Au creux de ses bras

Nombre de messages : 225 Date d'inscription : 21/06/2008

Pénombre. Quand Alopias entre dans la tente, seul le blafard d’une peau nue se découpe dans les couvertures. Des épaules, une nuque, un visage enfoui sous les mèches de cheveux.

Jade a froid, les yeux ouverts sans rien voir. Perdue, toute petite, dans cette obscurité qui l’engloutie.
Elle l’écoute. Le bruissement de la bâche qui s’entrouvre, le son de ses vêtements lourds qu’il ôte. Il la croit sans doute endormie. Il espère peut être se glisser à coté d’elle sans bruit, ou à l’autre bout de la couche. Chacun dans son coin. Matérialiser dans leur intimité la distance qu’une autre avait provoquée.

Un mouvement avant même qu’il s’allonge. Des bras blancs sortent de l’ombre et se tendent doucement pour l’accueillir.
Le blottir contre sa peau, contre son sein, contre son cœur. Calmer sa peur et ses frissons, en resserrant tendrement l’étreinte.

Nombre de messages : 318 Date d'inscription : 11/05/2008

Mains dans les poches, Alopias rentre au camp, la lune nimbant la pleine d'une lumière blafarde. Les gens devraient dormir, ou simplement s'enfermer dans le calme protecteur de leurs modestes abris de toile, mais quelques silhouettes trahissent encore les insomnies de quelques membres du groupe.

La tente de Jade est montée, un modeste et solide assemblage de toile et de bric-à-brac donnant à l'ensemble un aspect curieusement chaotique. La bâche posée sur deux piquets à l'origine douteuse se trouve tendue par des fils de toutes natures solidement encrée au sol par toutes sorte de bouts de ferraille et de bois dont les trois quart se révèlent inutiles.

L'aspect est étrange, le modeste abri trois places devenant telle une forteresse imprenable de part sa forme hasardeuse. Alopias en fait le tour en quête de l'entrée du donjon improvisé, sa main se pose sur la bâche, ouvrant la porte du donjon pour y voir un corps effondrée sur les couvertures. Sous les doigts d'Alopias, l'humidité de la toile laisse imaginer qu'elle est là depuis longtemps, peut-être même depuis son dépars avec Naima.

Il entre le plus silencieusement possible et referme derrière lui après avoir enlevé ses chaussures et ses chaussettes pour les laisser dehors. Il ôte sa veste, son pantalon, et voit deux bras se tendre vers lui, comme deux cordes lancée par Jade pour l'inviter dans un monde si difficile d'accès…

Il répond à l'invitation, Allant jusqu'à fusionner son corps à celui de sa compagne dans une solide étreinte, il la retrouve, savourant le satin de sa peau, sa douceur, reconnaissant son odeur… Alors que la sienne garde encore de subtiles traces de sa rapide étreinte avec Naïma.

Elle tremble, de froid ou de peur, il va pour la réchauffer, la réconforter, tirant sur eux la couverture pour conserver la chaleur, le visage de Jade apparait peu à peu, éclairé par un rayon de lune réussissant à percer ça et là le rempart opaque d'une bâche autrefois neuve et non trouée.

Sentant le sommeil venir, il embrasse les lèvres douces dans un dernier baiser avant d'entrer au pays des songes, murmurant pour la première fois à Jade les mots qu'il n'a jamais prononcé avant.

-Je t'aime.

Il semble regretter presque instantanément, se souvenant avoir dit exactement la même chose à Naïma quelques instants plus tôt, après quelques cogitations, il rajoute dans un murmure :

-… et encore ! Ces mots sont trop faibles !

Nombre de messages : 225 Date d'inscription : 21/06/2008

« Je t’aime »

Dans l’obscurité, Jade le regarde sans comprendre.
Alopias se love davantage dans ses bras, murmure dans un souffle avant de sombrer dans le sommeil.
Elle le caresse lentement. Ses doigts frôlent tendrement ses larges épaules, et jouent dans ses cheveux courts. Le récupérer avec douceur, comme si l’attente avait duré des années. Comme si elle n’y croyait pas, ou n’y pensait plus. Un peu surprise, un peu apaisée. La sensation de manque, comblée, l’étonne agréablement.

« Je t’aime »… une justification ou une interrogation implicite ?
Une question qu’elle ne s’est pas posé.
« Est-ce que tu m’aime, toi ? » C’est cela qu’il veut dire ?
Il s’endort si vite. Il n’attend pas de réponse.

Tous les mots ont des sens. Et Jade, muette, ne le sait que trop bien.
« Je t’aime »… pourquoi ? Pourquoi dire ça ?
Pour la retenir, de peur qu’elle ne s’évapore ? Comme un filin magique retenant une volatile fée. La toile d’une araignée, emprisonnant une proie trop facile.
Pour la rassurer? ou se rassurer lui même ?

« Ces mots sont trop faibles ! » avait il justifié, avant que Morphée ne lui arrache son amant comme Naïma l’avait fait plus tôt. Contre l’une comme l’autre, la jeune femme ne peut rien. Contre toutes ou n’importe quelle autre, elle ne pourrait rien non plus.

Jade câline encore la peau marquée d’Alopias, alors qu’un demi-sommeil l’envahit à son tour, perdue dans ses pensées.
La peur est partie, laissant place à la perplexité. C’est presque rassurant. Moins lourd à subir.

Aimer a un contraire direct. Faire l’amour n’en a pas.
Aimer, ça lui semble un état définit, floue et facilement muable. Alopias en viendra peut être un jour à dire « je te hais », comme les yeux sombres d’une succube lui ont hurlé de rage ce soir.
Faire l’amour, c’est momentané. Mais la signification est plus intense. C’est une déclaration renouvelée. Chaque jour. Nuancée et multiple. A chaque fois plus unique.
Plus que jamais, Jade est soulagée de ne pas pouvoir parler. Ne pas avoir à prononcer ces deux mots et demi qui portent trop, ou trop peu, en eux.

La rouquine se souvient de son père, qui lui avait dit, un peu solennel pour cacher sa peine, « va, vis, et aime » avant qu’elle ne s’en aille.
Elle est partie. Elle vit encore. Et elle aime.
Le reste n’est finalement que détail.
Elle embrasse avec délicatesse le front d’Alopias, appuyé contre sa poitrine, et sourit dans le noir.

Nombre de messages : 225 Date d'inscription : 21/06/2008

Le matin est assez avancé. La lumière du soleil filtre à travers les branchages d’un arbre bas, puis à travers les quelques trous de la toile de tente, chatouillant le nez du dormeur.

Les couvertures sont éparpillées dans l’abri, comme un matelas de fortune malmené pendant le sommeil.
En hiver il faudra des fourrures, peut être. Plus épaisses, plus douces, plus résistantes aussi. Et diablement odorantes. Il faudra y penser. Le parfum musqué des peaux de bêtes remplacerait, celui, léger et frais de la menthe sauvage que Jade trimbale éternellement dans ses poches.
Accessoirement, ça couvrirait aussi celui des chaussettes sales. La tente n’a pas que des avantages.

Les vêtements, justement, s’étalent aussi dans un coin. Défaite de sac. Prise de possession des lieux. Il n’y a encore que des petites fringues féminines. Des débardeurs de couleurs, des culottes claires, quelques pulls trop larges, une radio éteinte depuis des lustres, des pots et flacons mystérieux… Les affaires de Jade uniquement.
Elle avait laissé, amusée, le sac d’Alopias fermé à l’entrée. Comme pour lui laisser le plaisir de faire ses marques dans cette habitation nouvelle à ses yeux.

Alopias se réveille dans ce joyeux bazar que la rouquine avait organisé avec soin la veille.
Pourtant, dans tout ce bordel, manque quelque chose d’assez essentiel : Elle.

Nombre de messages : 318 Date d'inscription : 11/05/2008

Alopias dormait, l'épreuve de la veille l'y avait enfin contraint, ça faisait des lunes qu'il dormait dehors avec Jade, Il s'était écroulé la veille sous la tente, sa douce à ses cotés... mais quelque chose n'allait pas

Pourtant, pour une fois il se sentait bien, lui qui n'avait rien eu des années durant, lui qui s'était contenté de voir passer les jours, les mois, les années, et souffrir... sans rien faire ! Avait finalement tout pour être heureux. Ou presque.

Un coup de vent sur son épaule dénudé... quelque chose ne va pas !

Il comprend qu'il ne doit plus penser à tout ce qu'il a si bêtement perdu, comme l'amitié de Raven ou ses anciens amis morts à lune de miel, Tasartir, Emily, Gabriel. Pas plus qu'aux quelques problèmes rencontrés avec Naïma.

Un rayon de soleil le frappe à l'œil... ça ne va vraiment pas

Enfin il comprend qu'il doit profiter de ce qu'il a ! Sa douce Jade, son amour, son cœur ! Il a tout ce qui lui faut pour être enfin heureux ! Et plus encore de bonheur à découvrir dans ce monde !

Il ouvre les yeux et trouve les vêtements en pagaille, tout l'univers de cette tente dans un gentil bordel... finalement... tout va bien !

Rassuré par son simple regard sur les chaussettes sales de Jade qui trainent dans un coin de la tente, il sort du sommeil, s'étirant comme un chat avant de croiser les mains derrière la nuque, profitant quelque instant encore que son agréable paresse matinale.

Nombre de messages : 225 Date d'inscription : 21/06/2008

Un pan de la bâche se soulève, plus bruyamment que Jade ne le souhaite. Se pinçant les lèvres en pestant intérieurement, la jeune femme entre dans la tente, les sourcils froncés.

Son expression contrariée se heurte à celle, paisible et tranquille, d’Alopias.
Les yeux verts s’écarquillent, surpris. Surpris de le découvrir déjà réveillé. Surpris de le trouver si peinard.

Elle secoue doucement ses cheveux mouillés.
Elle ne s’attendait à rien pourtant. La soirée avait été éprouvante pour la rouquine, et vu à quelle vitesse lui s’est endormi, il en avait sans doute été de même de son coté.
La nuit leur avait été différente. La première depuis qu’ils dorment ensemble. Elle n’avait pas trouvé complètement la paix.
Première nuit sans faire l’amour, sans se mélanger. Première nuit où ils ne partagent pas le même sommeil. Peut être même pas les mêmes rêves.

La rousse le détaille un instant.
Il est beau comme ça. Les yeux mi clos, l’air taquin, les cheveux ébouriffés et la barbe naissante. Une marque de pli de tissu encore imprimée sur la joue indique que son réveil est récent.

Les regards se croisent dans la lumière étrange. Un sourire fatigué s’esquisse sur les lèvres claires.
Jade pose ce qui lui sert de baluchon serviette, et s’approche à quatre pattes de l’homme sous la couette. Elle s’assied simplement en tailleur, détournant les yeux, et recoiffe du bout des doigts, d’un air distrait, les boucles lourdes d’humidité qui lui tombent sur les épaules.

Nombre de messages : 318 Date d'inscription : 11/05/2008

Un soupir de soulagement, un sourire taquin, une main glissant dans la chaos des couvertures, des doigts remuants s'invitant sous le débardeur pour chercher le contact avec la peau délicate du haut de ses hanches.

Contact !

Un frisson de plaisir semble lui remonter le long du bras, il la touche, sans caresses, brisant volontairement la concentration qu'elle met à se coiffer.

Esquive !

Le corps de la belle se meut presque imperceptiblement pour s'écarter juste assez du doigt. La tache interrompue reprenant presque instantanément, les doigts fins tentant de démêler une crinière de bouclettes humides.

Caresse !

Quelques doigts passent en une longe et délicate caresse sur la peau bordant le pantalon trop large, Alopias se pinçant les lèvres avec un faux-air de pas y toucher, se voulant presque innocent des actions de la main baladeuse.

Vibration !

Le corps de Jade réagit à la caresse, a la présence de ses doigts presque chatouillant glissant sur la peau, la forçant à interrompre une nouvelle fois le soin interminable qu'elle prodigue à ses cheveux.

Nombre de messages : 225 Date d'inscription : 21/06/2008

Un soupir agacé. Long et appuyé, précédé d’une courte inspiration exagérément sonore. Il l’emmerde.
Jade a beau savoir qu’il le fait exprès, qu’il veut juste attirer l’attention, qu’il réclame simplement ce baiser délicieusement rituel qu’il a le droit tous les matins, à chaque fois que leurs lèvres sont assez proches, à chaque minute même si elle le pouvait… ça l’énerve.
Pas beaucoup, soit. Et puis, juste parce qu’elle est fatiguée peut être. Contrariée un peu évidement. Confusément.

Les chatouilles se font insinueuses sur sa peau encore humide. Les gouttelettes à moitié absorbées par les vêtements amplifiant les sensations. Rester de marbre n’est pas facile. Et ces cheveux qui, aujourd’hui, comme par hasard, n’en font qu’à leur tête ! Saleté de peigne ! Si elle ne l’avait pas perdu…

D’un geste un peu vif, la jeune femme se retourne vers son adorable agresseur. La moue renfrognée et les fins sourcils roux froncés.

Nombre de messages : 318 Date d'inscription : 11/05/2008

Un sourire victorieux s'affiche sur le visage d'Alopias, visiblement ravit d'avoir accaparé l'attention de sa belle et d'avoir vaincu cette cruelle indifférence. Très vif malgré son réveil récent, Alopias se redresse. L'action est brusque, au point que Jade en sursaute, pensant peut-être que son amant va se jeter sur elle.

En quelques secondes, la belle rouquine se retrouve à devoir reculer sur ses avant-bras contre la toile de tente. Alopias, bien que tout sourire, ne lui laissant aucune autre alternative.

Alors que son visage n'est plus qu'à quelques centimètres de celui de sa dulcinée à présent en totale position de faiblesse, Alopias se fige brusquement. Il savoure l'odeur des produit des soins qu'elle à utilisée pour laver sa peau et ses cheveux, gonflant ostensiblement ses poumons en souriant.

Le bref intermède est de courte durée, dans une expression faussement menaçante, Il découvre ses dents et fronce les sourcils en une imitation ratée de lion prêt à attaquer.

Le rugissement se fait attendre, le prédateur apparemment désarmé par la contemplation du visage de la belle rouquine sur lequel s'affiche une foule de sentiments, peur, colère, amour, amusement… au bout de quelques secondes, Alopias s'exprime enfin de toute sa force, de toute sa violence, poussant contre toute attente un superbe rugissement à base de…

-Miaou !

Nombre de messages : 225 Date d'inscription : 21/06/2008

Sa Majesté le roi des animaux se ridiculise dans un miaulement inoffensif.
Jade, jusqu'alors globalement irritée, et surprise par l’attaque, ne peut finalement s’empêcher de trouver la situation comique. Un large sourire illumine son visage, éclat de rire silencieux.
Ah il est beau Alopias le chasseur ! Nu, crasseux, à faire des clowneries en Félin raté !

Oui, il est beau, se dit la muette en se mordillant la lèvre inférieure.
Il la surplombe, elle a du mal à tenir sur l’appui précaire de ses bras.
Cette expression joueuse dans les yeux gris vert, cette fossette au coin de sa bouche accompagnant son sourire charmeur et victorieux…

La jeune femme craque et tend ses lèvres pour venir prendre les siennes.
Elle abdique, avec plaisir. Et lui accorde son baiser du matin. Douce, tendre, tiède. Simple.
Même si elle ne se souvient pas trop pourquoi elle était si fâchée, quel sentiment l’envahissait, diffus, l’instant d’avant, elle ne se sent pas pour autant d’humeur passionnée.
Juste l’envie de se blottir contre son amant, ses larges mains caressant doucement sa peau, l’enveloppant avec bienveillance. Qu’elle s’imprègne de cette force tranquille qui émane de ce corps naturellement taillé par la vie et ses adversités.
Puis, sortir de l’alcôve de cette tente. Reprendre le cours des choses, plus sure, plus assurée. Elle l’espère.

Ses bras fins lâchent, et la rouquine se retrouve vraiment allongée. Elle sourit de nouveau, amusée. Une main en profite pour fouiller à sa droite et tirer un petit savon encore glissant de mousse du baluchon, pour le coller sous le nez, tout proche, d’Alopias.
Jade bat des cils innocemment. Il a au moins ça en commun avec le fauve ce matin : l’odeur !

Nombre de messages : 318 Date d'inscription : 11/05/2008

Alopias savoure les lèvres qui s'offrent enfin à lui après l'éclat de rire. Il passe enfin à l'attaque, le petit chaton joueur ce faisant peu à peu tigre féroce, Jade se retrouvant allongée au sol pour être couverte de baisers sur le visage et les épaules.

Le jeu se poursuit, Alopias sentant monter en flèche son propre désir, déformant plus encore son caleçon. Il caresse d'Une main les côtes sous le débardeur effleurant le bord d'un de ses seins, l'autre main jouant dans la jungle de ses cheveux au coiffage inachevé.

Mais la proie use d'une arme déloyale, un petit bloc moussant couleur miel dans le creux d'une main fine et délicate venant se poser sous son nez comme un bouclier à ses baisers.

Une petite moue contrariée s'affiche sur son visage, il se redresse, restant à califourchon sur elle pour se renifler un dessous de bras avec un air dégouté.

-Mouai ! T'as raison ! Ça pue ! Je vais aller me laver.

Son regard se perd sur le visage de Jade pour essayer d'y lire son approbation. Bizarrement, elle semble distante, et encore perturbée par ce qui c'est passé la veille. Libérant la jeune femme en attrapant la savonnette, il prend sa voix la plus douce pour lui parler.

-Écoute… je sais que Naïma a déconnée hier soir avec nous, je ne saurais toujours pas te dire pour quelle raison elle a osée agir comme ça, elle ne me l'a pas dit, mais elle n'était pas dans son état normal et elle avait vraiment besoin de parler à un ami. Vu comment elle a agit, c'était a mon avis une façon pour elle de me montrer que c'était assez important pour que j'évite de la contrarier. Mais pardonne-moi quand-même pour hier soir, et essaye de lui pardonner, s'il te plait ! Ce qu'elle vit en ce moment est bien plus dur pour elle que pour nous. Tout le monde n'a pas la chance de vivre un amour aussi fort que le notre tu sais ?

N'attendant pas de réponses, il ouvre son sac et prend ses affaires de toilettes et des vêtements propres avant de sortir de la tente, volant une dernière bise sur la joue de Jade au passage.

» Au creux de l'oreille