Monaco et regrets

L'entrée dans Monaco avait été calme. Aucune animosité.
Le chaos régnait encore dans la ville, qui avait subie des évènements graves, mais l'ordre commençait à revenir, doucement. On voyait des gens s'afférer dans les rues.
Certains comptaient les réserves, d'autres inspectaient l'état des batiments.

Naïma se retrouvait dans un environnement plutôt familier. Celui de la ville en activité.
Mais cela ne lui plaisait qu'à moitié. Elle avait suivi CQMD, et elle savait bien que l'hiver était trop rude pour qu'ils restent dehors. Mais se retrouver en ville ne lui plaisait pas.
L'effervescence de la ville, les gens qui couraient partout en criant, cela lui montait à la tête. La calme du désert avait été trop court à son gout.

Et en même temps ... ce voyage lui avait déjà couté beaucoup.
M. Penn, mort de zombinite dans le désert.
Puis Yhaminia, justement dans cette ville. Morte de maladie, par manque de soins. Naïma s'en voulait tellement. Si seulement elle avait su ...
Mais voila, Yhaminia était morte. La jeune femme souriante, qui avait réussi à arracher des regards doux et rêveurs à Alopias. La jeune femme qui offrait toujours son aide. Yhaminia ...
Naïma avait mal au ventre à y penser.

*J'aurai du partir seule. Et n'engager que ma vie. Au lieu de ça, j'ai entrainé des personnes avec moi. Et ce sont elles qui ont payé le prix de mon désir de liberté.*

Naïma se sentait perdue. Responsable de la mort de ses compagnons. Ne sachant pas comment s'assurer de la survie des autres.
Elle songeait de plus en plus à repartir seule. Un soir, alors que les autres iraient se coucher, elle pourrait partir, seule, vers les dunes. Sans plus mettre en danger les gens qu'elle aimait.

Mais pour le moment, le plus urgent était de trouver un coin tranquille dans la ville où planter sa tente.

Erica était morte. Elle aussi.
Encore une amie qui partait. Et pas des moindres. Une amie qui aurait pu devenir bien plus. Si la vie lui en avait laissé le temps.
Un message tournait dans la tête de Naïma. Le dernier que Erica avait lancé sur les ondes de sa radio. Un message où elle déclarait au monde entier son attachement à Naïma.
Naïma n'avait pas eu le temps de lui répondre. Elle ne savait même pas ce qu'elle aurait pu lui répondre, d'ailleurs. Mais ce message l'avait touché. Enormément.

Les CQMD avaient voulu repartir vers le sud. Un conflit avec l'actuel gouvernement, apparemment. Naïma n'avait pas compris en détail. Et pour cause, elle n'avait eu aucune explication, juste un ordre de repartir de Ronin.
Cela ne lui avait pas plu. L'espace d'un instant, le visage d'Emily s'était superposé à celui de Ronin.
Naïma avait décidé d'arrêter là leur collaboration.
Alopias et elle s'était rejoins. Ils avaient remis leurs affaires en commun, et décidé de continuer leur chemin de leur coté.

Le désert tendait à nouveau ses bras à Naïma. De nouvelles rencontres ? De nouveaux deuils ? Ainsi allait la vie.
Mais une chose était sûre. Naïma ne voyait plus les choses de la même façon.
Sa vie était une succession de deuils, de tristesse, de déceptions. Elle n'en attendait plus grand chose.
Elle ne nourrissait plus les grands rêves d'autrefois.
Aujourd'hui, seule comptait la survie d'Alopias, et la sienne. Elle avait entrainé ses compagnons dans cette aventure. Et elle se devait de prendre soin d'eux. Il ne restait que Alopias. Et sa vie passerait avant sa propre survie. Le bonheur, les désirs de l'homme passeraient avant les siens.

Nombre de messages : 318 Date d'inscription : 11/05/2008

Penn était mort, Yhaminia était morte, Erica était morte. De tous ceux qui avaient suivi Alopias et Naïma dans le groupe des infidèles, il ne restait personne.

La souffrance d'avoir perdu des êtres si cher à son cœur n'arrivait pourtant pas à effacer une grande part du bonheur qu'il avait pu vivre avec eux, l'espace de quelques lunes, il s'était vraiment senti proche de quelques personnes. Bizarrement, aucune de ses relations passées ne lui avait procuré cette sensation... celle d'être avec des gens partageant un peu de sa vision du monde.

Il avait préféré rester silencieux à la mort de Yhaminia, préférant éviter de retomber dans la déprime qu'il connaissait si bien, il n'avait pas su voir sa maladie, et elle en était morte... La mort d'Erica avait presque réussit à le retransformer en zombi, radio hope 9 n'existait plus.

Les deux dépouilles avaient été traitées avec tout le respect que l'on puisse avoir dans ce monde hostile ...

A présent il fallait repartir, reprendre du poil de la bête, il se sentait au moins autant responsable de la formation du groupe que Naïma, les infidèles étaient "leur" projet, ils en portaient ensemble la responsabilité de tout, des réussites comme des échecs.

Il ne soufrait pas autant que les fois précédentes, il ne comprenait pas, deux personnes étaient morte et la douleur n'était pas la même, bien présente ! Mais presque oublié... il mit un long moment avant de comprendre pourquoi il souffrait si peu... il n'était pas seul cette fois. La fois précédente, il n'avait personne, pas une seule épaule sur laquelle s'appuyer... Même Emily était tombé dans une forme de mépris pour le deuil en batifolant avec Velvet sans se préoccuper de lui alors qu'il vivait ses pires moments. Il n'avait à l'époque que Gabriel pour tenir, et encore ! il était encore en train de grandir dans le ventre de sa mère.

Cette fois ils étaient deux à souffrir, deux à avoir mal, deux à se soutenir mutuellement, et tout les deux prèt à aller de l'avant... ensemble.

Alors que Naïma refaisait son sac et faisait le tri dans les affaires des deux ex-compagnes de voyage, Alopias vint poser sa main sur la sienne, interrompant ses gestes avant de lui dire quelques mots, cela sonnait étrangement dans le climat de deuil.

-Merci pour tout.

La main d'Alopias se posé sur la sienne. Le contact était réconfortant. Le contact du dernier ami qui lui restait.

- Merci pour tout.

Merci ? Merci pour quoi ?
Naïma ne comprit pas pourquoi Alopias lui disait ça. Elle ne comprenait pas ce qu'elle avait pu faire pour qu'Alopias la remercie ainsi. Au contraire, elle se sentait responsable de son malheur, et ne comprenanit pas en quoi il pouvait la remercier pour ça.
Mais elle n'avait pas l'esprit à chercher.
Pour le moment, la seule chose importante était la présence d'Alopias près d'elle. Il était là, et cela lui donnait une raison de continuer. Il avait besoin d'elle, du moins elle l'espérait. La présence de l'homme à ses cotés lui donnait une tâche à accomplir, et une motivation pour regarder devant.
Ce serait grâce à lui, si elle s'en sortait. Si elle ne mourrait pas de désespoir, tout simplement.

- Merci à toi, Alopias.
Merci de toujours croire en moi, malgré tout. Merci de rester avec moi.