Rencontre au coin d'une dune...

Onze fumait tranquillement une cigarette, affalée dans le sable lorsqu'elle aperçut au loin un groupe approcher... Décidément, la région n'était pas si désertique que ça en ce moment... Elle n'y prêta pas attention jusqu'à ce que le groupe se rapprocha encore plus.

La jeune femme se redressa alors et les observa plus détails... Ils étaient plus nombreux qu'eux mais aucune arme de guerre ne semblait pointer son nez. Onze sourit et s'adressa à ses compagnons :

Semblerait qu'y'ait des nouveaux dans le coin... Ca nous changera des anciens d'Ironmachin hein...

Le groupe n'était plus très loin. Elle se releva tout à fait et s'alluma une nouvelle cigarette avant d'aller à leur rencontre. La démarche nonchalante et l'air insouciant, elle les salua donc :

Hé 'lut tout le monde ! V'nez de loin comme ça ?

Elle tendit sa main au premier venu :

Moi c'est Onze heures Trente. Vous ?

Cheveux châtains en bataille, regard clair déjà intrigué, allure vive et enjouée, Matthias s'avança sur les traces de l'Infidèle. Après une ample révérence et un rapide effleurement de la main féminine de ses lèvres, le jeune homme se recula d'un bond pour mieux juger de l'ensemble (et aussi parce qu'il sait qu'un coup est vite donné). Son ton est rapide et espiègle:


" Onze heures trente ? ONZE. HEURES. TRENTE. Mystérieux, vraiment très mystérieux !!!


Puis sautant du coq à l'âne comme si le nom ne l'avait en réalité pas intrigué:


" Je m'appelle Matthias. Matthias Stöger. Vous venez tous "d'Ironmachin" ? On en est pas très loin, non ? z'allez où ?

Ha ! La jeune femme ici présente c'est Jade. Et derrière arrivent l'ange Naïma, le sombre Henri et l'étrange Tan. Allez les enfants dites bonjour à la dame!!! "


Après s'être un instant tourné vers ses compagnons, il reporta toute son attention sur la nouvelle venue.

La jeune femme se pencha de côté pour voir qui était derrière Matthias. Elle adressa un signe de la main aux compagnons de l'homme, notamment à la rousse qui accompagnait Alopias :

Bonjour bonjour... Onze, hein, on va pas la refaire... Eux là bas, c'est Lex, Jay et John.

Elle reporta son attention sur Matthias :

Ouais on vient tous d'Iron. C'pas bien loin... Là bas...

D'un très vague signe de la main, elle désigna le Nord Est...

Dans la plaine... Bref ! On a pas de route précise pour le moment, j'ai bien une carte, mais j'la regarde pas trop... Peut-être bifurquer vers le Grand Est, et vous ?

Onze coinça entre ses lèvres une énième clope et tendit son paquet vers les Infidèles :

Quelqu'un en veut une ? Signe de bienvenue, tout ça... Chouette non ?

C'est drôle ça quand même... Matthias... Y'en avait un à l'Institut... Un p'tit teigneux, c'pas toi par hasard ?

Elle lui adressa un sourire en coin, sachant pertinemment que ce n'était pas lui...

Amusé Matthias passa un langue rapide sur le bord de ses incisives puis répondit en riant:


" Provocante en plus ! Haha très très bon. Je crois que si j'avais été dans un "institut" c'pas le mot "teigneux" qui serait venu en premier à l'esprit des gens. Dis moi petit mystère, Matthias c'est peut être commun mais toi? tu changes de nom à chaque heure ?


Narquois le jeune homme prit une des clopes tendues, la plaça entre ses lèvres et s'avança légèrement pour attendre un hypothétique briquet.

Lex qui arrive seulement à hauteur de Onze et des Infidèles intercepte la réplique de Matthias. Elle sourit en entendant la plaisanterie et note par la même occasion qu'elle n'a même pas demandé à Onze d'où lui venait se nom...
Discrète elle fait rapidement le tour des nouveaux arrivants... Elle Marque un temps d'arrêt sur celle qu'ils prénomment Jade: rouquine, famélique et réservée... Lex est troublée devant cette fille qui pourrait être sa jumelle en plus féminine...
Puis elle reprend son observation. Le "chef", Alopias, lui évoque un ces héros d'ordinaire solitaire qui, contraint par leur bonté d'âme guide de braves types trop faibles pour s'en sortir seuls...
Quand au plaisantin, quelques chose lui dit que la jeune Onze lui a tapé dans l'œil...
Se surprenant à coller des étiquettes sur la tête de chacun elle se ravise en se disant qu'elle apprendrait tôt ou tard à les connaître pour ce qu'ils sont vraiment...

Tan regarda les nouveaux arrivant avec un air légèrement ennuyé.
Plus on est nombreux, plus il y a d'emmerde! C'est bien connu.

D'un autre côté, il avait un grand besoin d'alliés, ou, au minimum, d'un groupe tampon de neutralité.

Il s'astreint donc à les saluer avec courtoisie, refrénant même son envie de taxer une clope:

Salut et bienvenu sur not'dune...

Jay observa un peu en retrait l'arrivé des Infidèles et l'accueil réservé par Onze. Il les jaugeait un par un, un peu méfiant. Ce n'était déjà pas évident pour lui de prendre la route avec des gens qu'il ne connaissait pratiquement pas... alors se retrouver la au milieu de nulle part avec que des inconnus...

Puis il aperçu un homme qui lui fit signe, il mit du temps a le reconnaître... cela faisait bien 1 ou 2 ans qu'il n'avait pas revu Alopias, depuis on passage a Outer Heaven avec Raven. Il leva la main faisant le signe des hippies avec son index et son majeur et hocha la tête en guise de salutation.

Puis il observa longuement ce Mathias se disant qu'il mettrait sûrement longtemps avant de pouvoir l'encadrer... Jay ne pouvait pas blairer ceux qui faisait de l'esprit... et plus largement il avait du mal avec ceux qui pouvait être plus grande gueule que lui... et ce Mathias l'a ramenait beaucoup trop à son goût.

Quand Onze présenta chaque membre de son groupe, Il s'avança d'un petit mètre pour lancer un "Yep, salut" aux nouveaux arrivants.

Alors que Onze avait établie le premier contact, John s'avança munie de son plus grand sourire. C'est avec son enthousiasme habituel qu'il vint accueillir les nouveaux arrivants :

Salut la compagnie ! La pêche ??!

Et comme à son habitude il ne se désarma pas face au regard glacial qu'on lui lança :

Et ben ! Faites pas cette tête ! On dirait le regard d'une poule qui vient de trouver un dentiste !

Puis dans la foulée il sortit son pic à brochette porte bonheur :

Maintenant qu'on est nombreux on va pouvoir se faire un barbecue !!

Voilà pas mal de temps que le groupe déambulait entre les dunes. Les traits tirés, Henri maugréait depuis plusieurs heures. Il avait du mal à supporter cette marche forcée, et encore plus de mal à soutenir le soleil printanier qui se faisait de plus en plus présent. Heureusement, la nuit n'allait plus trop tarder : à lui la fraicheur et l'obscurité tant attendues.

Soudain, Alopias, qui agissait en meneur, s'arréta. Au loin, 4 personnes venaient en leur direction. Henri plissa les yeux, lutta contre la luminosité pour mieux les apercevoir. Il se rendit compte que, malgré leurs armes, ils ne prenaient aucune attitude agressive. Aussi continua-t-il avec les autres avec calme et sérénité.

Une fois à leur hauteur, les présentations furent de rigueur. Les Autres étaient menées par une jeune femme élancée d'allure détendue, au patronyme étrange. Derrière elle suivaient une femme rousse au regard méfiant, et 2 hommes assez robustes.

Matthias, avec son naturel ouvert et extraverti, joua son numéro d'ambassadeur, comme il l'avait fait il y a une lune de ça, lorsque lui même arriva parmi les Infidèles. Cela arrangea Henri, beaucoup moins à l'aise et sociable. La tête enfoncée dans les épaules, noyée entre ses cheveux rebelles et sa barbe sombre, le col de son pardessus noir remonté protégeant son cou et le bas de son visage de l'agression solaire, il ressemblait à une chauve-souris exténuée.

Il répondit seulement à l'évocation de son nom par un mouvement de tête et un signe de la main.

Il allait s'asseoir lorsque la dénommée Onze proposa une cigarette....
Cigarette... Voilà des années qu'il n'y avait plus gouté...
Cela le sortit de son asociabilité et le poussa à aller à la rencontre de l'Inconnue.

Une fois à son niveau, il pinça ses lèvres et avança sa main vers le paquet bicolore.

"Puis-je ? Cela fait une éternité que je n'en ai plus fumé..."demanda-t-il d'un ton calme, contrastant avec la familiarité de Matthias qui se tenait à coté de lui, le briquet à la main...

Onze tendit avec joie une cigarette à Henri, ainsi qu'une petite boite d'allumettes :

Gardes les, j'en ai d'autres. Des clopes aussi...

Elle tourna ensuite la tête vers l'un de ses compagnons :

John, tu nous allumes un feu ? Commence à s'faire faim, et tu vas pouvoir leur montrer avec quelle habilité tu manie ton pic ! 'fin fais gaffe aux demoiselles tout de même, ça s'rait dommage de leur crever un oeil !

La jeune femme lui lança un sourire entendu avant de reporter son attention sur Matthias, apparemment trublion attitré des nouveaux...

T'm'as l'air d'être un comique toi ! C'pas mal... Pour ta gouverne, non je ne changes pas de nom toutes les heures... Tu veux connaitre la raison d'ce surnom ? Bah, même eux, elle désigna son groupe, le savent pas...
Et puis, Onze heures Trente, c'est chouette non ?

Ah oui, tiens...

Elle lui lança un vieux briquet, qui avait visiblement déjà pas mal servi :

T'm'as l'air bien embêté avec ta clope là...

Et Onze se mit à rire juste après...

Matthias resta de marbre, clope aux lèvres jusqu'à ce qu''il intercepte le briquet au vol. La flamme jaillit, le jeune homme plissa légèrement les yeux lorsque le tabac commença à se consumer. Il inspira profondément et expira de même avant de tendre l'objet à sa propriétaire en répondant


" Haaaaa mais non ! Les mystères n'intéressent plus personne lorsqu'ils sont résolus. J'veux rien savoir de ça moi."


Désintérêt soudain ou dissimulation, Matthias passa une nouvelle fois à autre chose. Avisant le chasseur qui sortait ses proies de son sac, il enchaina.


"Ha? c'est l'heure d'établir le camp d'jà? On reste ensemble pour la nuit alors? Que les misanthrope lèvent la main ! "


Il darda un rapide coup d'oeil inquisiteur sur les membres des deux groupes et rajouta sans laisser à quiconque le temps de protester:


"Aucun ? Adjugé vendu alors. Festoyons ce soir. Parait que Henri danse super bien, il nous gratifiera peut être d'un petit spectacle. Hein mec?"


Avec un sourire freedent passablement narquois, Matthias mit une petite claque sur l'épaule de l'homme.

A peine Onze eu-t-elle finit sa phrase, que John soufflait sur les braises pour relancer le feu. Dès qu'il avait une occasion de cuisiner, il se précipitait. Il bricola quelques pic à brochettes avec des bouts de bois sec, il en fit assez pour tout le monde. Puis il prit un peu de viande et se mit à l'ouvrage :

Vous allez voir comment cuisine un écossais, nom d'un petit bonhomme !

Puis il tourna la tête vers le groupe avec de nouveau son énorme sourire :

Après ça vous aurez envie de m'embrasser et vous ne me quitterez plus jamais ! Ca leur fais tous ça !


Une nouvelle fois l'ambiance resta glaciale. Exactement le genre d'ambiance que John détestait.

Décrispez vous bon sang ! On va pas vous manger !

Décrispez vous bon sang ! On va pas vous manger !

En entendant cela, Tan senti son corps et son âme se crisper. Des souvenir inavoués obscurcir momentanément son regard et sa bouche se tordit dans un tic nerveux.

Puis comme s'y rien ne s'était passé, il pris la parole d'un air enjoué.

Z'avez l'air d'une sacré bande de loustic vous aut'.
Qu'es' vous s'f'sez dans ce désert, à part distribuer vos clopes?

Jusqu'alors encore réservée face aux nouveaux venus Lex commence à se détendre. Aussi étrange que lui paraisse l'idée d'un groupe aussi pacifique survivant dans le désert, elle oublie le fait que tôt ou tard les agneaux doivent se faire loup pour se protéger des pillards et des sauvages et se laisse aller à profiter de leur sympathie et de la boustifaille de McJohn.
Ce bougre a raison: elle aura bien du mal à se remettre aux pièces de viande à moitié cuites si par malheur son chemin se séparait du sien.
Une bonne ambiance règne autour du feu de camp tandis que les brochettes achèvent de cuire lorsque subitement un claquement retentit. Lex en sursaute avant de constater la scène: son alter ego angélique vient de sanctionner le malboro man d'un geste d'une violence insoupçonnée... Celui ci un peu piteux se justifie en offrant l'une des brochettes de l'écossais à la jeune fille. Lex sourit... Décidément sa "frangine" lui ressemble beaucoup si l'on omet le fait qu'elle a la peau bien plus pâle, les cheveux plus long et que dans l'ensemble elle semble plus "fragile" qu'elle... (par opposition, Lex a le teint plus hâlé, de petites griffures et hématomes un peu partout et sa coupe de cheveux anarchique et ses traits de visages un peu plus dur lui donne des airs de garçonne...)
Coupant court aux tensions générée par la faim, Lex sur un hochement de tête approbateur du chef cuistot se lève , attrape le reste de brochettes et commence la distribution. En remettant l'une d'entre elle à Alopias elle lui adresse un sourire mi amusé mi compatissant et dit:
"Tout vient à point à qui sait attendre... et pour la viande, c'est mieux d'être à point..."

Tan, qui avais observé la scène avec un sérieux un peu trop marqué, s'adressa alors froidement à Alopias:

Hé, la prochaine fois laisse moi me servir en premier, t'auras moins l'air d'un morfal

Puis, après avoir soutenu quelque seconde son regard, il lui esquissa ce qui pouvait passer pour un début de sourire...

Après avoir remercier la serveuse d'un sourire affable et déjà gobé un morceau de viande, Matthias faillit s'étouffer en entendant Tan. Puis dit d'une voix à moitié étranglée de rire:


" Wouhaaa fait attention mec, s'tu continues tu vas presque avoir l'air sympathique!


Posant son regard immédiatement après sur John:


"Hé M'sieur le cuistot, très bon, j'suis obligé d'avouer. Tu veux qu'je t'embrasse ou ça ira ? "

L'arrivée de ces nouveaux venues apportait une fraîcheur opportune à l'atmosphère ambiante.
La tension qui animait habituellement le groupe -et dont Tan se savait être la cause première- s'était considérablement allégée.

Tan se permis même de lancer deux ou trois regards qu'il voulait amicaux à Jade et à Alopias et de nombreux autres au reste des convives.

Rendu quelque peu euphorique par la qualité indéniable de la nourriture, il en oubliait d'être associable et participait presque joyeusement aux conversations.

A un moment, il prit un air grave, baissa un peu sa voix et dit ,à l'adresse du groupe mais aussi du feu, qu'il regardait fixement :

Quand j'étais gosse, j'ai vue un film. Un truc sur une guerre. Un sale truc dans des forêts folles.
Un militaire, colonel ou général, était devenu fou.
Il a dit cette phrase que je n'ai jamais pu oublier: Je suis une limace rampant sur le fil du rasoir

Tan s'arrêta alors de parler. Un silence interloqué accompagna la citation et, avant que quiconque puisse briser son effet, Tan releva la tête et parti dans un grand éclat de rire.

Voila pourquoi je suis toujours mal rasé!