Entrainement.......

Matthias sourit aux explications de la jeune femme, sauf très rare mouvement de rage, lui utilisait plutôt la sournoiserie que la force.

Le jeune homme regarda Naïma, puis Chysis avant de déclarer avec une moue, contrite et presque apeurée, de gosse buté:


"J'veux pas aller avec l'ange sauvage. Elle me martyrise. Elle est trop forte, va encore m'faire mal."

John finit de s'échauffer sans être essouflé, transpirant à peine. Le jeune homme était robuste, par contre il manquait de souplesse.

Haha ! J'étais pareil la première que j'ai rencontré mon pote Matsumushi ! Bon après il m'a cassée la gueule... Et quand il a vue que j'étais pas une menace, il m'a appris un peu de Ju-jitsu.

L'écossais esquissa vaguement quelques mouvement dans le vide.

Hem... Ca marchait mieux à l'époque...

Vous imaginez que vous avez un couteau... Il n,'y avait pas loin à imaginer pour Matthias. Quelques coups de ruelles sombres lui revenaient facilement en mémoire. Il avait même plus ou moins agressé Naïma de la sorte une fois. L'explication lui sembla un peu faible mais il ne protesta pas. Il savait que chaque coup possédait sa parade. Magnanime pour sa femme lui expliqua.


"Quelque soit l'arme, quelque soit l'attaquant, tu n'as qu'un nombre limité d'attaque. Des bases fondamentales qui ne sont fondamentales qu'à cause de la morphologie humaine. Un poing ou une lame porté à droite pour toi ne peut que te toucher qu'à ta droite en haut ou en bas. En résumé du divise ton buste en quatre. Pour un adversaire novice il suffit d'imaginer que tu divise ton buste et ta tête en quatre part égale et d'apprendre la parade appropriée. Dans un premier ca ne fait qu'une riposte à 4 mouvements de base. Comme pour la valse. En escrime on dit ici:six, là; quarte, là septime, ici octave."

Matthias tendit son poing droit fermé sur une lame imaginaire vers la gauche du visage de la jeune femme.


"La c'est facile c'est ce que te montre Chysis. Tu pousses mon bras pour me déstabiliser, tu avances un peu sans crainte, et me porte exactement le même coup que le mien. Surpris, ma riposte sera sans doute trop courte. Le tout n'est pas tant d'être rapide que d'anticiper d'où viendra le coup pour pouvoir penser à parer et riposter efficacement. Il faut les apprendre un par un."

Très lentement, le jeune homme porta son poing gauche vers Naïma pour reproduire le mouvement d'attaque...

"Imaginez que vous avez un couteau".
Naïma sourit bizarrement à cette phrase. Imaginer Matthias avec un couteau n'était ni difficile, ni rassurant ...
Elle regarda donc son époux se placer face à elle, faignant d'avoir son arme dans la main, alors qu'elle était juste passée à sa ceinture, comme toujours.

Naïma se positionna donc face à lui, comme il lui indiquait, et attendit qu'il "attaque".
Ce qu'il fit très lentement.
Elle n'était pas douée au combat, mais quand même, qu'on lui monter ainsi était un peu vexant.
Elle répondit donc, plutôt boudeuse, et fit exactement ce qu'on lui indiquait.

Puis elle demanda :

Bon ... Et maintenant, on le fait à une vitesse plus humaine ? Ou alors on espère que je tombe jamais sur des agresseurs plus rapides que ça ?

Le regard de Matthias perça l'herboriste de part en part. Rien d'amical, rien d'amoureux. Juste un assaillant, un assassin. Il avait attaqué très doucement, il avait vu qu'elle était vexée qu'il ne fasse rien de plus rapide.

Comme si une attaque feinte pouvait être violente, comme si on pouvait réellement apprendre sans d'abord expérimenter. Et c'était ce qu'ils essayaient de lui montrer. Des bases solides.

Le jeune homme ne dit rien. Il n'avait pas à se justifier. Elle comprendrait d'elle même. QU'il le fasse rapidement, qu'il le fasse réellement avec l'arme qu'elle connaissait... cela avait peu d'importance.

Sans broncher il recommença. Le même mouvement, imperceptiblement plus rapidement. A peine.

Alors que par simple réflexe elle écartait à nouveau son bras, il saisit le poignet qui s'apprêtait à riposter, le tordit très légèrement et s'approchant, déjà près à porter un coup qui à défaut d'arme aurait pu être inoffensif quoique douloureux, il siffla très vite:


"Ne crois pas qu'il y ait une vitesse humaine. La vitesse ne s'apprend pas. Ton adversaire sera souvent bien plus rapide et expérimenté. Seul l'instinct donne la vitesse. Mais l'instinct ne peut rien sans la technique. C'est en faisant ces gestes. Encore et encore. Au ralenti. En décortiquant le mouvement. En apprenant la mécanique du corps. En devinant d'après le simple roulement des épaules vers où partira l'attaque, que l'on s'en sort. Je pourrai attaquer vite très vite et ce mouvement ne servirait à rien. Soit parce que je saurai contre attaquer. Soit parce qu'il serait inapproprié à mon attaque. Quatre points, pas plus, tu peux me croire mais savoir les décrypter même au ralenti c'est difficile de les prévoir.
Tu pourras apprendre au ralenti des mois et des mois. L'essentiel est de savoir exactement quoi faire de tes gestes. Et sans t'en rendre compte, par réflexe acquis, le jour où ça arrivera, je te jure que tu sauras être plus rapide que l'autre !"


Il ne plaisantait pas. Il n'était pas narquois. Elle savait à quel point la sécurité comptait pour lui. Et les quelques fois qu'il avait donné des cours, il avait eu beau faire l'âne ou le maladroit pour le commencement, il avait toujours était très sérieux ensuite. Matthias relâcha Naïma, se remit en position et recommença sur le même mode. Attendant que Chysis décide d'une nouvelle parade pour pimenter le jeu et prouver qu'à vitesse réduite et ne connaissant que deux attaques, c'était déjà bien assez difficile de définir la défense appropriée.

En définitive leur discours revenait au même. Il avait bien mentionné qu'ils ne pouvaient pas atteindre une vitesse défiant toute concurrence et encore moins animale. Elle s'apprenait bien sur, petit à petit, sans griller les étapes. Considérant qu'ils étaient à peu près d'accord, le jeune homme trouva stérile de renchérir sur le sujet. Mais toujours très comédien, il roula en boule contre le bastingage. Puis gémissant en se relevant, il déclara d'un air piteux:


"Vous voyez! Je mentais pas, elle me martyrise. J'essaie d'être gentil, de bien expliquer, de faire l'exercice et je suis punis !!! "


Tendant un poignet faussement endolori vers la jeune femme:


"Maaaaaaaal... Fais lui un bisou, s'il te plaît, il est peut être définitivement cassé !"