouvert, curieux...
Cette curiosité qui le dévorait un peu plus chaque jour...

Ce soir là néanmoins, c'est d'une petite infusion décapante qu'il dina. Un beau sourire pour Naïma, un baiser qu'il déposa pour la première fois aux vu et au su de tous avant de se poser à ses côtés. Il s'essayait à son nouveau statut.

Bientôt la nuit... Matthias plongea le nez dans sa tasse. Personne ne savait les nuits que celui là passait... Comment avait-il pu présumer qu'il pourrait veiller sur elle alors qu'il pouvait à peine se surveiller lui même, qu'est ce qui l'avait poussé à penser ça ?

Il n'avait pas faim.
Il but.
Il suivit la jeune femme, quoi de plus simple ?
Il s'enfonçait dans une nuage psychédélique particulièrement doux.
Un sourire, une caresse, un baiser après lequel il la regarda de ses yeux qui noircissent à chaque seconde qui passait.
Comment lui dire ce qu'il avait appris aujourd'hui alors qu'il ne se l'expliquait pas encore?
Il hésita encore un instant puis se ravisa sachant que bientôt elle allait inévitablement remarquer pourquoi il sombrait.

Alors le jeune homme posa la tête contre le sein de Naïma, s'accrochant à elle, à la fois protecteur et perdu. Petit garçon... puant le sexe et la cigarette.

Laisser son esprit s'échapper...

Un doux rêve où Naïma lui souffle quelques mots à l'oreille, un frisson, un vide, une forêt sombre, il tombe...

Nombre de messages : 318 Date d'inscription : 11/05/2008

Alopias se laisse guider par Naïma, sans oser se retourner vers Jade et Lex. On peut lire dans son regard sur Lex à quel point il est désolé, désolé de devoir renoncer à l'aide providentielle d'une quasi-inconnue.

Mais Naïma à besoin de lui, il s'arrache donc à la présence des deux rouquines. Cruellement, il quitte son amour, la laissant seule avec sa tentative de retour à une certaine intimité. Mais il renonce aussi à une part de ses convictions, Lex étant l'une des rares personnes qu'il connaisse à réagir autrement aux problèmes des autres que par de l'indifférence.

Naïma l'entraine, l'isole au sommet d'une colline à la seule lueur de la lune, il le fait redevenir de force l'ami qu'elle a connu. Ils sont seuls, La femme fragile dans sa tenue légère, presque aérienne, l'homme robuste dans ses chaussures de marche boueuses et sa lourde veste de chasse, ecroulé sur le sol.

Alopias écoute ce qu'elle a à dire, le visage grave, sa main toujours dans la sienne, la réponse lui semble être simple, diablement simple, mais il semble tout autant incapable de lui expliquer en quoi, il cogite, longuement, fouille dans ses souvenirs pour en extraire une démonstration concluante. Soudain la réponse tombe comme un couperet, cruelle et directe.

-On ne peut pas Naïma !

Sa main se crispe sur celle de Naïma, comme pour l'empêcher de s'envoler sous la violence du coup de fouet verbal de son meilleur ami.

-On ne peut pas faire confiance aux gens sans ça !

Tout en parlant, sa main libre vient délicatement se poser sur le haut de son sein gauche, le bout de ses doigts caressant délicatement la clavicule de la jolie brune.

-Moi aussi j'ai souvent cru l'avoir perdu… Et pourtant… il bat !

On ne peut pas.

Réponse franche. Mais cruelle.
Une partie de Naïma aurait préféré un mensonge. Un mensonge qui l'aurait soulagée, même momentanément.
Mais Alopias n'était pas comme ça. Il disait ce qu'il pensait.

Naïma se détourna quelques instants.
Mais Alopias la rappela à son attention, en posant sa main sur sa poitrine, là où, quelques moments auparavant, son coeur battait encore pour quelqu'un.

Il bat.

[Le tien bat, Alopias. Il bat grâce à Jade. Avant elle, il ne battait plus. Je t'ai connu assez longtemps pour le savoir. Ton coeur s'est arrêté après avoir perdu Emily et ton fils.
Le mien s'est arrêté après une trahison. Il ne bat plus, c'est comme ça.

Elle leva la tête pour regarder les étoiles.

Je ne perds pas espoir, Alopias. Le tien rebat, le mien le fera peut-être un jour.
Un jour, je rencontrerai peut-être quelqu'un digne de confiance.

Elle rabaissa la tête. Une grande lassitude la submergea. Elle regarda tendrement Alopias.

Retourne auprès de Jade. Elle t'attends.
Merci de m'avoir donné du temps.

Elle se releva sans lui laisser le temps de répondre, et s'éloigna, dans la direction inverse du campement.
Elle avait besoin de s'isoler.

Elle avait menti.
L'espoir, elle ne l'avait plus. Comment un organe qu'elle avait perdu pouvait-il rebattre un jour ?
Elle avait donné sa confiance, son coeur, et elle avait été trahie.
Dorénavant, sa confiance serait plus difficile à acquérir.

Elle resta plusieurs minutes ainsi, seule, à regarder l'horizon. A regarder un autre monde, sans Matthias. Un autre avenir, une autre vie.
Une vie sans Jade qui accapare Alopias.
Une vie où elle ne se sentirai pas seule en étant entourée.
Une vie où le silence règnerait à nouveau, comme lorsqu'elle voyageait auprès d'Eugène, l'homme qui ne l'avait jamais trahie, qui ne l'avait jamais fait souffrir.

Elle finit par se retourner vers le campement. Le feu brillait encore, au loin.
Un dernier regard vers un autre avenir ... et elle revint doucement vers le camp, vers ses compagnons.
Mais une chose avait changé.
Elle-même.
Naïma la douce avait disparu, ce soir. Une nouvelle Naïma venait de prendre vie, sous le clair de lune.

Nombre de messages : 318 Date d'inscription : 11/05/2008

Alopias écoute Naïma respectueusement, mais ne cache pas sa désapprobation, Il la laisse enfin partir et la regarde marcher et s'éloigner.

Une douleur froide s'exprime sur ses traits. Alors que Naïma progresse dans la direction opposé du camp, il rompt enfin son immobilité et cours pour venir se planter devant elle, dardant sur elle un regard mêlé d'amour, de tendresse, de colère et de pitié.

-Tu te plantes sur toute la ligne Naima ! Ce n'est pas Jade et son amour providentiel qui m'a sauvé, ce n'est pas Alice Darell et son amitié qui m'a sauvé, ce n'est même pas toi et ce que nous avons partagé ensemble qui m'a sauvé !

Il vient poser délicatement ses mains sur ses joues, la regardant dans le fond de ses yeux sans larmes.

-J'avais juste besoin de temps pour aimer à nouveau, juste besoin de temps pour me faire d'autres amis, juste besoin de temps pour vivre de nouvelles choses ! Et ce temps ! C'est moi et moi seul qui me le suit accordé en refusant les solutions de facilités. Celles qui auraient consisté à fuir ou à m'ouvrir les veines. Et ça ! Il n'y a que moi à l'avoir empêché ! Seulement moi !

Il l'enlace, amicalement, ses doigts caressant la longue chevelure de la jeune femme.

-Je te l'ai déjà dit et je n'hésiterais pas à te le redire… Je t'aime ! D'un amour que je juge complet tel qu'il est ! Et je le dis malgré tout le mal que ça peut faire à celle que j'ai aujourd'hui le malheur d'aimer un peu plus que toi ! Je suis là malgré tout le mal que tu me fais là alors que je venais tout juste de relever la tête !

Il la relâche, la libère, et tourne les talons en direction du camp.

-T'as raison, Jade m'attend ! Normalement je n'aurais même pas du la laisser comme ça, pourtant je l'ai fais, et je le referais tant que je penserais que tu le mérite à mes yeux… sur ce bonne nuit !

Il s'éloigne, laissant Naima à ses réflexions, déterminé à ne plus se retourner… pour ce soir.