Veille dans les tenebres

Nombre de messages : 318 Date d'inscription : 11/05/2008

C'était son tour de garde, comme toutes les nuits il le passait la lance à la main mais cette nuit là elle lui paraissait moins lourde, comme si quelques rayures faites par des petits doigts fin en avait enlevé un poids énorme.

Le soleil était couché depuis longtemps, autour d'eux, de petit bruits furtifs laissaient rappeler que la vie avait place même dans les endroits les plus arides.

Il avait froid, il avait rangé au fond de son sac sa lourde veste d'hiver et s'efforçait de garder sa chaleur en sautillant sur place, comme toutes les nuits depuis que Jade dormait à coté du feu de camp.

Ce soir là, apaisé par l'échange qu'il avait eu avec la jolie rousse, il s'approche d'elle en silence, et ose s'asseoir à ses cotés, regardant la couverture remuer au rythme de la respiration de la jeune femme.

Sa main tremble, les calmants ne font plus effet depuis longtemps, d'un geste silencieux, il dévisse le bouchon de sa gourde en aluminium pour en boire le contenu, bientôt, il sera libéré de ses tremblements, bientôt, il en sera soulagé... bientôt... jusqu'à ce qu'elle soit vide.

Il sort le sachet de la doublure de sa veste, il ne lui reste plus de quoi se préparer une gourde complète... dans quelques heures, sous se soleil de plomb il sera à cours de tout calmants... la première fois depuis qu'Audrey Auburn lui avait fait don de ce remède à Lune de Miel.

Nombre de messages : 225 Date d'inscription : 21/06/2008

Toutes les nuits, auprès du feu. Jade fait semblant de dormir.
Généralement, elle écoute, et regarde, camouflée sous sa vieille couverture élimée, jusqu'a ce que Morphée l'emporte.
Alopias a toujours le premier quart. La jeune femme l’observe sans bruit.

Ce soir, les choses ont un peu changées. Mais elle se cache quand même, mimant un sommeil reparateur. Par jeu et curiosité.
Ce soir, elle sourit dans l’ombre, alors qu’il s’assoit tout près d’elle.
Il se tourne vers elle, une expression apaisée sur son visage. Vite ! Se concentrer sur la respiration. Bouger lentement. Déjà… il détourne son attention sur autre chose.
La couverture se soulève à peine, offrant plus de visibilité.
Quand elle le voit trembler, Jade fait la moue. Elle repense au silex, et a ces noms sur la lance. Elle repense à l’histoire qu’il lui avait racontée…

Il porte la gourde à ses lèvres, après en avoir vérifié le contenu. Mais avant qu’il n’ait le temps de boire, une main vient se poser sur sa cuisse.
Innocente petite main fine, atterrie là dans un étirement ensommeillé. La belle est a moitié découverte, les yeux clos, allongée sur le dos, et semble dormir doucereusement.
Un soupir alangui, le rêve doit être fort agréable. Jade se gronde intérieurement, se disant qu’elle pousse la comédie un peu loin. Mais tout est bon pour le détourner de cette satanée gourde.

Nombre de messages : 318 Date d'inscription : 11/05/2008

Un sachet dans une main la gourde dans l'autre, Alopias sent la petite main se poser sur sa cuisse, l'interrompant dans son geste, une main fine, délicate et sensible.

Prit de panique, Alopias range son sachet de calmants dans la poche de sa veste précipitamment sans prendre le temps de le dissimuler dans la doublure, quelques gouttes de sa gourde tombant dans le creux de la main de la jeune femme dans la manœuvre. Il tremble, il est maladroit, comme un homme sur le point d'être pris en flagrant délits de faiblesse.

Il essaye de refermer sa gourde précipitamment... trop vite ! Elle lui échappe et tombe sur la main de Jade et fini entre ses jambes, le restant du précieux remède se déversant sur son pantalon quelques secondes.

La panique prend Alopias, elle est en train de se réveiller à présent ! C'est sûr ! Et il vient de perdre la dernière possibilité de masquer son tremblement, ses nerfs craquent, il s'enferme sur lui-même, prenant sa tête dans ses mains... ça n'a plus d'importance, advienne que pourra !

A présent c'est tout son coté droit qui tremble... secouant un peu plus la petite main posé sur sa cuisse.

Nombre de messages : 86 Age : 46 Date d'inscription : 24/06/2008

Toute les nuits Tan rêve de son frère. Jamais de la même façon, ni avec la même intensité mais cela s'apparente chaque fois à un cauchemar.

Tantôt il se voit, couteau à la main, tout éclaboussé de sang, tantôt il joue et ri avec celui qu'il avait juré de protéger. Mais le pire se produit lorsqu'il se retrouve dans sa tête à lui, les yeux débordant d'incrédulité, de peur et de déni.

Cette nuit fut de celle-là et son cauchemar, habituellement grinçant se mit à hurler, et lui avec.

Cri d'horreur et de dégoût, de peur et de rejet, de victime et de bourreau. Cri vibrant et vivant, s'envolant dans la nuit, bousculant le silence et ne laissant derrière lui que larme et tremblement...

Nombre de messages : 225 Date d'inscription : 21/06/2008

De l’eau. Jade ouvre les yeux.
Pas de sursaut, aucune expression de surprise. Son regard n’est pas lourd de restes de songes. Elle le sait, et rougit, se pensant démasquée. Relevant la tête, elle s’attend à trouver un Alopias amusé, au pire contrarié. Recroquevillé, le visage caché dans ses mains, l’homme ne la regarde même pas.
Entre eux, il y a qu’une main.
La jeune femme s’approche d’un mouvement du bassin, sa tête maintenant posé sur les genoux d’Alopias. Les boucles éparses sur le pantalon trempé. Les doigts mouillés lui caressent la joue, frôlant la peau, frottant la barbe, espiègles.

Jade se mord la lèvre inferieure. Résister, ne pas l’enlacer encore. Respecter son orgueil. Respecter son secret.
Dans la fraicheur de la nuit, bercée par le crépitement irrégulier des flammes, elle attend.
Le temps qu’il faudra. Le temps que les tremblements cessent peut être. Le temps qu’il la sonde de son regard gris vert. Le temps qu’il comprenne qu’elle est là. Vraiment là. Le temps qu’il sourît, à nouveau, comme avant.

C’est un cri qui met terme à ses effleurements. Un cri de panique. Une voix d’homme. Une voix folle. La jeune femme se raidit, le souffle coupé et sa main en suspens…

Nombre de messages : 318 Date d'inscription : 11/05/2008

Il tremble, perdu dans son délire, il perçoit à peine la présence de Jade qui se glisse contre lui.
Il la remarque à peine mais suffisamment... suffisamment pour que la crise ne progresse plus, pour que la scène se fige dans une relative immobilité. Tout son coté droit tremblant encore.

La crise ne passera pas ! Pas sans cette potion magique qui le suit depuis Lune de miel et sur laquelle il a toujours pu compter depuis plus d'un an dans ses pires moments.

Une main s'approche, secourable, comme une main tendue à quelqu'un qui se noie dans une tempête en plein océan, La main le touche, le caresse, il va pour la saisir... il lève sa propre main dans un sourire pour attraper cette chose fine et gracile, cette main perçue comme la voie du salut…

Un cri déchire la nuit, effaçant d'un coup les réflexions d'Alopias, c'est une alarme ! Quelque chose demandant une réaction immédiate. L'homme repousse avec douceur Jade, ramasse sa lance, pour finalement se relever et aller voir en courant ce qui se passe du coté de la tente de Tan.

Il n'a pas eu le temps d'attraper la main tendue, un cri dans la nuit lui a juste donné la force d'aller vers quelqu'un s'enfonçant déjà dans l'abîme.

Nombre de messages : 86 Age : 46 Date d'inscription : 24/06/2008

Tan se réveille dans l'écho de son cri.
Des sanglots entremêlés dans sa gorge gênent sa respiration et ajoute à la panique vaporeuse des rêves, celle bien plus tangible de l'asphyxie.
Secouant son corps dans un brusque mouvement volontaire, il tente tant bien que mal d'y remettre chaque chose à sa place.
Pleurs, tremblement, peur et remord dans un coin sombre et inaccessible. Ignorance, survie et haine en surface.

Il tente mais n'y arrive pas. Les images sont trop fortes et l'emportent encore alors qu'elles ne sont plus que des fragments à demi oubliés de rêves achevés.
Un nouveau cri, bien plus humain, bien moins douloureux, ponctue cet échec. Un cri d'agacement, presque de rage mais pas de souffrance.

Tan ne s'avoue pas vaincu, la nuit est une ennemie qu'il a apprit à combattre et lorsqu'il n'y arrive plus il sait se qu'il lui reste à faire.
Il sort alors de sa tente pour l'affronter sans fard, pour lui cracher sa haine et lui renvoyer son désespoir.

Mais la nuit n'est point seul, elle a son soldat fou!
Alopias, lance à la main, court vers lui, les traits déformés par des spasmes que l'obscurité n'arrive plus à cacher.

Tan se raidit, assure son assise et se prépare à l'affrontement.

Nombre de messages : 318 Date d'inscription : 11/05/2008

Il approche, le visage encore marqué par ses problèmes, il se dirige vers l'endroit d'où provenait le cri ralentissant sa course alors que ses yeux distinguent les mouvements dans la pénombre, Tan est devant lui, en posture de défense, prêt à en découdre.

Il hésite, stoppe sa course à quelques mètres de lui, ses vielles semelles de rangers dérapant sur le sable, il vacille, se place rapidement en position de défense et fait face a l'homme, interrompant l'attaque.

Il a hésité ! c'est une faiblesse qu'il a eu trop souvent, il aurait toujours du frapper, dans le doute... au lieu de chercher à comprendre... et pourtant... cette fois çi... il reconnait Tan, soulagé ! Mais méconnaissable, même si le visage qui lui fait face ressemble à cet instant étrangement au sien, comme si le même masque s'était posé sur deux visages différents

-Bordel Mais qui a crier ? C'est toi ?

Son ton est sec, Ses doigts serrées à blanc sur sa lance, il lance à Jade par dessus son épaule quelques consignes, ne quittant pas des yeux Tan.

-Jade ! trouves-toi quelque chose qui puisse te servir d'arme et fait le tour des tentes ! Vérifie que tout le monde va bien ! Mais soit prudente !

Il attend la réponse de celui qui lui fait face, le tenant en respect le temps que Jade le rassure sur l'état de Naïma et des autres, espérant avoir eu pour une fois raison de faire confiance à un ennemi potentiel... mais sait qu'il n'a aucune chance face à Tan au combat, Même avec sa lance. Alopias tremble trop, est trop épuisé et trop moralement cassé pour réussir autre chose que l'attaque directe à laquelle il vient pourtant de renoncer.

Il regarde Tan avec des yeux presque suppliant, Attendant la réponse... ou l'attaque.

Nombre de messages : 86 Age : 46 Date d'inscription : 24/06/2008

Bordel Mais qui a crier ? C'est toi ?

La question résonne dans la tête de Tan, ricoche, se déforme et se multiplie jusqu'à la remplir entièrement.
Les mots se décomposent en sons, privés de sens prêts à en revêtir de nouveau.
Au milieu de cette cacophonie, une nouvelle voix retenti:

Qu'est ce que tu attends. Attaque le! crève le! Arrache lui sa lance et enfonce la lui dans la gorge!

Non, c'est alop...

C'est ton ennemi, réfléchi pas, fonce!

Non, répondit Tan avec violence. et ce "non" franchi ses lèvres avec la force de l'eau rompant un barrage.

Les traits encore bouleversé par un mélange de peur et de fureur, Tan regarde alors Alopias avec une intensité malsain et dit d'un ton aussi froid que calme:

C'est fini pour ce soir, laisse moi et ne me menace plus jamais de ta lance, la prochaine fois je te tuerais peut-être...

Nombre de messages : 225 Date d'inscription : 21/06/2008

Secouer les tentes, en réveiller quelques propriétaires sans doute. Jade obéit, paniquée.

Personne ne manque a l’appel. La jeune femme revient, le visage sérieux.
Non, Tan ne peut pas avoir fait de mal a quelqu’un… la raison lui saute aux yeux quand elle marche vers Alopias, et qu’elle voit l’homme a son tour.
Ce visage, cette lueur dans ses yeux, cette violence… Tout lui revient d’un bloc. Cette nuit la dans sa tente. Ce regard effrayé, comme s’il venait de reprendre ses esprits, tout a coup, au bord d’un précipice. A l’époque, elle avait été trop choquée pour remarquer. Aujourd’hui l’expression de ses yeux fous la poigne.
C’est lui qui a crié. Elle le sait, elle le sent.
D’une main douce sur celle d’Alopias, elle lui demande de baisser sa lance.
Ses yeux ne se détachent pas de Tan, haletant, en face d’eux. Mais ses doigts se nouent à ceux, crispés, du chasseur, pour appuyer sa supplique.

Non, Tan ne peut faire du mal à personne pour le moment. Sauf à lui-même.

Nombre de messages : 318 Date d'inscription : 11/05/2008

Face à la situation il plante sa lance dans le sol. disant d'un ton soulagé :

-Entendu !

» Sauvetage dans la neige