Once upon a time...

Nombre de messages : 1225 Date d'inscription : 08/06/2008

Le groupe était désormais à nouveau réunis et si certains esprits s'agitaient en silence, l'ambiance générale tenait plutôt du calme.
Matthias lui naviguait éternellement entre les gens, insaisissable, racontant tout et n'importe quoi, oscillant entre le sérieux, l'inepte et la provocation sans qu'on puisse vraiment déterminer le sens réel.. si tant était qu'il en exista un.

Ce jour là s'ennuyant un peu, il décida, à croire que sa principale préoccupation était d'embêter ses compagnons, de prendre pour cible Alicanta. Il se disait en effet, que depuis sa venue, ils n'avaient jamais eu l'occasion de converser.

Ce fut donc sans préavis aucun, alors qu'elle appliquait les leçons de Naïma en matière d'herboristerie, que Matthias vint se poser juste en face d'elle, regard brillant, entrain inébranlable.

"Salut Ô beauté Latine. J'espère que ta santé se porte pour le mieux en ce début de printemps. Voudrais-tu me raconter une histoire ?"

Nombre de messages : 196 Date d'inscription : 21/11/2008

Alicanta avait remarqué la flânerie particulièrement marquée du jeune homme ce jour là, en observant ces compagnons de route, une invitation à ses élucubrations peut être ? Toujours est-il qu’elle avait senti chez Matthias, une envie irrésistible d’aller à la rencontre des autres et de sortir de son antichambre à trois et cela tomba sur elle.

Matthias, c’est gentil de te préoccuper de ma santé, je vais bien ; tout comme toi, tu as l’air en forme. Je me demande qu’elle est cette énergie particulière qui émane de toi, d’ailleurs…

Le jeune homme regarda l’apprenti, d’un air circonspect, que voulait-elle dire ? Voyant bien, qu’elle avait intrigué le beau parleur, Ali’ coupa net Matthias dans ses délires imaginatifs sur son compte et dit avec le sourire.

Sais-tu seulement d’où je viens exactement Matthias ?

Moue dubitative de l’intéressé…

Même dans tes souvenirs les plus lointains, je doute que tu es eu connaissance des origines de « ma civilisation ». Là où j’ai grandis, Matthias, près des Andes Vénézuéliennes, il y a des mystères que les sciences n’ont pu expliquer, des traditions culturelles méconnues de l’occident qui ont des centaines d’années d’avance sur les sociétés modernes. Là d’où je viens, sans superstition particulière, l’on considère que l’être est constitué d’énergie qu’il puise de différente manière. Et toi Matthias, ton énergie semble inépuisable, et surtout ce qui m’intrigue le plus, c’est d’où elle peut bien venir… ?

Nombre de messages : 1225 Date d'inscription : 08/06/2008

Matthias esquissa un sourire malicieux. Toujours ce mélange étrange d'impassibilité et d'excitation. Il répondit à la jeune femme:

"Haaaa, tigresse je crois que ce n'était pas une histoire ça et ton origine n'était pas exactement l'objet de ma question. Je connais l'histoire de la création du monde par les mayas, celle du vol du feu et celle les cinq soleils et de la lune, Aztèques.
Mais en vérité je ne sais rien des différentes façons de puiser l'énergie. Quelles sont-elles ?"

Nombre de messages : 196 Date d'inscription : 21/11/2008

Le poisson avait mordu à l’hameçon, quoique le jeune homme en dise, il n’était pas venu chercher une comptine du XXème siècle, malgré la répartie cinglante dont il aimait tant user. Tout naturellement Ali’ répondit comme si cela allait de soi :

Il suffit d’identifier sa source, la source qui nous convient le mieux en quelque sorte…sa pensée, sa couleur, sa plante, le soleil, le vent, les sons, l’au-delà même, ou encore les autres…

Puis innocemment, elle dit :

Parfois on n’en a pas totalement conscience, mais par exemple, qu’est-ce qui te fait avancer toi ?

Nombre de messages : 1225 Date d'inscription : 08/06/2008

En vérité Matthias n'était rien venu chercher si ce n'était une parade temporaire à son ennuie.
Toujours très curieux de savoir comment pensaient les gens, son interet pour la conversation en cours était certain.

"Ha ça, je veux bien croire que le vent fasse avancer, il n'est jamais plaisant d'aller à son encontre quoique... c'est amusant parfois.
Mais je ne comprend pas. N'y a t-il fatalement qu'une seule source ? LA source ? Auquel cas comment une plante ou une couleur peuvent-elles être source unique ?
N'y a t-il pas plusieurs sources qui font avancer une Vénézuélienne des andes au si charmant sourire ?

Nombre de messages : 196 Date d'inscription : 21/11/2008

Il était intelligent, et ne se laissait jamais enfermer dans une discussion sans en avoir le contrôle ou du moins la possibilité de pouvoir y répondre à sa guise, ou de ne pas répondre du tout.

Tu es perspicace Matthias, en effet il peut y avoir plusieurs sources, mais parmi elles, une surpasse les autres... En gros pour le savoir il faut bien se connaitre.

En ce qui me concerne, je ne l’ai pas encore trouvé, j’ai fait des rêves, mais ça s'arrête là. Je me cherche encore, je crois, c’est le privilège de la jeunesse, si je survis encore assez longtemps pour la trouver. Mais toi, Matthias, tu n’as pas répondu à ma question, qu’est-ce qui te fais avancer ?

Nombre de messages : 1225 Date d'inscription : 08/06/2008

Tout en continuant de l'observer, le jeune homme se mit à rire.

"Mi Señorita, tu n'as pas non plus répondu à ma demande me semble t-il... Et pour cette fois j'ai le privilége d'avoir demandé en premier. Donc... une hisoire... ou pas ?"

Nombre de messages : 196 Date d'inscription : 21/11/2008

Il insistait sur une histoire...une histoire pourquoi une histoire, pourquoi ? ça se bousculait dans sa tête, comme si certains mots avaient un sens tout autre que ce que les gens en attendent, comme un goût particulier, un goût de fer, un goût de sang, de froid, de peur...

Une histoire, mais pourquoi voulait-il une histoire ? Elle se mit à chantonner d'un air mutin comme une petite fille, on avait pas toute sa tête parfois, y'a des choses qu'il vaut mieux oublier parfois :

lalalalalalal.......lalllalala, d'une petite voix elle dit :

Tu veux entendre une histoire comme celle qu'on racontait aux enfants, aux petites filles pour qu'elles s'endorment, ou pour qu'elles prennent garde au noir, parce qu'il ne faut pas s'endormir parfois...

Sa voix se fit plus distante, plus froide, plus lucide....

Parce que la nuit dans le désert mieux vaut cauchemarder que de dormir, mieux vaut rester éveiller quand les cris viennent vous prendre en tenaille, que votre coeur bat à tout rompre, et que la seule histoire qui vous tiennent éveiller, c'est celle que vous racontait un vieux psychopathe coincé dans le même complexe bunkerisé que vous.

Elle reprit mutine, comme absorbée par ses souvenirs.

lalalalalala...lalalalala cette histoire, c'est l'histoire de Blanche, une petite fille sage, discrète, toujours souriante mais elle a un souci ces derniers temps, elle rêve de s'acheter cette poupée, celle qu'elle a vu l'autre jour dans une boutique, près de la ruelle sombre, ... cette étroite allée lui fait peur, d'ailleurs le vendeur lui fait peur aussi.
Mais un jour en rentrant de l'école, elle prend son courage à deux mains, et décide d'y entrer pour voir combien elle coûte. Elle entre, et la clochette retentit. Derrière une étagère pousssiéreuse, le vendeur aux cheveux gras sort de son antre pour s'approcher de l'enfant et lui demander la raison de sa visite, d'une voix doucereuse, il sucure à son oreille "chère ange, que puis-je faire pour toi ?"
Blanche quoiqu'un peu effrayée répondit sans se démonter et pleine d'espoir : "et bien je voulais savoir monsieur, combien vaut la poupée qui se trouve dans la vitrine ?"Le regard pétillant, l'homme répondit : "ahhhh je vois tu parles de Stella, et bien elle n'est pas tout à fait à vendre, elle est un peu spéciale tu sais, elle choisit ses propriétaires en quelque sorte. Mais je doute que tu ne l'intéresses, je n'ai vu aucun signes, reviens demain peut être qu'elle te reconnaitra."La petite fille vint et revint jour après jour, mais rien se passa, tandis que le vieux vendeur lui pendant ce temps là, apprivoisait l'enfant en gagnant sa confiance, et en lui montrant les trésors de sa boutique. Quelques mois plus tard, il vint lui raconter que Stella lui avait demander des choses un peu spéciales pour qu'elle en devienne propriétaire, des choses un peu inhabituelles, mais qu'il fallait garder secrètes. Blanche s'exécuta avec la terrible innocence que l'on donne à l'enfance...

Les yeux embués de larmes, Ali' stoppa son monologue venu des enfers, et regarda Matthias droit dans les yeux et dit avec une certaine irronie.

Ce connard de vieux psycopathe était visiblement le vieux vendeur dans cette autre vie, pendant des mois, coincé dans ce bunker, il nous a raconté avec délice ces histoires dégoulinantes pour passer le temps comme il disait, jusqu'à ce qu'un type lui déboulonne la tête...j'aurais dû le crever moi-même, non ?

Nombre de messages : 1225 Date d'inscription : 08/06/2008

Bien qu'absolument impassible, demi sourire incrusté, le regard de Matthias brillait de plus belle. On pouvait difficilement exciter plus sa curiosité naturelle qu'en le submergeant d'un flot d'informations de ce genre. "Parce qu'il ne faut pas s'endormir parfois..."

Assis en tailleur face à Alicanta, le jeune homme se pencha légèrement en avant, posa une main sur le genou féminin et dit d'une voix douce:

"Sauf qu'on ne peut pas prendre à son compte le malheur des autres. La mort n’efface rien, ne guérit pas, ne répare pas. La rédemption a peut être ce pouvoir, pas la mort. Un de moins, un de plus, ça n’a pas vraiment d’importance puisqu’il faut veiller de toute façon.
La réalité est rugueuse, on s’y heurte sans pouvoir la cerner. Alors on invente des concepts, tous beaux, tous faciles à avaler, seulement le cercle n’existe pas lorsqu’on le trace, l’épaisseur du trait fait que les points ne sont pas à même distance du centre.
Alors on se dit qu’on peut toujours se raccrocher à ses sens et sa raison, seulement de loin on voit la tour carrée comme étant ronde… »

Matthias sourit gentiment puis glissa un baiser sur la joue de la jeune femme.

« Ne pleure pas jolie panthère.
Je connaissais déjà cette histoire...
Mais je vais te répondre quand même : le doute et la curiosité. Ce sont les meilleures sources quoique les plus dangereuses. »

Tout en soutenant le regard d’Alicanta, il se releva subitement et conclut son monologue d’un ton un tantinet plus grave bien qu’il brulait de poser de nouvelles questions:

« Mais contre la tenaille des cris, je n’ai pas encore trouvé de solution… »

Nombre de messages : 196 Date d'inscription : 21/11/2008

Revenant à elle, au son rassurant de la voix de Matthias, remontant la ligne sonore jusqu'au sens de ses paroles, elle regardait le jeune homme impénétrable mais pourtant bien là, et partageant avec elle quelques vérités, mêmes courtes et passagères, il avait raison, cela n'aurait rien changé qu'elle le tue, rien changer pour la petite fille déjà morte.

il y a des solutions, qui ne sont pas belles à partager tu sais...

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