Sur la bande d'arrêt d'urgence de l'autoroute de l'amour

Jack Bruyère se sentait perdu, même s'il affichait toujours la même fierté nonchalante aux autres. Il devait toujours composer avec ses idéaux face à la dureté de la survie. Il se demandait à quel point il se perdait. Quel homme serait il encore à l'arrivée à Twitter's Swamp? Les logiques d'accumulation et de profit qu'il haissait tant le pénétrait parfois, car il était lui même pauvre dans un océan de misère. Son arc était son bien le plus précieux, alors qu'il haissait les armes. Ses stupéfiants étaient des aides alors qu'il les savaient être des chaînes.
A regarder le soleil se coucher sur la plaine et la brume monter lentement au dessus de l'herbe humide et froide, il se prit à penser à Alicanta. Il retira le morceau d'herbe qu'il machouillait et s'approcha d'elle.
La vie était un désert mortel mais il y avait heureusement ces oasis de beauté qui lui rappelait ce que voulait dire être humain, non pas être un de ces bisounous mais un être fier, indépendant et solidaire.

Hum, je peux m'asseoir à côté de toi?

Alicanta était assise près du feu, elle révisait le nom des plantes qu’elle avait appris ces derniers jours au côté de Naïma, concentrée sur les esquisses qu’elle avait griffonnées sur morceaux de vieille toile, elle fut surprise par l’arrivée du jeune homme et devint rouge pivoine, mais se repris de suite.

Ouai bien sûr, ça n’a pas l’air d’aller très fort ? T’aimes pas l’hiver ?

dit-elle en souriant comme pour emmener la discussion sur le terrain de l’humour et lui remonter le moral.

C'est mon premier hiver dans la plaine en fait, c'est peut être pourquoi j'ai un peu le spleen, çà me rappelle Waterloo de voir ce paysage avec tous ces morts...
Il repartit d'un ton plus enjoué Avant j'étais à Ironwood à la section médicale !Il faisait un peu plus chaud disons ! Bon le rationnement faisait rage quand même et à la section médicale on recevait des tas de cas de scorbut, mais le docteur Gray faisait un très bon boulot, quelques vitamines et nos patients repartaient pimpants !
Et toi d'où viens tu? Je peux regarder tes dessins?
Ah si seulement on avait de l'aquarelle, j'adore dessiner tu sais ! On pourrait tenir un carnet d'esquisses botaniques comme à la belle époque

Ouai, con ganas, tiens prends-les.

Tu vois pour moi l’hiver c’est plutôt nouveau, toute cette neige, ce blanc à perte de vue, ce désert. Au Venezuela, en saison des pluies, les températures peuvent descendre à 15° tout juste, mais la plupart du temps, la chaleur et l’humidité font parties du décor.

Alors si tu avais des aquarelles, tu crois que mes croquis auraient servi à quelque chose ?

Avant de mettre en couleur, il faut avoir un bon croquis, et tu dessines vraiment bien tu sais ! On devine que tu aimes les plantes Quand on dessine tout est histoire d'observation et de savoir s'abstraire pour retranscrire l'image que l'on voit en 3D à plat sur le papier.
J'ai toujours rêvé d'aller en Amérique Latine, moi il y a longtemps je vivais en Bretagne sur la côte, j'ai tellement envie de revoir la mer... La végétation tropicale devait être très belle au Vénézuela ! Quel dommage qu'il ne reste que cette plaine brulée par le froid. Même si comme Naïma te l'apprend, quand on sait regarder on découvre des plantes qui sont d'une richesse incroyable. En fait on ne pourrait pas survivre sans ces petites herbes. C'est un retour à la normal en somme que de découvrir que l'humanité et la nature sont inséparables.

Tu as l’air de t’y connaitre en dessin, tes yeux pétillent rien qu’à en parler, peut être qu’un jour tu me montreras tes talents.

Elle sourit et lui fit un petit clin d’œil. Comme si de rien n’était, elle poursuivit.

A la réflexion, avec du recul, les forêts tropicales du Venezuela sont comme un gigantesque laboratoire d’espèce vivante en tout genre. Les plantes d’ici sont à tout point de vue différent !
Le « Doc » qui est en toi, serait émerveillé devant les jungles luxuriantes d’Amérique latine, et les innombrables remèdes qu’elles renferment.

Elle renchérit.

Le « Doc » prendrait son pied c’est sûr mais est-ce que l’homme supporterais la chaleur et l’humidité que certains peuvent trouver pesant ?

Elle attendit sa réponse avec impatiente, le cœur serré, c’était stupide mais elle espérait qu’une partie de lui soit un peu comme elle, en fait qu’ils aient simplement des points communs…

Eh bien je n'ai jamais été dans un pays tropical donc je ne saurais trop dire... mais côté chaleur j'en ai vu avec ce désert ! Et la pluie aussi je connais, avec le réchauffement climatique les étés de ma jeunesse sont devenus de plus en plus humides, au moins çà faisait fuir les touristes...avant que le pic pétrolier ne les fasse fuir définitivement!
Il parait qu'il y a une très jolie côte, j'avais rencontré un homme qui avait fait le tour du monde avec sa famille sur un bateau fait par ses propres mains. Et ils étaient restés plusieurs années au Venezuela tellement çà leur plaisait.

Mais parlons plutôt de toi, pourquoi a tu fui ce beau pays? Quel projets as-tu?
Je parles espagnol aussi tu sais, si tu veux pratiquer !

Ne t'inquiètes pas, je suis avec toi. Il serra la douce main qui se pressait dans la sienne.
On a déjà eu des tensions, tu sais. On arrive au moment ou il faut tout mettre à plat, je fais tout ce que je peux pour sauver le maximum de personnes et éviter que ces querelles ne prennent un tour tragique.
Son coeur se serra en pensant à Naima.

En voyant Alicanta pleurer, Jack sentit son cœur fondre, ému il la prit dans ses bras et lui tendit son mouchoir

-Ne pleure pas, je te comprends, mais je n'ai jamais eu une bonne intuition envers Naima, les autres comme Searclaw, gray ou cinoque sont pleins de défauts mais c'est ce qui les rends chers pour moi. Je ne comprends pas sa décision et je trouve qu'elle nous met tous en péril.
Mais... s'il faut que ce soit la dernière nuit pour nous, j'aimerai que tu en gardes ce souvenir pour que tu ne m'oublies jamais et que tu te rappelles cet instant de tendresse et de chaleur quand tu seras dans les steppes gelées.

Ali’ s’apaisa et approcha ses lèvres de Jack pour l’embrasser passionnément. Emus l’un et l’autre, comme séparés du reste du monde, ils s’effeuillèrent doucement, pour graver à jamais cet instant dans leur vie.

Elle parcourut tout son être, son torse, ses épaules, son dos, son entrejambe, puis se laissa glisser sur la couche qui était à côté d’eux. Elle ôta doucement sa chemise et entraina Jack vers elle.

-Fais-moi l’amour mon prince…

Jack qui embrassait et mordillait tendrement le cou de Alicanta se redressa.
Oui, je te le promets, nous nous retrouverons à Twitters' Swamp. Et même peut être avant si çà se trouve... murmura t'il à son oreille avec un air mystérieux.

Et il replongea sa bouche dans son intimité, ses mains carressaient les hanches de Alicanta et sa langue cherchait son clitoris. Il fit tourner sa langue autour, puis le bloquant avec sa lèvre au dessus, il se mit à le lécher par en dessous, de bas en haut . Les hanches d'Alicanta frémirent et se mirent à bouger, mais il maintint sa position...

Le jour de la séparation arriva bel et bien, les deux camps étaient proches mais un mur s’était abattu entre les deux groupes. La jeune femme s’était tenue à l’écart des principaux acteurs du conflit, même de Naïma, pour qui elle avait beaucoup d’estime, mais elle était ailleurs, plongée dans les quelques souvenirs qu’elle avait eut avec Jack ces derniers jours.
Difficile d’imaginer de passer ses nuits sans lui, sans la chaleur de son corps, sans la désinvolture du personnage, sans cette liberté à fleur de peau qui le caractérisait tant.
Alicanta s’accrochait aux dernières paroles du jeune homme, il lui avait promis, ils se retrouveraient…
Elle se coucha, rêveuse et bizarrement pleine d’espoir, confiante dans l’avenir, confiante en lui.

Au même moment, Jack profita de la nuit tombée pour s'échapper de son campement et rejoindre la tente d'Alicanta. Il courut telle une ombre dans le désert.

Bonsoir ma douce, est ce que je me peux dormir avec toi ?

Ali’ ne put s’empêcher de rire de joie, et sauta au cou du jeune homme, et murmura à son oreille.

J’avais peur que tu ne viennes pas, et que tu laisses la nuit emporter nos désirs…

Elle haletait de désir justement, déjà elle ôtait les vêtements de Jack, tout sourire, elle le plaqua contre la couche et fit courir ses lèvres sur son torse, puis laissa aller sa langue sur son membre. Surpris par tant de talent, il se laissa aller à un gémissement, la jeune femme repris de plus belle, puis vient se poser délicatement sur lui, en faisant bouger son bassin d’avant en arrière, dans une danse sensuelle. Un brin d’Amérique latine était dans l’air, quand Jack était en elle, c'est comme si elle se sentait un peu chez elle, elle était bien.