Gimme shelter...

Nombre de messages : 1225 Date d'inscription : 08/06/2008

Il faisait déjà nuit noire depuis un certain temps lorsque Matthias se glissa dans leur cabine.

Dans l'après midi le jeune homme avait un peu dessiné, chose qu'il n'avait pas faite depuis un moment et signe d'une assez bonne santé morale.

Pourtant le soir, au diner, il avait semblé absent et s'était rapidement eclipsé à la fin. Il s'était longuement attardé sur le pont après avoir pretexté d'une vérification du bon ordre pour la nuit. Sans pouvoir néanmoins exterminer sa peine.

Lorsque Matthias revint silencieusement, après avoir refermé la porte, il contempla le jeune femme à la faveur d'un rayon de lune . Il savait que même avec peu d'agitation elle dormait encore difficilement lors des nuits en mer. Elle semblait s'être endormie pourtant, épuisée de passer son temps à dompter son mal, ou simplement elle se reposait comme elle pouvait.

Quoiqu'il en soit Matthias déposa un très discret baiser sur son front puis contrairement à d'habitude, ce fut lui qui vint se réfugier dans ses bras.

Le bois du bateau grinçait en craquement doux. A l'abri de sa femme, les larmes silencieuses du jeune homme commencèrent à inonder lentement sa tunique légère.

Elle dormait de mieux en mieux, de même qu'elle vomissait de moins en moins dans la journée.
Elle s'habituait au tangage du bateau.
Malgré tout, ses nuits n'étaient pas encore des plus reposantes. Elle dormait par tranches de 2h, se réveillait, tournait pendant une heure, puis se rendormait. Les cernes sous ses yeux trahissaient bien ce sommeil agité.

Cette nuit-là, quand Matthias vint la rejoindre dans le lit, elle dormait.
Elle le sentit venir contre elle, et se recroqueviller, ce qui n'était pas habituel.
Bien qu'endormie, elle sentit que quelque chose n'allait pas. Et son rêve changea, pour l'amener à se réveiller.

Elle ouvrit les yeux, et sentit l'humidité contre son sein, puis les crispations du corps de Matthias.
Il pleurait.

Doucement, mais fermement, elle le serra contre elle.
Elle ne dit rien, ne posa pas de question. Le geste suffisait à lui faire comprendre qu'elle était réveillée, et prête à écouter, sans le forcer s'il ne voulait pas.

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Sous la douce étreinte de Naïma, les larmes continuaient de s'écouler. Il ne bougeait pas ne criait pas, ne gémissait même pas, contracté mais immobile. Juste ses sanglots qui glissaient sans qu'il ne puisse rien y faire.

Au bout d'un long moment il sortit une main pour la poser sur l'une de celles qui le serraient. Se blottissant un peu plus fort comme un gosse perdu, il finit par dire d'une voix étouffée:

"Pardon.

...

Onze m'a appelé aujourd'hui. Elle ne me la laissera jamais. Elle va la cacher, la tuer ou faire je ne sais quelle horreur. Complètement folle. ooh mon ange, j'aurai du... j'aurai du la... ... Dis-moi que j'arriverai à la récupérer, que je serai assez fort pour ça..."

Elle referma les yeux, son visage se crispant dans une grimace de douleur.
Sarah ...
A quel point Onze pouvait-elle être folle ? Ferait-elle du mal à sa fille, juste pour se venger de Matthias et d'elle ?
Sarah ...

On la retrouvera, Matthias. On la retrouvera.
Onze ne peut pas vouloir faire de mal à sa fille., j'en suis certaine.

Elle fit une pause. Réfléchit, puis reprit la parole.

Matthias ... Il faut qu'on reste pas loin de Twitt, pour y retourner quand il faudra.
Et il faut qu'on sache. Un bébé dans une ville, ça se remarque. Les gens sauront.
Il faut ... Il faut que quelqu'un, là-bas, nous tienne au courant.

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Le jeune homme n'arrivait plus à réfléchir. Cette douleur enveloppée dans la nuit le terrorisait, il perdait pied sous le poids de l'angoisse. A cet instant sans elle il se serait drogué à coup de n'importe quel psychotrope juste pour sombrer définitivement. Un très léger frisson fiévreux commença à le parcourir alors que ses larmes s'étaient taries.

Matthias ferma les yeux comme si ca pouvait faire filer le temps plus vite. Il ne savait pas quoi répondre mais savait qu'il avait les réponses, il sentait juste qu'elle disait qu'elle était avec lui. La crise passerait, bien sure, comme toutes les autres avant, il fallait simplement qu'il se calme, qu'il reste sous sa garde.

"Gardes moi contre toi, je t'en supplies."

Je reste là.

Elle se déplaça doucement, pour se mettre plus sur le coté, et pouvoir serrer son époux plus intimement.
Elle resterait avec lui, et elle le serrerait aussi longtemps qu'il en aurait besoin.
Il avait veillé sur tant de ses nuits.

Elle l'embrassa sur le sommet du crâne, et continua de le serrer contre elle, en le berçant tout doucement.