Comme un air de confidences...

Nombre de messages : 1225 Date d'inscription : 08/06/2008

Aux quelques mots que Naïma lui avait adressé, Matthias avait eu un rictus amère.
"Tu n'es pas en forme" Quelle perspicacité ! Et dormir... comme s'il en était capable...

Alors le jeune homme fit ce qu'il faisait toujours, il décampa. Cavalcade effrénée à travers la nuit jusqu'à tomber à demi mort d'épuisement. Chaque lune il attendait le groupe à quelques kilomètres de là car même délirant il savait toujours où il allait. Mais cette lune là, rien n'était moins sur...

Au petit matin, Matthias sortit d'un sommeil pénible. Alors que certains se renfermaient au levé du soleil, lui reprenait systématiquement des couleurs. Il fit quelques pas sur la plaine, le regard perdu sur la brume de chaleur qui se dissipait lentement.
Aujourd'hui ils atteindraient la forêt.
L'idée ne lui plaisait pas plus que ça. Bien qu'il ait proposé l'itinéraire, il avait choisit la forêt parce qu'elle contenterait un maximum de monde au cœur de l'été. Mais lui ne s'y sentait pas particulièrement à l'aise, il avait eu un mauvais premier contact avec elle... puis c'était trop étroit, la vue n'y était pas suffisamment dégagée à son goût, il préférait le désert ou les longues plaines.

Quelques mètres encore, au milieu de ses réflexions, mains dans les poches comme s'il se promenait. Bien sur il n'était pas obligé de les y suivre. Il suffisait de changer de cap, de disparaitre immédiatement. Partir.
Partir ? Il n'en avait pas réellement envie, il ne le pouvait plus désormais.

Quelques heures plus tard les groupes s'acheminaient vers la forêt. Matthias avait intercepté la marche pour se joindre à eux, l'air serein et déterminé.
En fin de journée le camp fut monté au milieu des arbres. Le lendemain ils travailleraient ou s'entraineraient mais l'heure était à la détente. Serviable et jovial, le jeune homme aida chacun, ramassa du bois, prépara un feu.

Alors que la nuit s'étirait à nouveau, que Naïma avait rejoint sa tente, le jeune homme s'en approcha sans y rentrer. S'il avait aidé les autres, lui ne s'était pas donné la peine de se préparer un coin sympathique.
Sans autre forme de procès il s'allongea, barrant de l'extérieur l'entrée de la tente. Il était persuadé que la jeune femme ne dormait pas, qu'elle savait qu'il était là, , qu'elle avait vu son ombre.
Au bout de quelques minutes, Matthias frôla la toile d'un geste machinale comme perdu dans ses pensées. Soudain d'une voix juste assez audible à travers la tente, il se mit à parler:

"Je n'ai jamais partagé ou veillé le sommeil de quelqu'un. Et avant ça j'n'ai jamais aimé non plus. Je ne sais pas ce que ça implique en matière de sentiments, je m'en rend pas bien compte, je suis incapable de dire ce qui fait mal ou pas, je n'l'ai jamais appris, enfin disons que je l'apprends quand ça arrive.

Ange déçu, je voudrais juste que tu saches... que... si tu considères que c'est trop tard, hé bien ça l'est pour moi aussi...
Je ne reculerais plus et je n'abandonnerai pas."

Assise dans sa tente, Naïma entendait la respiration de l'homme, allongé devant chez elle.
Il était là, si proche. Si loin.
Il resta silencieux de longues minutes. Très longues pour lui. Trop longues pour elle. Une douleur se réveilla dans sa poitrine. Une douleur qu'elle rendormit immédiatement.

Un grattement. Très léger. Comme un brin d'herbe porté par le vent.
Puis une voix. Reconnaissable entre toutes. Calme, posée.

avant ça j'n'ai jamais aimé non plus.

Un nouveau pincement. Plus fort, celui-ci. Cela voulait-il dire qu'il l'aimait ? Qu'il l'aimait vraiment ? Ou en tout cas, qu'il le croyait. Assez fort pour le lui dire.

Ange déçu, je voudrais juste que tu saches... que... si tu considères que c'est trop tard, hé bien ça l'est pour moi aussi...
Je ne reculerais plus et je n'abandonnerai pas.

Naïma tourna la tête vers l'entrée de la tente. Il n'abandonnerai pas ... Il ne l'abandonnerai pas, elle ??
Elle n'était pas sûre de comprendre.
De longues minutes de silence s'écoulèrent. Des minutes de questionnement.

La respiration de Matthias emplissait la tente. Une petite chaleur commença à envahir les reins de Naïma.
Réaction bien étrange, vu les circonstances. Incompréhensible.
Comment pouvait-il avoir ce pouvoir sur elle ?

Elle laissa encore s'écouler quelques secondes. Et une évidence se fit.
Oui, ses reins la brulaient. Oui, les images du corps de Matthias commençaient à occuper son esprit.
Mais à aucun moment, son coeur ne s'était serré. A aucun moment, son esprit n'avait imaginé le regard amoureux de l'homme.
Au contraire.
Une envie de lui faire mal ... De l'utililser pour son propre plaisir, comme il l'avait fait.
Il lui avait dit un jour qu'il était à sa disposition.
Pour lui, le sexe n'était rien d'important.
Soit.
Elle agirait comme lui, et durcirait son coeur en même temps.

Elle écarta un pan de sa tente. Une invitation.
Elle ne dit rien, ne sourit pas, et le regarda fixement, sans expression. Une mise en garde.
S'il n'abandonnait vraiment pas, il entrerai.

Nombre de messages : 1225 Date d'inscription : 08/06/2008

une invitation, une déception, une défi... Il s'était attendu à tout sauf à ce regard.

Il suffisait d'un rien pour reculer, pour abandonner tout ce qu'il sentait a porté de sa main, une renonciation sans commune mesure.

Il esquissa un sourire, mi suffoqué, mi craintif, mi carnassier... ambigu en définitif.

Finalement ce n'était pas tellement différent du début... elle avait rit avec désinvolture la première fois, elle se donnait sans remords aujourd'hui.

Matthias plissa les yeux, à demi redressé dans la pénombre. Une invitation... un défi... comment ne pas y faire face ?

Une invitation...

Le jeune homme bondit sur sa cible. Furieux, violent comme il ne l'avait jamais été. Il la retourna, main sur la gorge yeux dans les yeux, faisant pression de tout son poids. Elle avait encore le loisir de le griffer, de lui crever les yeux, de s'échapper tout simplement... mais pour cette seconde insaisissable il dominait.
Sexe contre sexe, un décharge électrique irradia les deux corps. Et Matthias prêt à rendre les armes mais tout autant prêt à combattre, de souffler comme s'il devinait ses pensées:

"Je n'sais pas grand chose... Mais on n'arrête pas un cœur si facilement, ça j'en suis certain... Celui qui ose le faire s'arrête au bord du chemin... Aucune peur, aucune douleur mais aucune joie non plus..."

Les doigts du jeune homme parcoururent le cou aimé, jusqu'à s'arrêter à la chaîne qui soutenait la croix, tirant suffisamment pour rendre la pression désagréable

"Il t'a protégé peut être mais il ne t'a pas aimé. Ne pas s'exposer à la souffrance c'est mourir... c'est s'arrêter, c'est refuser de vivre crois-moi... "

Doucement, imperceptiblement, Matthias commençait à rompre le contact...

Le corps de Matthias tout contre le sien. Cette violence, avec un fond de douceur ... Délicieuse ...
Puis il parle à nouveau, rompant le charme.
Une certaine colère envahit Naïma. Une colère contre lui, contre ses paroles.

Tu ne sais rien de mon coeur et de mes souffrances. De celles que j'ai pu vivre, de celles que je vit en ce moment.
Tu ne sais rien.
As-tu tant souffert pour être aussi sage aujourd'hui ? Quelles sont donc ces souffrances dont je ne sais rien ?
Quelles sont les souffrances que tu as vécu pour te permettre de me donner des conseils, et de juger ma façon de réagir.

Laisses donc mon coeur tranquille, et occupes-toi plutôt de mon corps.

L'invitation est directe, formulée, cette fois-ci. Rien ne peut prédire si Matthias y répondra ou pas.
Le défi a également été formulé, et pourrait faire reculer l'homme.

Tu ne comptes pas abandonner, n'est-ce pas ? Mais abandonner quoi, au juste ?
Mon coeur ? Mon corps ?
Pour mon corps, tu peux l'avoir quand tu veux.
Pour mon coeur ... cela risque d'être plus compliqué.

Elle le regarde, les yeux fiévreux, n'attendant qu'une chose : qu'il vienne la prendre dans ses bras, qu'il l'embrasse et qu'il lui fasse l'amour avec passion, avec violence.

Nombre de messages : 1225 Date d'inscription : 08/06/2008

Aux premières questions de Naïma, la mâchoire de Matthias se crispa, son regard flamba de colère, pourquoi elle s'occupait maintenant de savoir qui il était ?
Néanmoins il l'écouta jusqu'au bout... resserrant à nouveau l'étreinte jusqu'à ce que sa bouche soit prête à toucher la sienne.

Elle se tut, le défiant de tout son corps... Un baiser brulant les lia quelques instants.
Matthias saisit les poignets de la jeune femme, les remontant de force juste au dessus de sa tête, la trace des doigts masculins commença à s'imprimer sur sa peau. Il la fixa, elle pouvait constater à quel point il la désirait.

Contre toute attente, Matthias se mit à rire. D'un rire nerveux, ambigu, un peu désespéré. Se penchant à son oreille, il la mordilla doucement avant de murmurer:

"Tu as raison. On est aussi ignorant l'un que l'autre. Je ne veux pas avoir affaire avec ton passé et tes douleurs. Je ne veux plus t'avoir à moitié.

Je te veux. Toi. Corps, cœur et âme.

J'attendrais le temps qu'il faudra... que tu me les donnes ensemble."

Et malgré l'envie qui le tenaillait et la difficulté qu'il avait à le faire, Matthias suspendit son emprise et se redressa lentement près à retourner à sa place initiale devant la porte...

Si tu me veux entière, il te faudra prendre avec mon passé et mes douleurs. Perce qu'elles font partie de moi, et font de moi qui je suis.
Mon passé, je te l'épargnerais.
Mes douleurs, tu en es en partie responsable. Tu ne peux pas faire sans.

Si tu me veux, commence par prendre mon corps. Cela t'ouvrira peut être le reste.

Elle se releva violemment pour plaquer ses lèvres contre les siennes.
Elle le voulait. Maintenant.
Depuis quand fallait-il qu'il ait son amour pour la prendre ? Depuis quand avait-il ce genre de considération ? Depuis quand cela avait-il de l'importance pour lui ?
Ça n'en avait jamais eu. Et aujourd'hui, alors même qu'elle rejetait également de genre de pensée, il changeait d'avis.

Indubitablement, cet homme aura été le plus compliqué qu'elle ait rencontré jusqu'à présent. celui qui lui aura le plus retourné la tête.

Mais là, elle le veut contre elle. elle veut sa peu, ses lèvres, ses mains, son sexe ...

Nombre de messages : 1225 Date d'inscription : 08/06/2008

Second contact. Un peu plus rude encore, le dos de Naïma claqua contre le sol. Ce rire étrange s'échappa à nouveau de la gorge du jeune homme, ambigu, quasi menaçant et la réponse cingla:

"Ne me prends pas pour un crétin, sulfureux ange, je sais ce qui fait un Etre. Je te veux tel que tu es aujourd'hui et je ne me contenterai pas d'un "peut être"."

Matthias paraissait presque furieux avec un air de chien enragé qu'on essaierait de museler.
Il se rendait au désir, bien sur.
A mouvements déterminés il se creusait une place contre la jeune femme, imposant, dominateur et commençant à faire s'embraser les corps déjà échauffés.

Naïma ne répondit rien. Que dire de plus ?
S'il ne voulait pas se contenter d'un "peut-être", cela voulait dire qu'il en donnerait beaucoup. Et cela ne lui déplaisait pas entièrement.

Elle se contenta de laisser Matthias la violenter, avec délice.
Le corps de l'homme contre elle la rendait folle de désir. Son corps se cambrait, ses reins brulaient, ses seins pointaient.
A ce moment, elle lui aurait dit n'importe quoi pour qu'il continue. Elle préféra se taire, et l'embrasser.

Nombre de messages : 1225 Date d'inscription : 08/06/2008

Un déshabillage désordonné et brutal s'en suivit rapidement. La bouche du jeune homme se promenait sur le corps de sa maîtresse. Insatiable, goutant tout: des lèvres aux pointes érectiles des seins, du ventre au con, attaquant la peau par des morsures plus ou moins appuyées, plus ou moins traitresses.

Un doigt s'infiltra au plus profond de l'intimité de Naïma, puis deux, explorant sans retenue.
Matthias frémissait à chaque ondulation de la jeune femme, l'esprit braqué sur l'instant où il s'unirait à elle. Chose qu'il fit peu après, d'un coup de rein violent, tout en prenant sa bouche pour mêler un râle sourd au sien.

Vigilant, Matthias contraignait les mouvements féminins et lui laissait peu de champ libre. Un nouveau baiser brulant s'imprima sur ses lèvres avant que d'un mouvement sans appel le jeune homme ne se retire et ne la retourne. Ses doigts flattèrent la nuque offerte et il y plongea le nez pour la gouter comme il avait dégusté les autres parties du corps. Poitrine contre omoplates,traçant un parcours avec la langue, Matthias remonta vers l'oreille qu'il dégagea de l'emprise des longs cheveux.

Et tandis que sa main naviguait vers le pubis de Naïma en exploitant tout l'espace disponible entre elle et le sol, il s'en empara à nouveau...

Naïma se laissait prendre avec régal.
La violence de Matthias reflétait celle qui régnait dans son esprit en ce moment. Elle la calmait, lui vidait l'esprit.
Tout en lui apportant beaucoup de plaisir.

Un plaisir différent de d'habitude. Un plaisir dans lequel ne se mêlait aucun sentiment. Pour une fois ...
Un plaisir qui l'emplissait sans oublier aucune partie de son corps. Et pourtant, son coeur ne s'affolait pas en regardant le visage de l'homme. C'était ses reins qui s'enflammaient encore plus.
Pour une fois, elle ne se posait aucune question. Et cela n'en rendait le plaisir que plus fort.

Ses gémissements n'avaient aucune retenue. Elle criait de plaisir, se laissant retourner sans protester. Se laissant manipuler comme une marionnette.
Elle lui offrait son corps, entièrement et sans retenue.

Il voulait plus.
Il voulait récupérer son coeur.
Peut-être ... si un jour il se remettait à battre ...

Nombre de messages : 1225 Date d'inscription : 08/06/2008

Cris d'abandon chez elle, cris de rage chez lui, jusqu'aux spasmes épileptiques, ultime cris de jouissance.
Il lui embrassa doucement le cou, fermant les yeux, profitant de la niche de l'épaule, deux secondes, le temps de reprendre un minimum de sang froid.

Bien sur ça n'avait pas d'importance à ses yeux... sauf... sauf que... ça en avait, un peu. Un peu depuis qu'elle l'avait laissé dormir contre son sein la première fois. Un peu depuis son apparition irréelle au petit matin. Un peu depuis que quelques mots, soufflés à l'oreille une nuit, s'étaient interposés le lendemain entre lui et un autre corps.

Matthias laissa à Naïma la marge de se dégager. Le silence n'était troublé que par les respirations trop courtes. Comment lui dire qu'il ne voulait pas retourner dormir dehors ? Que la nuit le mettait tellement mal à l'aise qu'il ne saurait pas trouver le sommeil sans elle ou une drogue efficace.

Doucement très doucement, ses doigts se remirent à danser sur le corps de la jeune femme.

Malgré la fatigue de la pénible nuit passée et sans savoir que la suivante serait terrible, Matthias était disposé à lui faire l'amour jusqu'à sombrer d'épuisement.
Ironie... Lui si volubile ne parvenait pas trouver les mots adéquats. Alors il demanda d'une voix basse comme si Naïma pouvait détourner le cours de ses pensées :

"S'il te plaît, mon ange, dis moi quelque chose."

La tête de Matthias enfouie dans son cou, Naïma calmait doucement sa respiration. Ses yeux se fermaient doucement.
Puis les doigts de l'homme recommencèrent délicatement à effleurer sa peau.
Puis une parole, murmurée, rompit le silence.
La parole d'un homme perdu.

Ce ton toucha Naïma. Comme quelque chose qui se réveillerai, au plus profond d'elle même.
Une touche de tendresse. Envers l'homme qui l'avais tant fait souffrir.

Elle resserra ses bras autour du corps encore en sueur de l'homme. Cette fois, la sueur et l'odeur de sexe viennaient d'elle. Et cette fois, cela n'avait pas d'importance.
Elle serra néanmoins l'homme contre elle. Contre son sein.
Elle caressait doucement sa joue. Le geste d'une amante attentionnée.

Chut.
Ne dis plus rien. Dors.

Elle lui murmura ces paroles à l'oreille. Puis lui déposa un baiser sur le front.
Paroles et geste anodins pour elle. Elle voulait juste dormir, tout en sentant la présence d'un homme à ses cotés.
Une petite part de sa conscience savait que pour lui, cela pourrait vouloir dire plus. Cette part de conscience s'en voulait. Un peu ...

Nombre de messages : 1225 Date d'inscription : 08/06/2008

Obéissant, Matthias se tut, trop content de se sentir à cet instant sous sa garde.
Pourtant il savait qu'il ne le devait qu'à sa seule bienveillance.

Sa main s'immobilisa sur le ventre de Naïma et il ne bougea plus. Le regard rivé sur l'obscurité, calant progressivement sa respiration sur la sienne, il ne la lâcha pas de la nuit.