La tempête

Nombre de messages : 50 Date d'inscription : 04/05/2009

Chysis tenait la barre, elle avait pris la relève de John depuis une bonne heure, le soleil brillait et la mer était d'huile. Tout était bien dans le meilleur des mondes possibles, elle chantonnait même, l'air que John avait joué la veille.

Pourtant le vent doucement se levait et le ciel s'obscurcissait, c'était encore assez léger mais un marin devait sentir que les ennuis arrivaient et Chysis était marin

Elle héla

« John !!Joooooooohhhhhhnnnnnnn!! »

Nombre de messages : 162 Date d'inscription : 08/07/2008

John était dans sa cabine, profitant d'un repos bien mérité en mangeant une purée qu'il venait de préparer. Tout était calme. Le roulis le berçait tranquillement. Après avoir finit son assiette, il s'allongea sur sa couche pour une sieste bien méritée. Il s'étira et prit une grande inspiration.

Bizarre. Quelque chose cloche. John rouvrit les yeux. Il renifla une fois. Puis une deuxième fois. Il se redressa immédiatement. C'est pas bon. Il regarda par son hublot. Vraiment pas bon.

Citation :: Jo... ! JOOOOOOHHHHHNNNNN !!!!

Il sauta sur ses pieds, et se rendit en courant sur le pont. La mer était encore calme. Pourtant John était agité. Il se rejoint rapidement Chysis prêt de la barre, et il prit une rapide estimation du vent, et regarda le ciel.

Vent bâbord... Et ça se couvre... Combien de temps à ton avis ?

Nombre de messages : 50 Date d'inscription : 04/05/2009

- Regarde là !

Elle lui montrait au loin des gros nuages noirs et bas qui couvraient le ciel un peu plus loin

- Si nous maintenant notre vitesse on sera dedans dans deux heures. Il faut préparer le voilier à subir la tempête. Tu préviens les autres s'il te plait ? Ils te connaissent mieux et puis toi tu es plus calme que moi.

En effet Chysis était plutôt fébrile. Elle avait peur de ce qui se présentait devant eux et excitée tout à la fois. Ce serait sa première tempête sur un voilier. Elle savait que ce qui arrivait n'était un orage comme les autres.

- Ah les creux s'accentuent déjà, on va passer à deux metres. Houlala ! tu les previens et puis tu viens me relayer à la barre que j'aille tout boucler en bas ? Tu leur dis bien de tout fermer, tout tout et qu'ils restent pas dans leur cabine.

Nombre de messages : 1225 Date d'inscription : 08/06/2008

Le cri de Chysis et la cavalcade de John n'avaient pas été pour rassurer un Matthias déjà légèrement parano. Qu'est ce qui en pleine mer pouvait représenter un danger ? Un navire hostile ? Un iceberg façon Titanic ? Un léviathan ? Poséïdon et ses chars ?

"Hop hop hop. Pas d'affolement ni de précipitation, c'le meilleur moyen pour tomber par dessus bord. Tu as raison boucle tout avec Naïma en bas. Et boucle là aussi, avec son mal de mer il est hors de question qu'elle essuie une tempête sur le pont.
Va garder que la grand voile réduite au maximum, j'm'en charge.
Nous ferons une équipe de deux avec relayage toutes les deux heures. Dans deux heure Chysis tu remplaceras John, etc, etc.

N'est à environ une journée de la côte la plus proche et la nuit sera vite là, quoiqu'il arrive maintenez le cap plein Sud."

Celui là était loin d'être marin mais il apprenait très vite et était plein de bon sens.

Sourire freedent, il regarda un instant ses compagnons puis fit volte face pour commencer à affaler les voiles.

Pendant ce temps, Naïma, au fond de sa cabine, tentait de garder son estomac en place.
Elle avait senti que les vagues se creusaient.
Bien sûr, elle ne savait pas que ce n'était que le début. D'autant que l'horizon qu'elle fixait par le hublot était celui qu'ils laissaient derrière eux, donc encore bien bleu et clair.
Elle respirait doucement et profondément.

Elle entendit bien qu'au-dessus, ça s'agitait.
Mais elle n'avait aucune envie d'aller voir ce qu'il se passait. D'autant que ce serait sans doute encore bien du bruit pour une simple caisse pleine d'une chose inutile.

Nombre de messages : 162 Date d'inscription : 08/07/2008

John prit la barre. Avant de faire quoi que ce soit, il prit deux longues cordes et les jeta dans les bras de ses compagnons.

Attachez un bout au mât, et l'autre à votre taille. Je vous le conseille fortement, à vue de nez on va être sacrement secoués.

John fit de même en fixant la corde derrière lui.

Les vagues se faisaient rapidement de plus en plus haute et les nuages de plus en plus épais. Une lumière jaillit soudain, suivit quelques secondes plus tard par un tonnerre énorme.

On n'a pas deux heures...

Dépêchez vous de replier les voiles ! On va s'éloigner un peu de la côte. Allez !!

Nombre de messages : 50 Date d'inscription : 04/05/2009

Chysis laissa la barre à John et replia les voiles avec Matthias, puis elle débarrassa le pont de tous les objets avec l'aide de Matthias. Ils se préparaient à essuyer une tempête. Elle ne s'était pas encore attachée.

Chysis descendit dans sa cabine, elle rangea tout. ferma les placards avec les cadenas, replia la couchette et l'accrocha. Quand elle eut tout sécurisé, elle laissa Matthias sécuriser sa cabine à lui et elle alla dans la grande.

Naïma n'était pas dans la salle, Chysis soupira d'aise. Elle n'aurait pas à lui expliquer pourquoi elle rangeait tout et mettait des cadenas partout. Jamais on avait vu Chysis si rapide, elle voulait surtout pas que Naïma la trouve en train de tout ranger. Quand elle eut fini, elle monta sur le pont et s'attacha solidement.

- On ne va pas rester sur le pont avec la tempête, John, les creux risquent de monter à six, on va etre balayé si on reste. j'espère que la tempête ne nous fera pas trop dériver. Et surtout qu'elle dure pas longtemps !!

Chysis regardait le nuage noir d'encre vers lequel ils avançaient et constatait que le nuage s'étendait de plus en plus. Elle se mordit les lèvres. Elle espérait que ce n'était pas un cyclone, il pouvait faire des centaines de kilomètres et avoir des vents de plus de trois cents kilomètres par heure. Si c'était ça, alors ils n'étaient même pas devant lui, juste devant le comité d'accueil. Le cyclone il le rencontrerait dans plusieurs heures. Elle serra les poings et murmura pour elle-même

- Pourvu que cela ne soit pas un cyclone, on ne résistera pas... Oh mon Dieu, protégez-nous !

La dernière fois que Chysis avait invoqué le Dieu, elle avait neuf ans et c'était la nuit. Elle avait regardé en cachette un film d'horreur, l'Exorciste et elle avait été terrorisée surtout que son sommeil c'était coupée dans la nuit et qu'elle avait entendu du bruit.
Se tournant vers John

- Qu'est ce que c'est tu crois ?

Bien sur John ne savait pas plus qu'elle, mais qu'il lui donne son opinion la rassurerait surtout s'il pensait que ce n'était pas un cyclone. Chysis regretta l'absence de météo et des gardes cotes, ils auraient su par la radio ce qui se pointait. La période avant crash, n'avait pas que des conneries.

Nombre de messages : 162 Date d'inscription : 08/07/2008

"Qu'est ce que c'est, tu crois ?"

John fronça les sourcils à cette question. Il se demande une seconde si ce n'était pas une blague.

C'est du vent.

John ne voyait pas d'autre réponse. Contrairement à Chysis, il n'était pas inquiet. Il savait que tout avait été fait, et il avait suffisamment confiance en ses capacités de marins. Aucune raison de paniquer. Ou si peut.

Et puis tu reste dedans si tu veux, mais il est hors de question que je laisse la barre sans personne pour la manoeuvrer. Si on veut pas se faire retourner, ou être envoyés sur des récifs, en tout cas.

John continua à manoeuvrer alors que les vagues grossissaient encore.

Nombre de messages : 50 Date d'inscription : 04/05/2009

Chysis sourit, John avait dit exactement ce qu'il fallait. S'il pensait rester sur le pont c'est que ce n'était pas une cyclone. Aucun humain ne peut résister à des vents de plus de deux cents kilomètres par heure et surtout sur plusieurs heures. Elle ne lui dit pas qu'il y avait pas de risque de rencontrer des recifs en pleine mer. Peut-être qu'ils étaient pas si loin de la côte finalement. Elle esperait que non, il était plus dangereux d'essuyer une tempête près d'une côte qu'en pleine mer. Elle s'assura une derniere fois que les haubans tiendraient. Puis alla s'insaller près de John.
Le voilier commençait à tanguer, les creux d'agrandissaient et déjà l'eau arrivait sur le pont.
Chysis avait prévu qu'elle serait bien mouillée, elle avait mis un pantalon et un ti-shirt en coton et par dessus le tout un ciré plus pour la proteger du froid que de l'eau. Elle savait qu'elle n'aurait pas un centiimetre de sec sur elle quand tout cela sera fini.

**J'espère que Naïma tiendra le choc**

Elle n'expriima pas sa pensée, ce n'était pas la peine.

Nombre de messages : 1225 Date d'inscription : 08/06/2008

A l'avant scrutant l'horizon qui n'offrait plus aucun coin de ciel bleu, il haussa les épaules. Tant de discussions pour finalement s'en tenir plus ou moins à ce qu'il avait dit.
La voile était réduite au maximum, les conditions étaient déjà déplorables mais le jeune homme n'était pas inquiet. Ni la mer ni le vent ne lui faisaient peur.

Il fit face à ses deux compagnons, un léger sourire narquois aux lèvres qui trahissait son excitation. Chysis était habillée de pied en cap. Il estimait qu'elle aurait mieux de s'en tenir à son plan et de se reposer en attendant qu'ils soient vraiment en pleine tempête.

"Gardez le cap plein sud. Attachez-vous assez court pour pas tomber dans l'eau. J'viendrai relayer l'un de vous d'ici deux heures."

Il commençait à devenir franchement difficile de se mouvoir sans se tenir aux choses. Le petit voilier semblait bien tenir la mer cependant. Des trombes d'eau se mirent à se déverser sur eux. Matthias rentra en cale pour aller voir la pauvre Naïma qui devait être en train de rendre tout son quatre heures...

La pauvre Naïma, en effet, avait déjà vomit deux fois.
La première fois, elle avait essayé de trouver un récipient, mais n'avais rien trouvé, et avait aspergé le sol.
La deuxième fois, elle avait pas cherché, et avait juste vidé son estomac, pour se sentir mieux.
Il serait toujours temps de nettoyer plus tard.

Le bateau tanguait de plus en plus, et elle avait entendu Chysis venir tout ranger et fermer.
Elle comprenait que quelque chose n'allait pas. Et inutile d'être devin pour savoir ce qu'il se passait.
Une tempête. Sa hantise depuis qu'elle s'était rendue compte qu'elle n'avait vraiment pas le pied marin.

En reprenant son souffle, elle murmura pour elle-même :

Mais comment je peux descendre d'une famille de marins sans pouvoir poser le pied sur un bateau sans tout vomir tout de suite.

Elle gémit.
Une nouvelle vague.
Un goût amer qu'elle connaissait maintenant bien se fit sentir dans sa bouche, et alors que Matthias ouvrait la porte de la cabine, elle arrosa une nouvelle fois le sol, juste devant lui.

Nombre de messages : 1225 Date d'inscription : 08/06/2008

Il aurait été bien inutile de chercher à nettoyer quoique ce soit surtout dans les conditions actuelles. Naïma vomit, au même moment Matthias se raccrocha comme il pouvait au chambranle de la porte. Autant il était du genre rapidement dégouté, autant ce genre de régurgitation venant d'elle ne le perturbait pas plus que ça. Se lançant à travers le carré de vie commune il trempa un linge dans leur réserve d'eau pendant que Naïma ne faisait plus que hoqueter le peu de bile qui lui restait. Puis naviguant difficilement jusqu'à elle en évitant tant bien que mal de patauger dans les mares visqueuses qui bientôt seraient balayées pas l'eau de mer qui ne manquerait pas de s'infiltrer un tant soit peu, il sauta derrière elle sur la couchette. Doucement il lui épongea son front recouvert de sueur froide puis la tint contre lui. Évidemment cela ne pouvait avoir aucun effet sur le mal qui l'agitait. Mais la présence d'un corps chaud avait certainement quelque chose de réconfortant.

Glissant une main dans la sienne, tenant son front de l'autre, il murmura doucement:

"Mon cœur. Ca va être difficile mais tout ira bien. Accroche toi. Pense aux merveilleux rivages qui nous attendent. Ceux qui nous ferons braver tous les destins. Les oiseaux y seront beaux, le soleil inondera nos vies et ne fera que refléter un peu mieux l'amour que j'ai pour toi.
Ne pense à rien d'autre que notre vie heureuse et à ses vers qui semble deux siècle avant, avoir été écrit pour toi.

Mon enfant, ma soeur,
Songe à la douceur
D'aller là-bas
vivre ensemble!
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble!
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté
Luxe, calme et volupté.

Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l'humeur est vagabonde;
C'est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu'ils viennent du bout du monde.
Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D'hyacinthe et d'or;
Le monde s'endort
Dans une chaude lumière. ""

Nombre de messages : 162 Date d'inscription : 08/07/2008

YIIIHAAAAAAAAA !!!!!

Cette fois le navire était au coeur de la tempête. Et loin d'être inquiet, John commençait à s'amuser. La manoeuvre était délicate et dangereuse mais l'action lui plaisait.

Les vagues percutaient la coque. Le voilier semblait s'envoler à chaque montée avant de redescendre violemment. L'eau aspergeait le pont, et s'infiltrait dans les cabines. Les éclairs manquaient de frapper le mat à chaque fois qu'ils tombaient, et le tonnerre était assourdissant.

Mais loin d'avoir peur, John était très excité par tout ce remue-ménage. Sans se soucier des vagues qui déferlaient partout, ni de la pluie qui s'abattait sur lui, il se mit à chanter.

C'est pas l'homme qui prend la mer, c'est la mer qui prend l'homme ! TINTINTIIIIN !!!!

Elle sentit Matthias venir la serrer dans ses bras, ce qui la rassura un peu.
Elle l'entendit lui parler aussi, sans vraiment écouter ce qu'il disait.
Le sang battait dans ses tempes, et son estomac se révulsait sans fin.

Les vagues se creusaient encore et encore, lui donnant l'impression qu'elle allait mourir.
Bientôt, elle se décolla de Matthias, pas beaucoup, pour continuer à le sentir tout proche, mais suffisamment pour pouvoir respirer.
Contre lui, elle se sentait oppressée. Elle transpirait à grosses gouttes, et avait du mal à respirer.

Elle réussit à se tourner vers lui et à gémir :

Je déteste ce bateau.
Méfies-toi, parce que la prochaine escale que tu m'offres, je reste à terre !!
Tu n'arriveras jamais à me faire remonter sur cet instrument du diable.

Puis elle vomit encore.

Nombre de messages : 1225 Date d'inscription : 08/06/2008

"A la prochaine escale, je t'offre une maison."

Ils sentaient désormais le voilier escalader puis dégringoler brutalement les vagues. Le jeune homme resta quelques temps auprès de sa femme. Le vent hurlait, le bois grinçait sinistrement néanmoins le petit bateau semblait tenir le coup. Matthias sourit doucement, "bonne conception" même si l'eau commençait à s'infiltrer sous les portes. Peut être faudrait-il écoper d'ici quelques heures.

"Je vais revenir. Continues de t'accrocher. T'as fait un bateau solide, ca va aller."

Se relevant avec toute la peine inhérente à l'inclinaison précaire du planché, Matthias se fraya son chemin en pataugeant un peu dans le vomi de la jeune femme.

Une fois dehors il fut en un instant complétement détrempé et hurla pour se faire entendre:

"C'va la barre John ? Tiens l'cap ? T'veux faire une pause ?"