(rp solo parceque je m'ennuie et que je veux ecrire na ! )
Un cube. Un truc en métal avec trois boutons rouillés qui sautent si on les manipule sans précaution. C’est cabossé, taché, cassé.
Dans les fines mains blanches, l’appareil est chéri. Assise en tailleur, à l’entrée de sa tente, Jade écoute la radio pendant des heures.
Des voix, des dizaines de voix différentes. Des intonations, des expressions, des accents…
Des voix caverneuses, d’autres fluettes. Grasses, grosses, neutres, douces, basses, masquées…
D’hommes, de femmes, de vieillards. De fous, de sages, de flous.
Sur les grandes ondes, on trouve de tout. Surtout des mots crus. Jade rougit, ses yeux vert écarquillés en imaginant, parfois assez naïvement, les pires choses qui y sont racontées.
Viol, meurtre, cannibalisme. Imperceptiblement, la jeune femme frémit, regardant autour d’elle, ses compagnons de route.
Secouant ses boucles rousses pour chasser ses horribles pensées, elle change de fréquence.
Au hasard des errances hertziennes Jade découvre des communautés et des groupes.
Certaines voix se retrouvent souvent. Cela la fait sourire. Ces gens qu’elle n’a jamais vu, et qu’elle ne rencontrera peut être jamais, elle a l’impression, a force, de les connaître.
Il y a des fréquences éteintes. Elles diffusent sans fin les mêmes messages du passé. Ca n’est pas sans surprise qu’elle y entend des voix plus que familières. Celle d’Alopias une fois l’avait faite sursauter.
Ce que Jade aime par-dessus tout, ce sont les voix étrangères. Ces mélodies de mots. Beaucoup d’accents sur les ondes. Et elle s’en émerveille.
Ce qu’il s’y dit, partout, Jade n’y comprend rien, et s’en moque éperdument.
Le son. Rien d’autre. Ce qu’elle ne fera jamais.
C’est son plaisir quotidien, après une journée dans le désert. Elle qui rêve de bruits de la forêt, de plantes et d’oiseaux, traverse l’aride silencieux où seul le vent vient siffler.
Presque à regret, elle éteint la radio. Son oreille sur le monde.