Le sac et le vide

Nombre de messages : 225 Date d'inscription : 21/06/2008

Apres l’épisode du crâne, Jade avait rit, de ses yeux plissés et de son sourire épanoui.
C’était dégueulasse : Matthias et elle éclaboussés de morceaux de cervelles et d’éclats d’os. Mais les deux jeunes gens, évidement, avaient trouvé ça marrant.
Matthias avait eu raison, il n’y en avait pas assez, de cervelle justement. Mise à bouillir et écrabouillée en purée, elle avait servie de pate à ramollir le cuir. Malodorante au possible, mais bougrement efficace. Une recette ancestrale, racontée par un oncle.
La rouquine, le nez froncé, n’avait pas renâclé sur la tache. Pour finir les derniers morceaux de peau, à défaut de bouillie de cerveau elle s’était servie de graisse animale.

Apres trois jours, le résultat est joli. Un cuir neuf, prêt à être patiné par les années. Une besace simple, un peu asymétrique, d’un brun clair, assez grande pour y fourrer ce qu’on veut.
Dessus, une initiale. Un M pyrogravé avec les moyens du bord. Une lettre manuscrite, toute en arrondis appliqués.

Le matin, Jade et Alopias sont partis. Un mot sur un papier, un long voile clair voletant attaché à un arbre, et le sac.
Le M. Pour Matthias.

Nombre de messages : 318 Date d'inscription : 11/05/2008

vous trouvez a coté du feu de camp un message. La tente d'Alopias et de Jade a disparue.

"Amusez vous bien !"

Le message est signé d'Alopias, à coté on remarque, légèrement de travers, un tout petit J minuscule surmonté d'une jolie marguerite dessinée avec application.

Rien.
Pas un mot. Pas un geste.
Naïma regardait le ridicule bout de papier qui flottait légèrement, porté par la brise.
Puis le sac.
Une envie violente de le réduire en lambeaux la prit.

Ils étaient partis, sans rien dire.
En laissant derrière eux ce sac stupide, et ce bout de papier.

Un sentiment de haine naquit au plus profond d'elle, et se répandit très vite dans tout son être.
Alopias.
Celui qu'elle avait considéré comme son ami pendant si longtemps. Il était parti, sans lui donner d'explication. Sans même lui dire adieu.
Qu'avait-elle pu lui faire pour ça ?

Ou alors était-il tout simplement ce genre d'homme qu'il disait détester et qui ne sait pas prendre ses responsabilités ?
Elle avait cru en lui. Elle avait eu confiance en lui.
Et il l'avait trahit, de la pire façon qui soit.
Même lui ...

Elle se détourna de l'arbre, pour ne pas déchiqueter ce sac, qui ne lui était pas destiné. Matthias le prendrait sans doute. Elle, elle l'aurait laissé pourrir sur place, comme il avait laissé derrière lui son amie.

C'est ça, va-t-en comme un lâche.
Et ne t'avises pas de me recontacter.

Un regard vers l'horizon.
Cette fois, c'était définitif.
Les Infidèles étaient morts.
Ainsi que sa confiance en l'humanité.

Nombre de messages : 1225 Date d'inscription : 08/06/2008

D'aussi loin qu'il s'en souvienne Matthias ne s'était jamais vu offrir quoique ce soit.
Alors il avisa ce cadeau avec un léger sourire. Un cadeau. Un petit symbole de quelques moments de complicité, certainement le premier bien qu'il garderait comme un souvenir.

"Infidèles". A ce moment là, il songea à cette notion qui lui avait toujours semblé étrange appliquée à ces deux là.
Alopias avait fait son choix, emmenant avec lui quelqu'un d'autre. Le jeune homme ne jugreait ni ne se posait de questions... chacun son destin.

Non loin Naïma s'était figée sur l'horizon et sa rage était plus que perceptible. Il savait qu'il ne pouvait rien pour elle, qu'il ne pourrait pas empêcher le changement qui se produirait, lui que la jeune femme considérait comme le premier des traitres. Pourtant il aurait de tout son coeur voulu la soutenir.

S'approchant doucement, il posa sa main sur son épaule. Une caresse chaude et tendre, sans oser faire plus, de peur de se faire graffigner par un excès de colère. Juste de quoi marquer un instant sa présence sincère.

Une main sur son épaule.
Celle de Matthias. Il se tenait à ses cotés, sans rien dire. Juste sa main posée sur son épaule.
Ce contact fit du bien à Naïma.
Il restait quelqu'un pour se soucier d'elle.

Elle n'aurait jamais cru que cela eut de l'importance pour elle. Sentir Matthias auprès d'elle.
Et pourtant ...

La fuite de son ami la rendait vulnérable.
Sa colère était immense, mais ne servait qu'à empêcher son désespoir de se manifester.
Elle se sentait abandonnée. Comme un déchet qu'on laisse derrière soi dans le désert.
Laissée en arrière, comme un détritus, sans importance, sans intérêt.

La main de Matthias sur son épaule l'aidait à se souvenir qu'elle était quelqu'un.
Quelqu'un qui comptait encore pour d'autres.

Ce n'était pas elle qui était partie dans la nuit, sans rien dire.
Et pourtant ...
Elle se sentait fautive.
Fautive de ne pas avoir vu la désir de partir d'Alopias. Fautive de ne pas le comprendre.
Fautive se sentir mal.
Fautive de lui en vouloir d'avoir choisi sa propre voie.

Mais la colère grondait en elle.
Bien plus forte que tout le reste.

Elle serra doucement la main de Matthias, pour le remercier de sa sollicitude.
Puis elle s'éloigna.
Elle avait besoin d'être seule.

Nombre de messages : 318 Date d'inscription : 11/05/2008

Même pas bon à l'aider à retrouver Matthias…

La condamnation de Naïma lui fait perdre un moment prise. Il la regarde partir, s'enfoncer seule dans les bois à la recherche de son ami. Alopias est allé trop loin, trop loin pour eux, il à trahis leur confiance.

Bien avant déjà, Alopias avait senti le changement dans le regard que Naïma, il avait perdu son affection, sa confiance, sont respect… bien avant de faire cette connerie de formation.

-Elle l'avait pris ouvertement pour ce qu'il détestait le plus, un chef prenant des décisions seul sans consulter personne… il avait subit et accepté l'insulte.
-Elle avait volontairement fait du mal à Jade pour obtenir l'exclusivité de sa présence, repoussé Lex alors qu'elle cherchait à arranger la situation. Alopias avait dit que c'était une affaire de confiance, il avait confiance en Jade pour lui pardonner d'avoir cédé à la brune, et confiance en Naïma pour rattraper la situation avec les deux rouquines... Il avait manqué de perdre Jade de justesse, et Lex était partie. Mais Alopias avait pardonné, comprenait même un peu la jeune femme dans ses raisons d'agir ainsi même si il n'était pas parvenu à lui apporter le moindre soulagement dans sa détresse. Il avait accepté, décidé de continuer…
-Son entrainement à la survie avait été révélateur, qu'il soit jugé, critiqué, violenté même… il s'y était attendu. Il avait prévu presque toute les réactions possibles… mais le couteau d'Henri lui avait fait moins mal que le regard de reproches de Naïma,. Ce soir là, une blessure s'était ouverte. Et il n'arrivait plus à la refermer.

Les quelques jours qui avaient suivit, Alopias avait en vain cherché quelque chose qui puisse le pousser à rester dans un groupe le considérant à présent comme un traitre irresponsable. Ses seuls véritables liens étaient avec Naïma, et ils étaient mis à mal par la présence quasi-permanente de Jade.

Il était finalement partit, dans la nuit, Naïma et les autres vivraient leurs vies et Alopias n'aurais plus à souffrir du jugement de Naïma sur sa personne…

Alors que ses pas l'éloignaient de sa future ex-amie, Alopias recherchait dans la présence de Jade à ses coté la force de ne pas faire demi-tour, mais il était trop tard pour faire marche arrière. Mieux valait qu'elle imagine qu'il était un connard, mieux valait ne pas s'expliquer, mieux valait qu'elle trouve dans sa colère contre lui la force de se battre… ou d'abandonner.