Consume, consomme, qu'on s'aime...

Nombre de messages : 1225 Date d'inscription : 08/06/2008

Nuit de la lune 192 à 193.

Allongé non loin de la berge. Pupilles dilatées et projetées fixement vers les étoiles. Blême sous la pleine lune argentée. Quelques mèches éparses collées contre son front en sueur. Matthias était tellement immobile qu’il paraissait ne plus respirer.
Juste profiter de la descente qui ramène à la réalité.

Pour la première fois depuis longtemps, le jeune homme n’avait pas immédiatement rejoins la couche commune. Il ne le faisait plus, alors elle n’avait pas du remarquer que pour la première fois depuis la centrale, Matthias s’était drogué à coup de psychotropes.
Deux bonnes heures avaient dues s’écouler quoiqu’il ne maîtrisa plus vraiment la notion de temps.
Naïma devait être inquiète ou furieuse mais il ne pouvait pas, ne voulait pas se présenter à elle dans cet état alors qu’il arrivait seulement au stade ou le contact physique d’une autre personne redevient envisageable.

Dans la descente qui ramène à la réalité, moment où les questions reviennent…

Il était tard ... Très tard ... Et il n'était toujours pas rentré.
La première heure, elle avait juste pensé qu'il était occupé. Qu'il discutait, qu'il travaillait sur ses cartes, ou encore qu'il travaillait les peaux de ses proies ...
La deuxième heure, elle commença à se poser des questions plus sérieuses.
Et finalement, une peur viscérale la prit.

Où était-il ?
Etait-il dans la tente de Onze, dans les bras de la jeune femme ?
Des images apparurent dans l'esprit de Naïma. Des images qu'elle redoutait plus que tout ...
Elle secoua la tête pour les chasser.

Etait-il en danger ? Un étranger l'avait-il attaqué sans bruit, dans la nuit ?
D'autres images, de Matthias agonisant dans les marais ...

Elle ne put pas se retenir, et sorti à sa recherche.
Elle passa près de la tente de Onze, scrutant le moindre bruit. Elle n'entendit que Sarah gazouiller.
Elle erra autour du feu éteint, passant entre les tentes, faisant le moins de bruit possible, pour ne pas déranger les autres, qui dormaient.

Elle ne le trouvait pas, et l'inquiétude augmentait. Un nœud se serrait de plus en plus dans son estomac.
Elle se retenait de l'appeler, de crier son nom.

Nombre de messages : 1225 Date d'inscription : 08/06/2008

Pendant ce temps dans le crâne de Matthias les choses continuaient d'accélérer. Sans qu'il n'émette le plus petit mouvement, il se sentait s'enfoncer dans l'herbe drue. Après la fausse et étrange lucidité du trip les idées se re-mélangaient indistinctement: temps, lieux, personnes.
Alors qu'il ne respirait qu'avec lenteur, il lui semblait que son cœur pompait à tout rompre, au bord de la crise cardiaque.
Juste continuer à descendre un peu plus profond pour heurter à nouveau le sol.

Elle respirait profondément, pour se calmer.
Elle inspirait longuement, complètement paniquée.

Au fil de son errance, elle se trouva au bord de la rivière.
Le clapotis de l'eau la calma un peu.
Et puis, la fit paniquer encore plus. S'il était tombé dans l'eau ? Il ne savait pas nager ...

Elle se mit à courir partout, en l'appelant. Déranger quelqu'un lui était complètement sorti de l'esprit.
Et là ... Elle vit un corps, étendu sur le sol, qui ne bougeait pas ...

Son cœur manqua un battement.

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Son nom. Etait-ce réellement son nom qui résonnait dans son crâne ?
Son nom.
Son nom.
Son nom.

La réalité qui revenait se perdit à nouveau. Mauvais signe. L'équilibre précaire qu'il maintenait se rompit. Son nom ? Impossible. Personne ne l'avait jamais appelé.
Ses sourcils se crispèrent imperceptiblement.
Pourquoi ?
Et alors que son regard devenu noir continuait de fixer les étoiles un peu plus pâles sous la pleine lune, il ne savait pas exactement où il se trouvait.
Et les idées de toujours défiler. L'eau... son nom... le jeune homme semblait soudain en apnée...

Elle se précipita vers le corps, vers lui, Matthias. Elle l'avait aussitôt reconnu. Même dans la nuit, même sans bruit, elle savait que c'était lui. Même sans vraiment le voir, sans distinguer son profil ou ses vêtements, elle le savait.

Elle tomba à genoux près de lui, et posa ses mains sur lui.
Ses yeux étaient ouverts, et il respirait. Soulagement.
Elle murmura son nom.

Il ne réagit pas.
Elle agrippa ses épaules, le secoua, et vit ses yeux. Ses yeux dont la pupille envahissait la totalité de l'iris.
Les yeux d'un homme en hypnose, en délire.

Naïma connaissait les drogues. Elle savait même en concevoir.
Certaines servaient à faire des voyages intérieurs pour se découvrir, lire l'avenir, ou encore prendre conseil auprès des ancêtres. Dans le pays de son enfance, cela se faisait.

Mais les drogues que prenait Matthias n'étaient pas les même. Et surtout, il les prenait pour d'autres raisons.
Pour s'oublier.
Mais pourquoi ? ...

Elle ne pouvait rien faire, il n'était pas en état de discuter. Même pas de l'écouter.
L'entendait-il seulement ?
Alors elle resta là, assise à ses cotés, pour faire l'unique chose qu'elle pouvait faire. Veiller sur lui. Veiller sur ses rêves, aussi éveillés et effrayants pouvaient-ils être.

Nombre de messages : 1225 Date d'inscription : 08/06/2008

Contact. L'information parvint avec un léger décalage. Impossible de savoir ce à quoi il rêvait mais la pupille se rétracta imperceptiblement.

Contact. Comme quelqu'un qui aurait été privé d'air, il prit une inspiration angoissé qui le souleva un peu. Il retomba dans une courte quinte de toux et se roula en chien de fusil vers Naïma. Respiration saccadé, il tourna un peu la tête pour porter son regard flou sur elle et agrippa sa main:

"Il m'a noyé. Pourquoi m'avoir sauvé ?"

Parce que si je te laisse te noyer, je me noie aussi.

Elle ne comprenait pas de qui il parlait.
Elle ne savait même pas si il comprendrait sa réponse.
Mais il avait conscience qu'elle était là. Elle lui serra la main, et s'allongea contre lui, pour le prendre dans ses bras.

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Il avait l'air inquiet. Il regardait le visage de la jeune femme tout près du sien. Son contact était à la fois doux et désagréable, rassurant et profondément angoissant.
Le présent lui revenait confusément alors qu'il se débattait avec un épisode passé et profondément oublié. Il sentait bien que les choses ne s'imbriquaient pas, que la réponse n'était pas tout à fait celle là, légèrement différente, à peine.

Elle avait modifié le cours de ses pensées, il ne se serait pas souvenu si elle n'avait pas apporté cet élément extérieur, il se serait juste probablement endormis. Mais maintenant c'était la panique, ne sachant plus ce qui était la réalité présente, la réalité passé, il savait juste que ce n'était pas elle, qu'elle, Naïma, qu'il connaissait pourtant n'aurait pas du se trouver là à ce moment là de sa vie.
Ou peut être que si. Il ne savait plus.

Ca n'avait pas tellement d'importance après tout, il finirait sans doute par se rappeler, par distinguer.
Il sentait qu'il pouvait se raccrocher à elle. Après les abîmes de l'inconscience, le contact humain avait quelque chose de rassurant. Frissonnant un peu il fronça les sourcils. Sa main s'avança vers les cheveux de Naïma qu'il ne toucha pas vraiment comme si cette sensation aurait pu lui être pénible. Il demanda encore:

"Est-ce que... Tous les anges sont bruns, non ?
Je crois... mais sur la photo elle semblait blonde..."

Les anges sont tous différents, Matthias. Un pour chaque période de ta vie.

Ce n'était pas le moment de demander qui était cette blonde, sur la photo.
Plus tard ...

Pour le moment, elle restait à son coté, à lui tenir la main, simplement.
Elle ne devait pas faire plus, pour ne pas l'effrayer, pour ne pas l'entrainer dans des cauchemars pires encore.

Elle n'aimait vraiment pas ces drogues !!

Nombre de messages : 1225 Date d'inscription : 08/06/2008

Du bout des doigts il caressa la main que l'herboriste lui avait abandonnée. Il réapprivoisait le touché qui commençait à redevenir agréable. Cette fois ci sans relever les yeux, il murmura d'une voix rauque:

"Mais les anges meurent aussi."

Lentement il vint se blottir dans le sein de sa maîtresse et alors qu'elle l'entourait de ses bras, un soubresaut l'agita. Sa poitrine se brisa en pleurs difficiles à évacuer.

Elle le serra tendrement contre elle, en lui caressant les cheveux, comme l'aurait fait une mère, plutôt qu'une amante.
Il pleurait ... Quelle étrange expérience, que de voir cet homme si enjoué, qu'on pouvait imaginer dénué de tout sentiment de tristesse, fondre ainsi en larmes.
Des larmes qui peinaient à sortir, et qui inondaient la tunique de Naïma.

Les anges ne meurent pas, mon amour. Jamais.
Ils vont juste vivre ailleurs. Ils retournent au paradis.

Elle le berça doucement, et déposa un délicat baiser sur son front.

Je veille sur toi ici, près de toi.
Ton ange blond veille sur toi depuis les nuages.

Pour la première fois, elle consentait à être un ange.

Nombre de messages : 1225 Date d'inscription : 08/06/2008

La crise fut de courte durée mais ressembla franchement à une agonie douloureuse tant les sanglots le secouèrent.

Les larmes s'étaient taries rapidement, un léger râle l'agita encore quelques instants. Puis il se calma définitivement sous les caresses maternelles de la jeune femme. Bien sur il ne se rendait pas compte qu'elle était d'une patience infinie avec lui alors même qu'elle ne l'était pas avec grand monde.
Restant enfouis dans les doux bras, il extirpa néanmoins sa main et vint serrer celle qu'elle tenait sur sa nuque. Après avoir reniflé un peu, il demanda à Naïma:

"Tu me racontes une histoire d'Ange ?"

Elle sourit doucement.
Il lui demandait une histoire. Il sortait pour de bon de ses rêves.

Il était une fois une femme qui vivait tranquillement, dans une petite maison, au bord de la mer.
Un jour, un vieil homme vint frapper à sa porte. C'était un pécheur qui venait de faire naufrage. La mer l'avait rejeté sur la rive. Il ne savait pas où il était, il avait perdu sa barque, sa pêche, et pire, son fils, qui pêchait avec lui.
L'homme pleurait, sans pouvoir s'arrêter.
Alors la femme le fit entrer chez elle, elle le nourrit, et le coucha.

Quand la nuit fut tombée, elle sortit de sa maison, et entra dans l'océan.
Elle s'enfonça dans l'eau rapidement. Elle marcha sur le sable jusqu'au fond de la mer. Jusqu'au royaume des sirènes.
Elle alla trouver le roi des sirènes, pour demander s'il savait ce qui était arrivé au fils du pêcheur.
Il le savait. Une de ses filles était tombée sous le charme du jeune homme. Elle avait fait chavirer le bateau, et avait entrainé l'homme avec elle au fond des eaux.

La femme demanda au roi de la mer qu'il libère l'homme. Mais la jeune sirène ne voulait pas relâcher l'homme qu'elle aimait.
Le roi insista, et sa fille finit par céder.
Mais il était fourbe, et il acheta la liberté de l'homme contre celle de la femme.
Elle accepta.

Le roi tint parole et libéra le jeune pécheur. Il le relâcha sur la plage où était la maison de la femme. Il fit ressurgir des flots la barque, ainsi que tous les poissons qu'ils avaient pêché.
Le pêcheur retrouva son père. Tous deux montèrent dans la barque, et le roi des eaux les ramena chez eux.

La femme resta auprès de lui. Avec le temps, elle devint une sirène. Une sirène au service du roi pour l'éternité.
Jamais elle ne cessa de veiller sur le vieil homme et son fils. A chacune de leur pêche, elle envoyait de gros poissons dans leurs filets.
Et elle le fit pour ses fils, et les fils de ses fils.
Grâce à elle, le jeune pêcheur pu rentrer chez lui et retrouver sa fiancée.
Grâce à elle, et leurs pêches miraculeuses, jamais ils ne manquèrent de rien.

Et jamais ils n'oublièrent d'honorer la femme qui avait sacrifié sa liberté pour ces hommes, qu'elle ne connaissait pas.
Les fils du jeune pêcheur n'oublièrent pas non plus. Les fils des fils non plus.
Et des générations plus tard, dans les maisons des descendants du jeune pêcheur, il y a toujours l'image d'une sirène, que l'on salue avant d'aller en mer, et en rentrant.

Cette femme était un ange. Un ange gardien.
Et dans la maison de mes parents, l'image de la sirène était à coté de la porte d'entrée.

Il était apaisé, complètement abandonné contre elle.
Elle aimait cet homme. Elle l'aimait au point d'agir différent envers lui par rapport aux autres.
Elle l'aimait au point de le consoler alors qu'elle aurait abandonné toute autre personne dans des rêves effrayants.
Elle l'aimait au point de ne plus être vraiment elle ...

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Expression étrange que celle du jeune homme lorsqu'il se dégagea pour observer l'herboriste. Lui dont on ne pouvait que très rarement lire les sentiments, se peignaient sur son visage tous ceux qu'il ressentait. Ouvert, démuni, elle pouvait assurément pour la première fois lire en lui comme dans un livre ouvert, il aurait sans doute suffit de lui poser les bonnes questions.
Mais son instinct inquisiteur reprenait lentement le dessus. Après un instant de silence, il demanda:

"Tes parents étaient pêcheurs... ?"

Ni vraiment un question, ni vraiment un affirmation.
De toutes les façons la réponse ne changeait rien pour lui, elle était et restait son ange gardien.
Mais quelque chose de diffus se révélait. Sans prendre en compte ce qu'il voulait croire, la réalité le rattrapait. Peu important le caractère superstitieux. Et dans cette histoire la vie de Naïma autant que la sienne se mêlaient.
Son regard était encore trouble mais déjà, sans qu'elle eut le temps de répondre, un éclair de lucidité brillait dans es yeux et il demanda encore:

"Mais... cette femme... n'avait-elle pas de famille sur laquelle veiller avant de sacrifier la sienne? N'avait -elle pas de fils aimés ? Etait-elle destinée à ces rencontres puis à cette vie ?
Crois-tu avoir un ange gardien... cet ange ?"

Oui, il se réveillait vraiment.
Il avait un air étrange, un air qu'elle ne lui avait jamais vu. Elle pouvait voir ses faiblesses, ses blessures. Elle pouvait les voir, mais sans les identifier.
Il restait malgré tout Matthias, l'homme sans histoire ...

Ma famille n'est plus une famille de pêcheurs.
Quand à cette femme, elle vivait seule. Je ne sais pas si c'était son destin, mais elle a choisi de rester au fond de l'océan pour sauver mon ancêtre.

Je sais qu'elle veille sur moi, comme elle a veillé sur toute ma famille.
Mais ... elle n'est pas près de moi, comme je suis près de toi ...

Elle déposa un léger baiser sur le front de Matthias. Il était encore trempé de la sueur que provoquaient les drogues. Ses rêves n'avaient pas dû être doux ...
Tout doucement, elle lui demanda :

Qui était cet ange blond, sur la photo ?

Elle lui avait donné une partie de son histoire. Une partie de l'histoire de sa famille.
Elle espérait qu'il en ferait de même ... au moins un peu.

Nombre de messages : 1225 Date d'inscription : 08/06/2008

Matthias ferma les yeux avec un léger froncement de sourcils. Des images étranges d'anges et de sirènes affluèrent dans son esprit délabré. Il ne se souvenait plus d'en avoir parlé mais la question de Naïma ne lui parut pas plus étrange que ça, elle avait tout pouvoir.

"La femme qui aurait sans doute su m'apprendre à t'aimer comme tu le mériterais.

Je... Peut être... Peut être était-ce l'ange de quelqu'un d'autre mais moi...moi... je n'ai fait que la tuer..."

Son regard sombre s'égara à nouveau dans ceux de la jeune femme. Comme attendant d'être jugé.

La tuer ...
Mais pourtant, il n'avait son image qu'en photo, sinon il n'aurait pas mentionné ça. Et il saurait qui elle était.

Elle le regarda tendrement.

Mon amour, dis-moi ... Dis-moi ce qu'il s'est passé.

Elle n'avait jamais vu Matthias s'en vouloir d'avoir tué quelqu'un.
C'était une première. Mais c'était surtout étrange. Ce n'était sans doute pas un de ces meurtres derrière une dune, pour récupérer un sac plein de viande et de gourdes ...

Nombre de messages : 1225 Date d'inscription : 08/06/2008

Pendant un moment Matthias ne broncha pas. Imperceptiblement il se recala un peu mieux dans les bras de la jeune femme.

" Je suis né pour la tuer. Elle n'avait pas demandé à mourir, je crois qu'elle n'avait même pas demandé à m'avoir. Mais voilà... je suis arrivé, elle a perdu la vie. Elle l'a perdu en me la donnant... je l'ai prise, tu comprends ?

J'aimerai croire qu'elle veille sur moi depuis ton pays merveilleux, mais pourquoi aurait-elle envie de le faire... "

Sa mère ... morte en couches ...

Oui, elle veille sur toi. Toute mère aime son enfant, Matthias.
Tu n'as pas pris sa vie. Elle te l'a donné.

Elle le berça.
Cette conversation, légèrement surréaliste, lui faisait découvrir l'histoire de l'homme qu'elle aimait. L'histoire qu'il ne voulait pas raconter.
Et cela faisait remonter ses propres souvenirs. Ceux qu'elle avait enfoui au plus profond d'elle. Ceux qu'elle avait tenté d'oublier, pour ne plus en souffrir ...

Matthias ... savait que sa mère était morte. Il savait comment.
Cela était-il plus ou moins réconfortant que d'avoir de jolis souvenirs, mais tant de questions qui n'auraient jamais de réponses ?

Nombre de messages : 1225 Date d'inscription : 08/06/2008

Une décharge dans son crâne. La douleur crispa ses traits. Il ferma encore une fois les yeux.

"Sauf qu'elle n'a jamais eu l'occasion d'être ma mère. Et que tous les parents n'aiment pas leurs enfants."

Du revers de la main Matthias s'épongea le front. Aucune question pour lui n'avait jamais eu de réponse.
Sans préavis il asséna:

"Je t'aime, Naïma mon ange, même si je te fais du mal. Je t'aime."

Je sais, Matthias. Je sais.

Elle ne trouvait rien de plus à dire. Alors elle resta silencieuse, à le tenir dans ses bras, en attendant qu'il aille mieux, qu'il lui dise une chose futile, comme d'habitude.
Il avait des blessures profondes. Bien plus profondes que celles de beaucoup de gens.
Que pouvait-elle faire pour le réconforter, à part être là, près de lui ?

Elle se sentait terriblement impuissante.

Nombre de messages : 1225 Date d'inscription : 08/06/2008

Pendant un certain temps le jeune homme fixa Naïma en silence. Impossible de déterminer s'il l'observait réellement ou s'il était reparti. Épuisé, Matthias finit par sombrer là dans les bras de sa maîtresse. Un sommeil agité de quelques soubresauts nerveux, quelques paroles bredouillées, comme toujours.
Néanmoins il dormait, en tout abandon.

Elle veilla sur son sommeil. Ce sommeil qui le prenait si rarement, et qui, chaque fois, lui donnait des rêves qui le faisaient frissonner et trembler.
Elle lui offrit son corps comme réconfort, doux et chaud, dans la nuit qui se prolongeait.
Elle le serra contre elle, pour le tenir au chaud, pour le tenir à l'abri.

La nuit passa comme ça, tout doucement.
Elle regarda les étoiles tourner dans le ciel, pour s'estomper finalement, quand l'aube arriva.

Nombre de messages : 1225 Date d'inscription : 08/06/2008

Blottit dans le bras de Naïma, le jeune homme s'éveilla doucement. Il émergea en jetant un coup d'œil malveillant et étonné autour de lui sans plus trop savoir ce qu'ils faisaient là.

Puis laissant les souvenirs revenir lentement, Matthias remonta au niveau de l'herboriste. Il lui adressa son plus beau sourire, le regard brillant avant de poser ses lèvres sur son front.
La prenant à son tour dans ses bras pour l'inviter à dormir un peu, il souffla en guise de remerciement, quoique mentant un peu sur la teneur de ses rêves:

"J'ai rêvé qu'un ange merveilleux merveilleux berçait mon sommeil."