Enterrera, n'enterrera pas?

Nombre de messages : 1225 Date d'inscription : 08/06/2008

Matthias est rentré d'une mystérieuse chasse depuis quelques heures, quand Jade vient se planter devant lui.
Les autres, trop occupés, ou pas assez réveillés, ne les remarquent même pas.

L'expression sur le visage de la jeune femme est difficilement déchiffrable. Elle sourit a Matth, un peu par reflexe, une affection en transparence. Quelquechose de plus important semble préoccuper la muette rouquine.
La tete penchée sur le coté, elle le détaille un instant, sans aucune pudeur, puis tend sa blanche main vers lui, désignant un petit tas de planches et brics a brac a coté de son sac plein a craquer.

Le jeune homme qui essayait de bricoler dieu sait quoi, plissa légèrement les yeux, tentant de percer les pensées de la jeune muette. Il n'avait rien à lui cacher ni rien à lui refuser. Souriant gentiment comme il ne le faisait que pour elle, il demanda:

" Hé bien, charmant petit écureuil? Tu veux bricoler? T'as besoin de quelques choses pour cacher tes noix? Prends ce dont tu as besoin, j't'en prie... "

Bon bah c'est bon Jade, comme tu le vois j'ai réussi à récupérer le texte

Nombre de messages : 225 Date d'inscription : 21/06/2008

Le sourire de Jade se fait immédiatement plus doux.
Oui, cacher. Les coquilles de Matthias. Ce corps d’homme, abandonné, sans vie, à l’écart du bivouac, dans un buisson de mauvaises herbes.

La petite main caresse la chevelure brune ébouriffée, puis se saisit de tous les matériaux a portée. La jeune femme, les bras chargés, ne laisse a Matthias que ce qu’il utilisait déjà pour son bricolage.

D’un baiser tendre sur le front, elle le remercie, et s’en va, sans cérémonie.

Nombre de messages : 1225 Date d'inscription : 08/06/2008

Légèrement étonné, Matthias regarda Jade se charger comme un mulet. Elle l'abandonna à ses questions mais le jeune homme était bien trop curieux pour la laisser s'enfuir de la sorte.

D'un bond il lui emboita la pas d'un air ravi, l'aidant à porter son chargement sans qu'elle puisse protester.

"Heyy!!! Hey attend! C'est lourd j'vais t'aider. Tu vas faire quoi? C'pour une surprise, t'as pas besoin d'aide? "

Nombre de messages : 225 Date d'inscription : 21/06/2008

Jade laisse Matthias l’accompagner. Ça ne lui plait pas, mais il ne lui laisse pas le choix.
Un peu étonnée tout de même, elle le regarde gambader autour d’elle. Plein de cette insouciante apparence, perpétuellement en mouvement.
Etait ce un mauvais geste justement qui avait donné ce résultat ? Une mauvaise attitude qui aurait tué l’inconnu vers lequel ils marchent ?

La muette l’avait vu, la veille, avec Matthias. Même pas caché, juste, à l’écart. Et personne n’avait l’air de l’avoir remarqué ni de s’en soucier. Alors elle avait fait comme les autres.
Et tout à l’heure, au hasard d’une cueillette, la découverte du corps l’avait tétanisée. La jeune femme était resté là, tombée sur ses fesses à coté du cadavre, de longues minutes. Elle avait l’étrange impression que l’homme ne faisait que dormir. Elle pleurait en silence, sans comprendre. Le son de sa propre respiration finit de la calmer, et elle était rentrée, attendant Matthias pour lui demander du matériel.

Lui, tranquille, porte tout sans sourciller. Curieux, comme à son habitude.
La rouquine hoche la tête et lui sourit comme elle le peut. Et si ça n’était pas lui le coupable ?
Curieusement, elle n’a pas peur. La moue préoccupée sur ses lèvres, seule, la trahie.
Encore quelques pas et ses bras fins écartent des herbes plus hautes que les autres, découvrant un grand homme massif, dont la peau commençait lugubrement à blanchir.

Nombre de messages : 1225 Date d'inscription : 08/06/2008

Surpris Matthias observait la moue de Jade et son sourire un peu étranger. Lorsqu'ils furent arrivés devant le corps, le jeune homme se mit à rire avec une désinvolture incroyable.
Ne se doutant même pas que Jade cherchait une explication à tout cela, il lui demanda:

"C'pour ce salopard tout ça? On ferait mieux d'en faire des steaks pour ce soir... quoique, pas sur que les charognards de son espèce soient très goûtus... "

Et Jade ne put que se demander s'il plaisantait...

Nombre de messages : 225 Date d'inscription : 21/06/2008

A l’éclat de rire de Matthias, Jade le dévisage, à peine étonnée.
Bien, puisque c’est comme ça…
La jeune femme le pousse d’une main, lui signifiant sans violence de dégager. Elle n’a pas besoin de lui, et finalement se moque de savoir qui a tué ce pauvre bougre.

La rouquine remonte ses cheveux comme elle peut, puis se met au travail, l’air décidé. Faire un trou assez profond va lui prendre des heures. Surtout mal outillée comme elle est.
Elle fronce les sourcils, et se met à genoux, creusant la terre sableuse avec l’aide de ses mains et d’une planche brisée.

Une moue dégoutée sur sa bouche, elle se console en se disant qu’au moins ce corps la, personne ne le mangera !

Nombre de messages : 1225 Date d'inscription : 08/06/2008

Elle le repoussa d'une main et Matthias haussa les épaules. Laissant la les affaires, il entama un demi tour.

Pourtant jetant un coup d'œil en arrière, il ne put se résoudre à la laisser seule avec le défunt.

Il grimaça, hésita, avant de revenir finalement sur ses pas. Sa main vint se poser sur le bras de la jeune femme lorsqu'il lui dit doucement:

"Viens. Ce n'est pas la peine de t'exténuer à ce travail joli petit écureuil. Ca ne changera rien."

Il la fixa avec dans son regard vert, l'éclat le plus persuasif qu'il pouvait produire. Pourtant il était certain que si elle insistait, il ne lui refuserait pas son aide...

Nombre de messages : 225 Date d'inscription : 21/06/2008

Une main se pose sur son bras nu. Jade, se tournant vers Matthias hoche la tête sur le coté. Elle cherche à le sonder, à déchiffrer ses yeux qui la fixent.
Non, elle ne partira pas avant d’avoir fini sa laborieuse tache. D’un baiser sur la main qui la touche, elle le lui dit. Un autre baiser, plus doux, se pose sur la joue du jeune homme alors que Jade se redresse un peu.
La muette lui tend un deuxième morceau de planche avec un petit sourire triste.

Nombre de messages : 1225 Date d'inscription : 08/06/2008

Alors Matthias abdiqua. Se saisissant du bout de planche il se mit à creuser à ses côtés. Le sombre sourire de Jade lui faisait de la peine, il pensa qu'elle était triste pour le mort. Du coup il commença à lui expliquer sur le même ton doux:

"Je l'ai tué parce qu'il voulait pas rester tranquille. Ce type avait déjà agressé Onze, après ça aurait pu être Naïma ou Lex ou encore toi... et bien que t'aies d'efficaces griffes effilées, t'aurais pas fait le poids.
Alors tu sais... c'est pour ça que j'estime qu'on devrait pas se donner cette peine... "

Matthias jeta un furtif coup d'oeil en biais puis se concentra sur le trou.

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Jade l’écoute sans arrêter son mouvement. Les mots la frôlent. Elle creuse, concentrée sur la terre qu’elle charrie à leur coté, petit a petit.

Protéger…
A chaque pelletée le sens lui échappe.

Protéger…
Si cet homme n’était pas mort, qui serait-elle en train d’enterrer ? L’un d’eux… l’un de ceux qui sont devenus ‘les siens’.

Confuse, la jeune femme pose son outil improvisé. Matthias l’aide à cacher ce corps encombrant. Elle le regarde pousser la masse inerte dans le trou, détaillant son visage, habituellement si mobile, qu'elle trouve, à ce moment précis, sans émotion lisible.

Si peu de cas pour une vie d’homme ? C’est les autres, ou c’est nous…
Les petites mains se tachent encore davantage, en recouvrant la tombe de terre fraiche.

Nombre de messages : 1225 Date d'inscription : 08/06/2008

Leur travail toucha à sa fin et Matthias l'acheva en tassant la terre de la semelle de sa chaussure.
Il ne pensait manifestement pas au cadavre puisque toute son attention paraissait reportée sur Jade.

Matthias baissa les yeux sur elle, lui sourit à nouveau en tendant la main pour l'aider à se relever. Une fois la jeune femme debout, Matthias lui passa le bras sur les épaules, déposa un léger baiser sur la joue qui présentait quelques traces de terres. Et il l'entraina ainsi avec lui:

"Allons viens. C'est vraiment terminé cette fois, et, j'me sens pas de prononcer une oraison pour lui. Rentrons, Alop doit se demander c'que tu fabriques..."