Somewhere beyond the sea...

A vrai dire, il avait fini par ne plus y croire. Maintenant que la grande flaque s'étendait jusqu'à l'horizon, ne laissant plus de point précis auquel accrocher son regard, Byleth n'en croyait toujours pas ses yeux.

Lâchant sa lance négligemment comme s'il s'agissait d'une simple branche d'arbre, Big Funk poussa un cri du tonnerre avant de s'élancer à toute allure vers la mer, manquant à plusieurs reprises de se vautrer lamentablement dans les dunes malingres. Une fois arrivé aux limites du sable mouillé, le grand black s'arrêta soudainement et se pencha vers le sol, emportant avec lui une poignée de sable qu'il égraina quelques temps entre ses mains.

Quand Onze le dépassa et fonça vers l'océan, Falevor se mit à rire franchement et sautilla sur lui même, jetant par ci par là quelques petites gerbes de sable.

Plus soucieux que la jeune maman vis à vis de ses apparats vestimentaires, il se hâta de se déshabiller, ce qu'il fît totalement... Visiblement, il se souciait peu du regard des autres et n'avait que faire de la pudeur... Remarquez, lorsque l'on s'appelle Big Funk et que l'engin qui pend entre vos guiboles vous faît plutôt honneur, c'est une pécadille!

Cul nul dans le vent, il lança son habituel rituel, son majeur à l'ongle soigné montré à la face de l'infini bleuté. En un brouhaha de clapotis et d'écume, il rejoignit Onze et, sans lui demander son reste, lui asséna une grosse giclée de matière aqueuse au visage. Se tournant vers le reste de la troupe, il hurla à plein poumon, les mains battant sa poitrine comme le ferait un gorille pendant la saison des amours:

AND NOOOOOOOW, THE AQUATIC FREAKS, OH YEAH!!!

Surprise par cette arrivée d'eau salée impromptue, Onze en avala la moitié et manqua de s'étouffer. Après avoir recraché ce qu'elle pouvait et toussé comme une tuberculeuse, la jeune femme tira la langue à Byleth, qui ne la vit pas, occupé qu'il était à brailler sur les autres.

C'était le moment idéal. Remontant sa robe trempée sur ses hanches, elle fit rapidement les quelques mètres qui la séparait de BF, et prenant son élan elle lui sauta sur le dos, enlaçant la taille de ses jambes fines et se retenant aux épaules.

Ah ah m'sieur Big Funk, et maintenant, on fait quoi ?

What a...?

L'initiative de Onze ne surprit pas plus que ça Byleth, lui qui avait entamé les imbécilités en milieu aquatique. Il se retint de pouffer de rire, trop heureux de n'être pas considéré ici comme un être trop abjecte. L'espace d'un instant, loin de sa cave sordide et de son univers cloisonné, recouvert par mille et une goutelettes salés et portant sur son dos l'une des plus jolies femmes à des kilomètres à la ronde, Byleth était la plus heureuse des tortues! Il s'égara un temps et chatouilla doucement la plante des pieds de la jeune femme, savourant la chaleur humaine à laquelle il n'avait pas vraiment eu le droit jusque là...

Mais très vite la grande rigolade repris et, joignant ses mains contre son crâne, il avança lourdement en décrivant une sorte de cercle tortueux dans l'eau, comme affligé d'une peine aussi désagréable que fatale.

Oh looooord, pourquoi charges tu un bon nèg de cette sorte?

Puis, se plaçant sur le côté, il cala ses bras sous les cuisses de Onze et la fit gigoter de haut en bas, une affreuse mimique de désespoir collé au visage.

OHEEEEE DU BATEAU! VENEZ M'AIDER, A FUCKING OCTOPUS COMMENCE A ME SUCER LE DOS, OH NOOOOOO.

A peine eut il fini sa tirade qu'il se lança dans une course folle, enfonçant ses grands pieds dans le sol meuble en émettant de puissant grognement, celui d'un animal qui voudrait se débarasser d'une étrange captivité. Si personne ne venait mettre son grain de sel dans cette drôle de corrida, Onze finirait tôt ou tard par subir la méthode "catapulte"!

"Reculez, ca va faire plouf."

Dit Gray d'un ton placide mais peinant à retenir un rictus.

John s'arrêta net. Cela faisait tellement longtemps qu'il n'avait pas vu la mer. En l'observant, une foule de souvenirs revint dans son esprit.

A peine quelques secondes s'écoulèrent avant qu'il ne laisse tomber son sac à dos et cours en direction de l'eau.

Enlevant ses chaussures, tant bien que mal, en pleine course, ne se souciant pas du sable chaud qui lui brulait les pieds, il courut plus vite que jamais. On aurait dit que sa vie en dépendait. Arrivé au bord il fit un bond gigantesque et se jeta la tête la première dans l'eau.

Sans un mot, sans un regard pour ses compagnons, il commença à nager au loin.

Sa position sur Byleth se faisait de moins en moins stable, et à plusieurs reprises, Onze manqua de tomber. Rieuse, elle s'accrochait comme elle pouvait aux larges épaules, même si la pellicule d'eau qui les recouvraient les rendaient plus ou moins glissantes...

Puis, ce fut l'impact brutal avec la mer, quand Matthias déboula sur eux. Lâchant prise, la jeune femme eut juste le réflexe de fermer la bouche pour ne pas avaler à nouveau l'eau salée et s'éloigna de quelques brasses sous-marines. Sa robe la gênait pour évoluer et lorsqu'elle refit surface, elle ne tarda pas à s'en débarasser, la jetant en boule sur le sable. La lessive serait pour plus tard...

Vêtue donc d'une unique culotte rendue quasi-transparente par la mer, elle lança à Matthias d'un ton faussement offensé :

Ca, c'était pas vraiment fair-play !

Sautant à nouveau sur le dos de Byleth, peu soucieuse de son accord ou non, elle se mit à crier :

A l'abordaaaaaaaaaage ! Sus aux traitreeeeees !

Le regard de Jack se perdait dans l'horizon bleuté; le cri des mouettes, la musique du ressac, l'iode de la brise de mer...
ses pieds nus savouraient le sable chaud, le soleil réchauffait son corps. C'était une journée idéale, il replongeait dans ses souvenirs d'enfance de sa bretagne natale... dans ses souvenirs il y avait encore plus de soleil mais le temps sait jouer avec les souvenirs. Il se déshabilla rapidement et courut sur la plage vers ses camarades.

Hé Byleth, tu sais c'est quoi le cri de la tortue ?

KOWABUNGAAA !
Et il se jeta dans la bataille, plongeant et aspergeant ! Il avait gardé son chapeau melon et un noeud papillon pour l'occasion ce qui lui donnait un air assez ridicule.

Gray retira ses vieilles chaussures de cuir et releva le bas de son pantalon, découvrant des mollets blanchâtres et frêles. Il entrouvrit le col de sa chemise pour laisser entrer les vents qui balayaient la plage. Les sentir contre sa peau sèche. Lentement, il se mit à marcher, non pas vers l'océan comme l'avait fait presque tous les autres, mais parallèle à celui ci. Ne trempant tout juste que ses pieds au hasard d'une vague aventureuse.

Chacun de ses pas inscrivait dans le sable une empreinte que l'eau de la mer venait effacer petit à petit, au fur et à mesure qu'il s'éloignait du groupe.

Raaaaaaaaaaaaaaaa!

De la flotte plein les yeux, une nana sur son dos gesticulant comme une diablesse, Byleth commençait à fatiguer. Il manqua à plusieurs reprise de tomber tête la première alors que l'irrégularité du sable venait se mêler à sa drôle de cécité.

Raaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa, ça pique!

Le moment était opportun pour se débarrasser de Onze: jouer la comédie, jusqu'au bout, ne jamais rien laisser paraître si ce n'est le contraire de ce que l'on est.

OH MON DIEU MON DIEU MON DIEU! JE SUIS AVEUGLE!

Ni une, ni deux, Byleth s'arc-bouta et d'un geste de va et vient rapide fit basculer Onze à la renverse.

Raaaaaaaaaaaaaaaa, c'est ça le cri de la tortue!

Big Funk leva les bras en l'air et les fit gigoter d'un air précieux alors qu'Onze émergeait à nouveau:

Non coupable! Je mue! Je muuuuuuue!

Une nouvelle fois, Onze se retrouva sous l'eau. Elle s'y attendait, Byleth n'étant pas du genre à se laisser faire, et le poids plume qu'elle représentait par rapport au grand noir ne jouait clairement pas en son avantage...

Quand elle émergea face à BF en pleine scène de comédie, la jeune femme ne put s'empêcher de rire et de minauder :

Ooooooh mon pauv' Byleth, le sel te pique les yeux ?

Elle s'approcha de lui, comme pour le réconforter, avant de s'immobiliser. Son sourire charmeur se transforma en grimace moqueuse quand elle l'asperga à nouveau :

Ah ah ah, tiens ! Pour te rincer les yeux !

Puis elle se tourna vers Matthias, qui non loin de là, ricanait tranquilement. Le jeune homme fut lui aussi copieusement arrosé :

Cesses de t'marrer toi !

Jack sentit avec plaisir les douces jambes de ali entourer sa taille. Il se tourna vers elle avec un grand sourire et enlaça tendrement la belle vénezuelienne. Le soleil commençait à se coucher sur la mer et éclairait le couple en arrière plan de façon très romantique. Le vent balançait doucement les poutrelles rouillées de la plateforme au loin, et les oiseaux de mer pépiaient joyeusement. Une douce brise de terre se levait, donnant à cette soirée l'ambiance paisible qui suit les chaudes journées d'été.


Que guapa mi corrazon !
Je pensais à un truc, tu as toujours ce philtre d'amour?

Le Dr Gray continua de marcher sur plus d'un demi kilomètres, à la frontières entre plage et mer où eau et sable se livre une bataille sans merci opposant la vigueur et la passion des vagues à la résistance et ténacité du sable dans une métaphore... Si minable que Gray n'osa pas la prolonger plus longtemps, préférant se reconcentrer sur un point moins proche. La ligne d'horizon. Il se souvint d'une ancienne conversation qu'il avait eu avec une jeune fille mourante qui avait trouvé leur bunker avant de s'éteindre. La promesse d'un Eden, derrière les flots... Gray n'y avait jamais cru. Le monde était ce qu'il était.

S'arrêtant, il se laissa soudain choir sur le sable, s'écartant un peu de l'eau. Il sortit sa radio et entama une longue conversation, entrecoupé de sourire triste ou joyeux.

Bientôt, il rangea sa radio, et sembla partir en quête d'un objet a même le sol, s'éloignant et se rapprochant du camps à mesure de sa recherche.

Après quelques minutes passées à faire la planche en se laissant aller au gré des vagues, John se décida à reprendre un peu l'exercice.

John plongea. Il avait enfin une autre occasion de mettre en pratique ce que lui avait appris son regretté ami Bruce.

Arrivé assez profondément, il trouva un banc de poisson. Il se positionna sur son chemin et s'immobilisa. Les poissons, inconscients du danger, ne se soucièrent pas de l'obstacle. John fut rapidement entouré.

Et le carnage commença.

John agita ses membres en tout sens, mordant, étranglant, griffant, faisant la toupie de Bangkok et le coup du lapin... Tenant ses victimes avec tout ce qu'il pouvait il remonta rapidement à la surface. Perçant la surface tels un requin à l'attaque, il lança un cri de défi retentissant vers le ciel.

SU-SHI OU-HA-HA !!