Ne partons pas.

"Ne partons pas."


Matthias fixa Naïma.


"C'est stupide et inconséquent. Ca nous met tous en danger, toi y compris. T'es vraiment prête à faire prendre ce risque à tout le monde ?


Et... et je ne l'ai même pas encore vu mais je suis malade à l'idée de laisser cette grenouille seule dans l'ombre et la sinistose de Batman.


Alors ne partons pas. Je ferai ce que tu voudras"

Le jeune homme haussa un sourcil étonné. Est-ce que c'était un piège pour savoir s'il était vraiment un assassin indifférent ? Est-ce qu'elle partirait dégoutée si c'était le cas ? Est-ce qu'ils avaient fini par lui faire péter les plombs ?

Dans le doute Matthias biaisa en attendant d'en savoir un peu plus.
Par phénomène d'imitation, sa voix se fit plus basse, la question était sincère:


"Venger ? Du sang pour du sang ? J'peux respecter tes convictions mais... Es-tu bien sûre, mon ange, que l'assassinat en fasse parti ?"

Tristesse et consternation, tels étaient les deux sentiments dominants qui s'affichaient sur les traits du jeune homme:

"Non, jolie ange. Oh non ! ça ne me fait pas peur."


Ses lèvres s'étirèrent en un pâle sourire compatissant alors que ses doigts venaient caresser sa joue.


"Seulement voilà... tu te trompes. Ce n'est pas une preuve de force. "C'est par faiblesse que l'on hait un ennemi, et que l'on songe à s'en venger."

Puis pour moi ça ne sera pas une vengeance. Honnêtement, j'en ai rien à faire de la mort de Muse. Peut être même que je m'en serais débarrassé moi même d'ici quelques temps. Simplement j'aurai fait en sorte que tu ne le saches pas, que tu penses qu'il était juste parti.
J'aurai pu accepter que tu fasses une partie de sexe avec lui de temps en temps. Mais que tu t'en remettes à sa protection toute une nuit...

Je ferai comme tu le souhaiteras, tu sais, ça m'est égal.
J'espère cependant que tu ne m'en voudras de ne pas avoir su protéger ta conscience. Est-ce qu'avec le recul tu penses sincèrement que ça t'aurais soulagé si Emily était morte par ta volonté ? Est-ce que tu ne le regretterais pas aujourd'hui ?

Et surtout, est-ce que tu ne me considérerais pas comme un monstre pour avoir occis une mère ?"

Searclaw se tenait depuis quelques temps non loin de Naima et de Matthais, les bras chargés de bois sec pour le feu. Hésitant il avança prudemment vers eux et d'une voix qui se voulait respectueuse, il adressa brièvement Naima, tout en validant la présence de Matthias par un hochement de tête évasif :

- Naima, ce n'est pas ma place, mais je n'ai pu m'empêcher d'écouter aux portes. En mon humble opinion, justement, le fait que tu abandonnes ces gens signe l'arrêt de mort de la gamine. Je ne crois pas que c'est ce que tu veux. Sois en colère c'est ton droit. Mais par tes actions, tu mets en danger la vie d'un bébé, et ça même si on se connait depuis peu, je ne crois pas que ça te ressemble. Je crois que tu es bien plus forte que ça. Encore une fois, il s'agit là que de mon humble avis...

Regard mauvais pour Searclaw. Le genre de regard qui ne peut s'interpréter que dans un sens: De quoi tu te mêles toi encore...

Avant que l'herboriste ne put répliquer, Matthias l'entraina avec lui tout en surveillant ses arrières. Une fois un peu plus loin, il parla franchement à la jeune femme, d'une voix douce mais ferme:


"Ecoute. C'est pas possible, tu plaisantes ? Je comprends très bien et dans un sens c'est légitime.
Mais, mon ange, je te dis restons ensemble, tu me réponds tuons-les. Ya comme une contradiction, non ?

Je voudrai ne pas tuer Onze. Elle est mère, mère de mon enfant si ça se trouve alors d'jà qu'elle a pas vraiment de père, je priverai pas cette gosse de sa maman. Surtout pas pour venger un type qui à mes yeux était abruti.

Je veux bien me mettre à ta place et faire ce que tu voudras, je t'assure que je le ferai si tu me certifies que c'est ta volonté profonde mais essaie de te mettre un peu à la mienne.

Si c'est ton unique condition pour rester, partons et advienne que pourra..."

Matthias attira la jeune femme à lui et l'enlaça tendrement. Et de lui souffler à l'oreille:


"Naïma, ange de mon cœur, mon amour, tes raisonnements et états d'âmes sont bien complexes.

S'il n'y a que ça pour t'apaiser, je rendrai Batman à l'ombre."


Bien sur il avait parfaitement conscience que s'il réalisait le dessein de Naïma, il briserait le cœur de la jeune maman. Mais avant que l'occasion se présente, il y aurait peut être eu du changement. Et puis... en réalité il se foutait bien de la vie de celui-là.

Matthias resta une seconde interloqué. Puis se mit à rire à gorge déployée.
Se reprenant peu après, il réussit à articuler :


"Ange sauvage, tu réserves, je trouve, bien des surprises !

Désormais, avant d'ingurgiter quoique ce soit, je veillerai à examiner une seconde si je n'ai pas aiguisé ton courroux !!!

Prenant l'herboriste par les épaules, Matthias fit quelques pas de promeneur distrait. Comme s'il l'entrainait pour lui changer les idées. Mais à peine deux secondes s'étaient écoulées qu'il ne put s'empêcher de demander:


"Mais.... humm... comment dire ? T'as déjà t... Utilisé ton poison là ?"

"Hummmmm'ouais... T'sais mon ange, je serais quand même plus tranquille pour ta santé mentale si tu commençais pas à tuer. J'ai tendance à croire que c'est un peu comme une addiction..."

Matthias scrutait la jeune femme d'un air inquisiteur. Lorsqu'elle eut terminé, il s'inclina profondément, très sérieux quoique très guignolesque.


"MÂdame Voisin, mon souhait étant de rester auprès de l'enfant, j'assisterai le votre avec autant d'assiduité que possible. Commandez, j'obéirai !

Veuillez annoncer que nous continuerons de faire camp commun. Quoique je puisse m'en charger si cela est votre bon vouloir.
Mais pour l'heure, je dois rencontrer le nourrisson."