Une cabine... Chysis

Nombre de messages : 50 Date d'inscription : 04/05/2009

La cabine était exiguë comme toutes les cabines de voilier et celui-ci n'était pas un voiler de luxe comme ceux qu'elle connaissait d'avant le crash. Par contre la cabine était sobre et fonctionnelle et avait tout ce qu'il fallait pour qu'on y vive bien. Elle reconnaissait la patte de Kyle : tout dans le fonctionnel. Pom lui aurait ajouté non pas des fanfreluches mais placards, des choses qui finalement sont aussi indispensables.

Chysis s'étira sur sa couchette puis se leva. Elle était satisfaite d'avoir une cabine. Ce n'était pas évident pour un petit voilier...Petit ? Non il ne l'était pas petit, il était même grand puisqu'il y avait trois cabines ce qui était finalement un grand luxe. Surement Naïma a du intervenir pour ça, elle avait construit le voilier, enfin c'est ce que Chysis avait entendu. Y' a que une femme qui puisse penser à la promiscuité et à ce genre de confort.

Chysis alla prendre son sac et en tira son cahier, un de ses cahiers. Kyle lui en avait fait plusieurs et elle les gardait comme un trésor. Elle posa un sur la tablette qui lui servait de table, un crayon à papier. Elle s'était toujours demandé comment ils faisaient ça au Twittter et n'a jamais obtenu de réponse.

Chysis s'installa et commença d'écrire. Une ligne puis elle releva la tête et regarda la mer.
Tout à son chagrin, elle n'avait pas pensé à ce qu'elle ferait sur le voilier. Elle n'avait pas pensé à comment ce passerait son voyage avec des inconnus dans un espace restreint et surtout sans possibilité de partir ou de faire autre chose.

Elle n'avait pas l'intention de servir de faire valoir ni de s'imposer. Elle avait bien senti qu'il n'y avait pas de place pour elle dans leur univers. Bien sur rien ne lui avait été dit. Justement, rien ne lui avait été dit. Personne ne lui avait adressé la parole depuis qu'elle était là. Elle avait juste expliqué pour le mal de mer, et on lui avait répondu avec courtoisie mais sans plus.
Elle ne se battrait pas pour se faire accepter, elle n'en avait plus rien à faire. Une partie d'elle était morte avec son père et son amour.
Elle n'avait plus envie d'entretenir sa beauté et son corps mais il fallait quand même qu'elle continue de vivre. Pourquoi continuer de vivre ? Elle était incapable de répondre à cette question. Pourtant beaucoup lui avaient dit qu'ils ressentaient comme une prochaine fin du monde. Elle avait haussé les épaules. Sur quoi se basaient-ils pour penser ça ? Sur le fait qu'il n'y ai plus aucune perspective dans leur monde que de s'entretuer ? Quand elle écoutait la radio, il n'y avait que ça, des meurtres, aucun projet, rien. Alors oui, le monde avait l'air à bout de souffle et qu'un dingue fasse un autre crash ne l'étonnerait guère. Mais elle continuait, elle était la survivante de sa famille. Elle survivait pour qui ? Pour quoi ? Pour rien. Juste vivre et respirer l'air de la mer. Juste vivre pour se demander ce qu'il va se passer aujourd'hui... plus tard... demain.

Elle remonta sur le pont et il n'y avait personne. C'était parfait. Elle fit alors ses exercices de tai-chi et d''aïkido. Pendant tout le temps qu'elle faisait ses exercices, elle retrouva la paix. Elle ne pensait à rien d'autre qu'à son corps, qu'à être en harmonie avec la nature, avec son environnement. Les muscles tiraient, ne pas avoir fait son aïkido depuis la mort de son père, cela se faisait sentir. Enfin, elle finit. Chysis était en nage. Elle mit l'échelle et alla se baigner pour se rafraichir. Elle ne resta pas longtemps dans l'eau. Quand elle remonta sur le voilier, personne n'était encore remonté sur le pont. Elle souriait, calme et apaisée pour une fois. Pour la première fois depuis la mort de Caleb. Son cœur n'était poins enserré et elle avait envie de chanter et de rire.

Elle retourna dans sa cabine,le cœur plus léger et la peau plus bronzée.

Nombre de messages : 162 Date d'inscription : 08/07/2008

Alors que Chysis allait retourner dans sa cabine, une voix s'éleva derrière elle.

Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.

Tu te plais à plonger au sein de ton image;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.

Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes ;
O mer, nul ne connait tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !

Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
O lutteurs éternels, ô frères implacables !

John était assit sur la rambarde, une canne à pêche bricolée entre les mains, balançant doucement les jambes d'avant en arrière. Il était monté discrètement pendant que Chysis s'exerçait et avait préféré ne pas la déranger.

Mais sentant son malaise, il fit cette tentative attentionnée mais maladroite, pour lui remonter le moral.

Nombre de messages : 50 Date d'inscription : 04/05/2009

"Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
...."

Chysis sursauta quand elle entendit l'homme. Elle pensait être seule. Ce poême elle le connaissait, elle l'avait lu il y a bien longtemps mais elle ne l'avait pas appris. Elle se retourna et lui sourit

- Victor Hugo ? Baudelaire ? je ne sais plus. Il est très beau ce poème. Je l'aime beaucoup. Merci !
Vous aimez la poésie donc ? j'ai entendu vos récits. J'aime beaucoup. Désabusé certes mais intéressant.

Elle ne savait pas trop comment continuer la conversation. Cet homme l'intriguait. Il semblait si lointain comme vivant dans un monde interieur à lui où nul ne pourrait pénétrer pourtant elle sentait qu'il voyait tout et que son regard était acéré.

Nombre de messages : 162 Date d'inscription : 08/07/2008

Baudelaire.

John relança sa canne.

C'est quand mon grand père me les a fait découvrir que j'ai appris le français.

Je pense que les poètes français sont les meilleurs du monde.

Surtout Victor Hugo. Il était à la fois un poète génial et à la fois un homme épris de liberté, passionné et capable de transmettre cette passion aux autres.

Victor Hugo c'est un peu William Wallace mais en français.

Nombre de messages : 50 Date d'inscription : 04/05/2009

- Ah oui Baudelaire. j'ai appris un poême de lui quand j'étais en classe, ll'Albatros

Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid!

Je ne me souviens plus du reste, je ne l'avais pas appris convenablement finalement.

Tandis qu'elle récitait les quelques vers dont elle se souvenait, Chysis s'était approchée et s'appuya sur la balustrade. Elle était un peu penaude.

- J'aimais bien Victor Hugo, j'ai lu Notre Dame de Paris et l'homme qui rit mais celui-là je ne l'ai pas fini.

Elle quitta la mer du regard pour le poser sur l'anglais

- J'avoue humblement de ne pas connaitre William Wallace. Vous venez-d'où en Grande Bretagne ?

Elle regretta sa question aussitôt l'avoir posé et rougit violemment. Voila qu'elle commençait à poser des questions. Elle était incorrigible, cela avait été plus fort qu'elle, la question était sortie. En sortant de son chagrin, elle recommençait à s'intéresser à son entourage

Nombre de messages : 162 Date d'inscription : 08/07/2008

John fut assez surpris de la réaction de son interlocutrice. Pourquoi elle devenait toute rouge ? Décidément, les filles...

D'Ecosse ! Je viens d'un petit village qui s'appelait St McWashin, dans les Highlands.

Il remonta sa canne à pêche, un poisson avait mordu à l'hameçon. Il lui frappa la tête contre la rambarde et le mit dans un panier derrière lui. Puis il relança sa canne dans l'eau.

Et toi ?

Nombre de messages : 50 Date d'inscription : 04/05/2009

Chysis le regarda faire. Elle n'avait jamais été une bonne pêcheuse, pas assez de patience quoiqu'en mer, cela mordait plus facilement qu'en rivière.

- Moi ? je suis née en Suède à Umea. C'était un grand port sur sur le golfe de Botnie. Je suppose qu'il n'en reste plus rien. L'écosse ? cela m'a toujours fait rêver l'Écosse et cette légende du Loch Ness. j'avais écrit une histoire une fois sur cette légende. Je l'ai perdue, j'ai perdu toutes les histoires que j'avais écrite avec le crash. Vous y croyez à cette légende ?

Nombre de messages : 162 Date d'inscription : 08/07/2008

John sortit une nouvelle fois un poisson au bout de sa canne.

Ahahaha ! Ha oui ! Cette "légende" comme tu dis !

Tu sais cette histoire de "légende", c'est juste le truc de Nessy pour éloigner les paparazzis. Elle fait croire qu'elle habite quelque part, et après elle va autre part. Comme ça les gens ils prenaient des tas de photos du Loch Ness, ils fouillaient, sondaient, tout ça, alors qu'en fait Nessy elle habitait près de Glasgow. Plus de choix pour le shopping.

Et puis elle a fait comme ça à d'autres endroits. Aux Etats-Unis ils l'appelaient Big Foot, au Japon, Godzilla, en France, la bête du Gevaudan...

On jouait souvent de la musique ensemble. Moi à la cornemuse, Kenny à la flute, et elle à la trompette. On s'amusait bien tous ensemble.

Et elle a disparu juste après le crash. En partant elle m'a dit : "Les humains, vous êtes décidément trop cons, je me barre et je rentre chez moi !" Hé ! Facile quand chez toi c'est partout ! Hahaha !

John relança sa canne en riant.

Si on a de la chance on l'a croisera pendant notre voyage ! Hahaha !

Nombre de messages : 50 Date d'inscription : 04/05/2009

Chysis écouta l'explication de John. Elle était éberluée et ne sut quoi répondre.

- Tu as ta cornemuse ici ?

C'était tout ce qu'elle avait réussi à sortir. Elle savait que l'homme avait son univers à lui, elle l'avait entendu dans le bar.
Elle ne voulait pas s'en mêler. C'était un domaine hors de sa compréhension. Surtout elle ne voulait pas dire d'âneries et vexer John.

Nombre de messages : 162 Date d'inscription : 08/07/2008

John fit la moue.

Nan, elle a été détruite il y a plusieurs année, pendant la mise à sac de ma maison. Et vas-y pour trouver des matériaux de nos jours !

John fit un signe pour lui dire d'attendre. Il posa sa canne à pêche derrière lui. Puis il mit la main dans sa poche, et en sortit une petite flute à bec.

Hey... Je l'avais presque oubliée ! C'est que je suis pas un expert comme Kenny !

John porta la flute à ses lèvres, et commença à jouer.

https://www.youtube.com/watch?v=0JUtg8uL5rY

Nombre de messages : 50 Date d'inscription : 04/05/2009

Chysis était déçue. Elle avait esperé qu'il lui jouerait de la cornemuse, elle avait entendu ce son une seule fois dans sa vie, à la télévision et elle était petite fille. Elle attendit sans faire de commentaire.
Quand il sortit sa flute, elle sourit et écouta. Elle était soufflée, litteralement. les doigts de John étaient si agiles.

- Oh mais tu joues merveilleusement ! c'est superbe !