Réveil dans la plaine

L'arrivée de Henri dans le groupe avait plongé Naïma dans un état étrange. Durant plusieurs lunes, elle avait semblé absente, ne faisant que les actions nécéssaires, pour sa survie, et celle de ses compagnons.

Mais un matin, son réveil ne fut pas que physique. Ses yeux s'ouvrir, et la lumière du jour sembla éclairer son esprit, pour la première fois depuis longtemps. Le soleil naissant enflammait le ciel.
Naïma se leva, sortit de sa tente, et posa un regard neuf sur le monde. La plaine était belle, le ciel dégagé.
Personne n'était encore debout. Le camp était calme.
Naïma s'étira, but un peu d'eau.
Son regard se posa sur la tente d'Alopias. Il était temps qu'elle reprenne sa place dans le groupe. Laisser Alopias supporter toutes les contraintes ne lui plaisait pas.
Puis la tente d'Henri. Il serait temps de parler avec lui. Comprendre qui il était, enfin. Parler d'Eugène. Exorciser ses démons, qui la tourmentaient depuis bien trop longtemps.

Enfin, son regard se posa finalement sur la tente de Matthias.
Matthias ...
Une envie furieuse de sentir les bras de l'homme autour d'elle se fit ressentir. Une chaleur commença même à naître au creux de ses reins.
Elle s'approcha doucement de la tente, écarta doucement les pans de la toile, et entra dans la tente de l'homme.
Cet homme qui avait été son amant, qui lui avait fait ressentir certaines choses qu'elle n'avait pas ressenti depuis longtemps.
Cet homme qu'elle avait finalement délaissé, sans raison.
Elle revenait maintenant vers lui, espérant de tout coeur qu'il l'accueillerai, comme avant.

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Des habits jetés n'importe comment, une couverture manifestement arrachée pendant le sommeil, quelques gourdes d'eau éparpillés, tel était le spectacle qu'offrait l'intérieur de la tente de Matthias. Lui même dormait en vrac, étalé à même le sol.

Nu, une main sur le ventre, l'autre bras loin du corps.

Le front moite de sueur, le jeune homme rêvait, happé par ce demi sommeil qui précède le réveil.

Ses yeux mi-clos captèrent le filet de lueur du jour, captèrent la silhouette qu'il connaissait par coeur.
Naïma l'ange... une apparition improbable. Personne n'avait jamais mis les pieds dans sa tente, surtout pas elle. Naïma qui ne lui avait pas adressé la parole depuis une éternité, Naïma pour laquelle l'air de rien, il s'inquiétait.

Gêné par la lumière, il tourna la tête vers l'ombre.

Un profond soupir souleva sa poitrine, ses songes prirent une autre direction et finalement la seule réaction qu'il eut, fut une superbe érection.

La réaction de Matthias fit sourire Naïma. Visiblement, il ne la rejetait pas. Au contraire.
Elle entra donc plus dans la tente, laissant retomber le pan de toile derrière elle. Le soleil qui brillait de plus en plus fort faisait ressortir sa silhouette en ombre chinoise.
Naïma délassa sa tunique, et la laissa doucement glisser le long de son corps, dévoilant petit à petit sa peau ambrée.
Ses épaules se découvrirent en premier. La tunique s'arrêta quelques instant, bloquée par sa poitrine, mais finit par glisser
jusqu'à sa taille, libérant ses seins qui pointaient de désir. La tunique descendit jusqu'à ses pieds, entrainant dans sa chute son pantalon.
Une fois nue, Naïma resta ainsi quelques instants, offrant son corps au regard de son amant.
Un petit sourire espiègle éclairait toujours son visage, depuis peu revenu à la vie.

Elle s'approcha doucement et s'agenouilla près de l'homme dénudé. Sa main caressa doucement sa joue, recouverte d'une barbe naissante. Puis elle s'attarda dans le cou, caressant le creux au dessus de la clavicule.
Ses doigts coururent ensuite sur le torse de Matthias, s'attardant sur les tétons qui durcissaient.
Le ventre, le nombril, le bas-ventre ...

Naïma empoigna le sexe de Matthias, et commença doucement à le caresser.

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Une onde de plaisir, une onde de choc. La peau masculine frémit imperceptiblement sous le parcours de la main inattendue.

Une seconde vague de volupté, un léger soupir de satisfaction. Une caresse trop intense pour être honnête... Matthias du fond de son inconscience percuta soudainement. Dans un sursaut d'étonnement il ouvrit les yeux. Elle était bien là, près de lui, à le toucher, le caresser, nue, le sourire espiègle, le regard limpide.

Durant une fraction de seconde il fut décontenancé, se demandant si sa raison l'avait abandonné.
Il entrouvrit les lèvres pour parler mais fut incapable de prononcer le moindre mot... comme si le flot de questions tétanisait sa langue. D'ailleurs le désir violent qui le tenaillait allié à la brume des songes ne lui permettait pas d'avoir les idées bien nettes.

Alors il tendit la main vers son corps, ne pensant plus qu'à l'étreindre comme pour prolonger son rêve...

Elle se serra contre lui, quand sa main vint l'y inviter.
Elle s'allongea et se serra contre lui. Sa peau chaude et douce était un régal.
Sa bouche commença alors elle aussi à se promener sur le corps de l'homme. D'abord dans son cou, puis remonta vers le visage, vers ses lèvres, qu'elle embrassa tendrement.

Elle se souvint de la dernière fois, dans la forêt. Cette fois là, où rien n'aurait pu l'arrêter.
Aujourd'hui, ce n'était pas la même chose. Alors que la dernière fois, seul le désir sexuel était là, cette fois, elle avait envie d'être avec lui, d'être contre lui, tout simplement. Elle avait envie de sa présence.

Elle continua à l'embrasser et le caresser, doucement, en attendant un signe de sa part, en attendant qu'il lui signifie ce qu'il voulait.

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Pendant un moment Matthias se laissa bercer par les douces caresses de la jeune femme avant d'y répondre réellement.

La situation était effectivement différente d'ailleurs l'homme était à cet instant tout à fait différent.

La tête vide, troublé par ce moment de lascivité inespéré, lui ne pensait ni à la dernière fois avec elle ni à aucune autre. De fait cette fois ci il ne jouait pas, pas plus qu'il ne souriait et avait dans le regard une expression à la fois subjuguée et particulièrement sérieuse.

De caresses en caresses alors qu'elle se serrait de plus en plus étroitement contre lui, il finit par la posséder. Et ce fut avec une tendresse et une douceur qui l'auraient lui même étonné s'il s'en était rendu compte...

Matthias la prit tendrement, couvrant son corps de caresses. Ses mains étaient douces et délicates, et faisaient naître sur sa peau des frissons de plaisir.
Faire l'amour avec Matthias fut délicieux. Un délice rare, auquel on ne goute pas souvent mais dont on se souvient très longtemps. Un délice qu'on désire revivre chaque jour, après y avoir gouté. Ce tel délice lui fut offert ce matin par Matthias.

Quand la jouissance les eu pris tous les deux, leurs corps retombèrent sur la couche de Matthias. Naïma se serra à nouveau contre Matthias, posant sa tête sur le torse de l'homme.
La respiration de Matthias soulevait et rabaissait doucement sa poitrine. De plus en plus doucement, au fur et à mesure que son cœur se calmait. Le mouvement berça doucement Naïma, qui s'enfonça petit à petit dans un doux sommeil.

Elle s'endormit ainsi, contre Matthias. Contre cet homme qui faisait naître ce feu dans ses reins, et cette sensation étrange dans sa poitrine, qu'elle ne voulait pas écouter.

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A l'extérieur le camp s'agitait de plus en plus. Enlacés l'un contre l'autre; ils avaient dormi un petit moment. Mais la rumeur se faisait de plus en plus pressante et bientôt il faudrait sans doute lever le camp.

C'est bien réveillé que tout doucement, Matthias chatouilla le cou de la jeune médecin en lui soufflant à l'oreille:

" Heyyy ange délicieux... c'est le moment d'émerger."

Alors que Naïma ouvrait les yeux, Matthias arborait son air habituel: un peu espiègle, un peu charmeur. Pourtant, alors qu'elle s'éveillait doucement, c'est avec son sens inné de l'inappropos qu'il demanda subitement:

"Mon ange, pourquoi aujourd'hui ? "

Elle n'avait pas envie de se réveiller, et de quitter les bras de Matthias. Mais il le fallait.
Elle ouvrit donc les yeux sur le visage de Matthias, et son regard pétillant.

"Mon ange, pourquoi aujourd'hui ? "

Pourquoi ? Bonne question. Pourquoi ce matin là, le soleil l'avait-il enfin réveillé ? Alors que les jours précédents, il ne faisait qu'ouvrir ses yeux ?
Pourquoi aujourd'hui son désir s'était réveillé ? Alors que les jours précédents, les souvenirs d'Eugène la submergeaient ?

Je ne sais pas. Je me suis réveillée, et voilà.
Je suis désolée d'avoir été lointaine, absente, ces derniers jours. Mais maintenant, je suis réveillée, et je ne me rendormirai plus.

Naïma n'évoqua pas les raisons de son mutisme. Quelle importance ? Il les connaissait très bien. Inutile de remuer ça.
Elle se redressa doucement, et tendit la tête pour embrasser tendrement les lèvres de son amant.

Elle avait envie de lui dire merci, pour ne pas avoir trouvé une autre femme partageant sa couche.
Elle avait envie de lui dire que maintenant, elle était là, et qu'elle ne le quitterai plus.
Mais ce genre de chose était difficile à dire, elles impliquaient des sentiments particulier. Des sentiments qu'elle refusait de ressentir. Et rien ne pouvait prédire la réaction de l'homme.

Alors elle se contenta de l'embrasser doucement, de lui caresser la joue, et de se rhabiller.

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Un petit froncement froissa légèrement les sourcils du jeune homme. Ce n'était pas exactement la réponse qu'il aurait voulu entendre aussi eut-il une appréhension toute particulière de la situation. Après tout il n'avait aucune légitimité à savoir précisément ce qui avait réellement préoccupé la jeune femme. En réalité pas bien sur de comprendre et la conversation avec Henri ne l'avait en aucun cas aidé.

Il la regardait se rhabiller en silence avec un léger pincement au cœur qui lui semblait étrange. Il lui sourit puis se vêtit à son tour acceptant qu'elle se serve simplement de lui comme lui le faisait avec n'importe qui d'autre...

Un discret baiser fut déposé dans le cou de Naïma et prêt à sortir, Matthias s'inclina profondément devant elle en disant:

"Cher Ange, votre humble serviteur se tiendra à votre disposition chaque fois que l'envie s'en fera sentir.
Puisse votre journée être aussi belle que vous."

*A ma disposition ...*

Ce n'était pas vraiment ce qu'elle voulait. Ce qu'elle voulait, c'est qu'il vienne la chercher, lui aussi. Elle ne voulait pas avoir un homme à disposition, elle voulait un homme, tout simplement.
Cela était peut être trop tôt. Elle en voulait peut être trop, alors qu'elle venait tout juste de sortir de son coma, de revenir auprès de lui.
Tant pis, elle attendrai. Les choses évolueraient bien un jour.
Pour le moment, elle continuerai donc à agir ainsi, à ne venir que quand le désir serai présent, et le laissant tranquille le reste du temps, puisque visiblement, c'était ce qu'il désirait.

Bonne journée à toi aussi.

Matthias sorti, la laissant dans la tente, la tête pleine de pensées, de questions. Une légère tristesse l'envahissait.
Elle sorti de la tente pour rejoindre la foule autour du feu. Matthias discutait déjà gaiement ...

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