Les marais ne sont pas tres affriolants.
C’est avec une moue perplexe que Jade y trempe ses petits pieds, tentant, tant bien que mal, de suivre ses nouveaux compagnons. Oh, ca n’est pas du dégout. Mais ca n’est pas facile de garder son enthousiasme intact, quand on patauge dans une bouillasse verdatre et malodorante. La fatigue n’aide pas.
Quand la petite troupe s’accorde enfin une pause, la muette ne se fait pas prier. N’importe quelle pierre assez propre pour poser ses fesses lui parait salvatrice.
Ca lui rend son sourrire.
Peut etre est ce pour cela que le plus jeune des deux hommes s’approche d’elle. Matthias , sa jolie prose et sa mysterieuse tisane.
Elle l’écoute religieusement, cette étincelle espiegle et amusée brillant de nouveau dans ses yeux clairs.
La rousse prend délicatement le bol offert, curieuse ; en hume l’odeur, et apres un regard en coin vers Matt, le porte lentement à ses lèvres.
Effectivement, le goût n’est pas fameux. Une petite moue de surprise, puis Jade boit une seconde gorgée, plus longue.
La chaleur du récipient dans ses fines mains lui fait un bien fou. Les doigts bien autour, elle déguste cette simple sensation.
Le liquide est amer, avec un je ne sais quoi qui gratte la langue. Elle s’y connait un peu en plantes, et tout ce qui est naturel la passionne toujours. C’est pour cette raison qu’elle a accepté l’experience. C’est pour cette raison que, malgres le goût, la jeune femme regarde son infusion avec interet.
Encore une gorgée.
Finallement, elle se dit qu’elle s’habitue. A tout. A ces inconnus qu’elle suit, à ces derniers jours, au départ de Chizuna qu’en fin de compte elle ne connaissait pas non plus , à la viande de herisson, au froid, à l’humidité ambiante, à ces yeux qui se posent sur elle, à cette odeur musquée et agréable, à ces bras qui la bercent … Quelqu’un la porte vraiment ?
Jade ferme les yeux, un sourire béat sur ses lèvres rosées. Elle s’en fout. Elle se sent bien. Lègere, aérienne , papillon.
Ils reprennent la route. La font ils marcher ? La belle ne sait pas. Ca n’a pas d’importance.
Un d étour. Elle ne le remarque pas. Elle rit, doucement, pour elle-même.
Les rayons d’un soleil de printemps lui caressent sa peau de nacre, à travers le feuillage naissant. Délicatement, comme s’ils faisaient attention de ne pas brûler cet épiderme si fragile.
Les voyageurs s’arrêtent. La rousse plane.
Jade penche la tête, se frottant doucement le visage contre une main qui la frôle. Imaginaire, probablement.
Et des voix se font entendre, dans le nuage heureux où elle baigne.
-Salut tout le monde ! Je suis Alopias, l'un de vous ne serait pas Akodo par hasard ?
-Je suis Akodo et voila mes deux compagnons…
Elle sourit toujours, adorable, à ces formes floues qu’elle a l’impression de voir danser…