La nuit était tombée tôt, comme chaque soir.
Elle s'était couchée, simplement. Matthias l'avait rejoins.
Pour une fois, il s'était endormi. Du sommeil agité qui était le sien.
Naïma, elle, n'avait jamais pu fermer les yeux.
Au bout d'un moment, elle se releva, et sorti de la tente.
Elle s'emmitoufla dans son manteau, et affronta l'air glacial d'une nuit d'hiver.
Son souffle s'évaporait doucement. Et ses pensées courraient.
Elle avait envie de parler. De parler à quelqu'un qui ne la regardait pas comme tous les gens avec qui elle vivait.
Sai-X ... Elle aurait voulu qu'il soit encore en vie, pour lui parler. Elle savait qu'il l'aurait écoutée.
Elle se sentait mal.
Elle se sentait mal de ne pas ressentir de remords.
Elle se sentait mal de ne pas être triste pour Onze et sa fille.
Elle n'aimait pas ce qu'il se passait en elle.
Elle avait tué Henri et elle en était heureuse.
Elle avait arraché Henri à Onze, et la voir en pleurer lui apportait du plaisir. Elle qui lui avait fait tellement mal en lui volant Matthias ...
Elle n'aimait pas penser ça ...
Elle n'aimait pas ce qu'elle devenait.
Et elle n'avait personne à qui en parler.
L'Harmattan aurait écouté, répondant de son silence réconfortant.
Mais lui aussi, la mort l'avait emporté.
Elle s'était sentie seule plusieurs fois.
Mais aujourd'hui, en plus de se sentir seule, elle se détestait.
La fiole de poison était au fond de son sac, dans sa tente.
Si elle l'avait encore eu dans sa poche, peut être aurait-elle avalé tout son contenu ...
Elle était perdue, et ne savait plus où trouver le réconfort.
Il n'y avait pas que la mort d'Henri qui faisait naître ces sentiments en elle.
Depuis longtemps déjà. Mais jusque là, elle avait tout gardé au fond d'elle, faisant semblant.
Et puis ... un évènement de trop.
Et une conclusion. Elle n'était pas heureuse. Pas du tout. Et elle ne savait pas quoi faire pour changer ça.
La dernière fois qu'elle avait ressenti ça, elle était partie.
Mais là, elle ne savait pas quoi faire.
Elle eu une pensée pour Lex qui avait eu le courage de partir ainsi, seule, sans rien dire.
Peut être aurait-elle du partir avec elle, comme elle y avait pensé.
Elle regarda son étoile, et lui souffla :
Guide-moi.