Erica et Naïma

Juste une douche. Enfin, elle aime bien appeller ca comme ca mais c'est un peu d'eau qu'on frotte sur son corps pour se sentir propre, histoire de dire qu'on n'est pas encore redevenue des bêtes. Le truc c'est que même si ce n'est pas aussi efficace qu'une vrias douche, ni aussi agréable, ca fais quand même du bien, genre on à finis une journée de marche, un boulot arrassant et voila la journée presque terminée. On se sent un peu mieux, plus détendue et on commence à sentir la faim venir et le futur plaisir d'un repas chaud cuit sur les braises d'un feu protecteur avec ces gens qui nous accompagnent et qu'on finis par aimer sans vraiment s'en rendre compte, enfin, jusqu'au jour ou il prennent des risques et qu'on ce dit qu'ils risquent de ne pas revenir. Ce jour la y'a pas mal de chose qui change comme si on ouvrait les yeux sur une vérité que Dieu tentait de nous dévoiler depuis des lunes.

Erica avait encore les cheveux mouillés. Elle les lissait en arriére comme pour les secher plus vite et avancait à petite pas vers la tente de Naïma. Un plus loin Alopias devait être en train de faire le feu en compagnie de Yahminia. Ca leur laisserait peut-être un peu de temps pour discuter.
La jeune femme avait toujours été attirée par Naïma, son charisme, sa douceur apparente mais depuis que Mr Penn était résté dérriére, autre chose semblait les unir. Bien sur Erica n'aurait jamais parié sur le fait que ce sentiment était réciproque, Naïma ne devait même pas savoir ce que portait Erica sur le coeur.

Le respect de la blonde grandissait jour après jour, chaque fois que la brune semblait être au bout de ces capacité elle montrait qu'elle était encore plus capable et responsable. Elle gérait les ressources et n'oubliais jamais la petite blonde qui était capable de s'endormir le ventre vide ou la bouche séche plutôt que de réclamer. Erica n'était pas particuliérement tête en l'air mais semblait être faite pour tout autre chose que la gestion étant incapable de savoir si elle avait droit à un repas ou si tout le monde allait en manquer. Elle savait qu'elle pourrait soulager Naïma en demandant simplement mais... Mais elle était stupide.

La voila devant la tente. Elle lache ses cheveux, lourd et humide, qui lui retombe devant les yeux.

-Naïma? Tu es la? Tu a un moment?

Elle voulait parler de Mr Penn, se rapprocher de Naïma. Mais elle était inquiéte et avait peur d'être trop maladroite. Elle avait l'impression d'être à un premier rendez-vous, ce qui était stupide. Elle esperait faire passer le message de son respect et nouer des liens d'amitier avec elle.

Naïma était en train de réinstaller sa couche, après l'avoir bien secouée pour enlever les grains de sable qui s'insinuaient partout.
Elle était donc à 4 pattes, dans sa tente, en train de taper vainement pour redonner un semblant de volume à une boule de tissus qui lui servait d'oreiller.
Elle n'avait pas du tout entendu Erica arriver.
Pourtant, avant d'arriver au Passage, elle l'aurai entendu approcher à quelques mètres. Eugène et Yokina l'y avaient entrainé. Il était temps qu'elle recommence ses entrainements à la chasse, et donc à l'approche furtive, mais aussi à redevenir attentive à tous les bruits.
Cela était important, en tant que nomade, pour sa survie, et celle de son groupe, ses amis.
Mais Le Passage l'avait un peu ramolli, sur ce plan là, et la voix d'Erica le fit sursauter.

- Hein ?? Euh, oui, bien sur, je suis là. Et j'ai un moment !! Entre.
Je pensais aller me baigner, la rivière est juste à coté. Fraiche, mais bon. J'ai eu une amie inuit qui m'a initié au froid. Mais bon, j'irai plus tard. Sans doute dans la nuit, d'ailleurs, quand les autres dormiront et pourront pas me voir. Ouais, c'est une bonne idée, ça, la nuit.

- Euh, excuse moi, je parle, je parle ... je sais même pas pourquoi.
Entre et installe toi. Je dois avoir un reste de fruits confits qui traine, si tu veux. tu verras, ils sont délicieux !!

La jeune femme entre dans la tente avec une certaine appréhension, un peu comme lorsque l'on passe la porte d'une personne qu'on aime secretement ou celle de son patron, avec un respect mélé d'une crainte subjective. Erica fait très attention ou elle met les pieds et prefere même rester sur le pas de la porte tant que Naïma ne lui dit pas de faire autrement. Elle ne voudrait pas déranger en quoi que ce soit le petit royaume de la jolie brune.

-Salut Naïma. C'est une bonne idée d'aller se baigner...

Erica se sent un peu bête et n'hésite pas à se le dire. Elle essait de se détendre, met ses mains dans ses poches, les ressort et pose les genoux par terre.

-Tu a besoin d'aide pour... Pour quelquechose?

- Euh, non, c'est bon. Je te remercie. Mais ma tente est en ordre, j'ai fini mes calculs de rations ... c'est bon.
Mais entre, reste pas comme ça !! Installe-toi.

Naïma était contente de voir Erica. La présence de la jeune femme lui faisait plaisir. Même si elle ne savait pas quoi dire.
La présence d'Erica avait un coté ... miroir.
Elle ressentait chez cette femme comme une vieille tristesse, qui restait là, malgré tous les rires et sourires. Naïma ne savait pas d'où venait cette tristesse, mais elle avait croisé assez de personnes qui dégageaient la même chose, et elle se connaissait assez elle même pour deviner.
La perte d'un être cher.
Naïma avait la même tristesse au fond d'elle. Elle l'avait depuis son arrivée au Passage. Depuis la mort d'Eugène.
Les disparitions de Peceval et M. Penn avaient ravivé cette tristesse. Mais des trois, c'était la perte d'Eugène qui la faisait le plus souffrir. D'autant plus maintenant qu'elle était à nouveau dans le désert, cet élément où Eugène lui avait tout appris.
Tous les détails autour d'elle lui rappelaient cet homme.

Mais malgré cette tristesse, il y avait une joie de vivre, de découvrir des choses, de rencontrer de nouvelles personnes. Un espoir d'être à nouveau heureuse, tout simplement.
Naïma se retrouvait dans Erica.

- Alors, dis-moi, avant d'arriver au Passage, tu faisais quoi ?

Naïma fouilla un peu dans un sac, et finit par en sortir une boite métallique. Elle ouvrit son butin.

- Haha !! je savais bien qu'il m'en restait, de ces fruits confits !! Tiens, goûtes !!

Erica sourit. Un sourire discret, celui que l'on peux discerner sur le visage des grands-parents qui regardent leurs petit-enfants jouer dans le praie et qui s'émerveillent de la vie qui coule en flot de lumière depuis l'âme de ces petits.
Son sourire est empreint d'une certaine nostalgie et d'une curiosité aussi. Naïma est rafraichissante. C'est une jolie femme qui semble toujours être de bonne humeur et dont la compagnie est toujours agréable.
Elle accepte le fruit confie et prend une petite bouchée.
Comme si l'invitation à gouter était un passe magique Erica s'intalle de maniére plus confortable n'hésitant pas à allonger les jambes et à s'appuyer sur un coude.

-J'etais journaliste. Enfin j'animais une rubrique poétique sur une radio local de New York. Ca ne te dit peut-être pas grand chose mais c'est l'un des plus grand vestige de l'ancienne civilisation. Je vivais avec une petite communauté dans de grandes tours de bétons et d'aciers. On ne manquait de presque rien et mis à part des groupes de pillards...

La jeune femme semble se perdre dans le souvenir et prend une autre bouchée.

-Il est bon. Merci Naïma. Tu sais, je suis contente que tu sois parmis nous. Je suis contente de te connaitre.

Elle s'arrêtte génée, avale le dernier bout de fruit d'un coup en souriant. Elle en fait peut-être trop. Ce n'est pas volontaire mais ca la géne.

-Je voulais venir te voir pour être certaine que tu ne manquais de rien et que... enfin... Que tu allais bien. Depuis qu'on a laissé... Mr Penn... on a pas eue le temps de parler et...

A cet instant précis Erica à l'impression qu'elle n'a jamais été aussi ridicule que maintenant. Elle s'imagine qu'en plus de son bafouillage, de son idée stupide que Naïma puisse avoir besoin qu'on lui rapelle la perte de son amant, du fait qu'elle doit-être en train de rougir il n'y est pas grand chose d'autre à rajouter pour qu'elle se trouve encore plus conne. Peut-être que si elle avait été toute nue ou avec un morceau de fruit confis sur le bout du nez?

- Enfin je sais que tu a connus ca, je me souviens de notre départ du passage et de la tombe.

Ca y'est, il fallait trouver et elle l'a fait avec brillo, c'est tout ce qui manquait, Erica, pour mettre les pieds dans le plat en les enfoncant le plus profondément possible.
La journaliste à l'impression soudaine qu'il vaudrait mieux être ailleurs, elle se sent aussi bête que la premiére fois qu'elle avait été embrassée par un gaçon qui lui plaisait.
Elle lui avait mordue la lévre involontairement avant de faire comme si elle l'avait fait exprès pour ne plus qu'il l'embrasse. Fierté mal placé quand tu nous prend. Elle c'était tant enfoncée que quelques jours après il était sortie avec Camellia. Cette sale garce avait d'ailleurs perdue sa virginité avec lui. Quand à elle... Et bien elle était la, maintenant, avec Naïma et elle avait cette désagréable impression d'avoir une petite voix dans la tête qui lui dit que c'est une reminescence de l'episode Ben.

Erica se redresse, arrange son pantalon prête à s'en aller quand Naïma se tournerait vers elle avec de la colére dans le regard dans le genre: Tu n'avais pas besoin de me rapeller tout ca.

-J'ai été stupide de venir t'importuner avec ca de cette maniére. Tu a du me trouver terriblement grossiére. Je suis désolée, ce n'étais pas mon intention.

Comment ecourter une rencontre qu'on attend depuis plusieurs lunes, avoir l'air bête et se sentir frustrer pour les lunes à venir?

Naïma avait le regard dans le vide. Elle écoutait ce que lui disait Erica. Mais le souvenir de M. Penn, et celui d'Eugène, de sa tombe dont tout le monde se fichait, là bas, au Passage, lui avait pincé le coeur.
Le malaise dans la voix d'Erica la réveilla.
Elle releva la tête, et regarda Erica dans les yeux.
Elle ne dit rien pendant quelques secondes, puis un sourire triste vint étirer ses lèvres.

- Oui, j'ai un peu évité les conversations, ces derniers temps. Surtout celles ou le nom de M. Penn pouvait venir. Ca me rends triste. Et ... je parle rarement de mes sentiments. Enfin, surtout de ma tristesse.
Mais ne t'en fais pas. Ce n'est pas grave. Ne t'en veut pas, surtout. Je comprends que tu sois venue. Dans un sens, ça me fais plaisir, de voir que tu t'inquiètes pour moi.
Je crois que je vais bien. Je m'étais préparée à le perdre. La zombinite l'avais pris depuis assez longtemps. Et malheureusement, la zombinite laisse rarement ses victimes s'en sortir.

Naïma se tut, le temps de croquer dans un fruit.

- M. Penn n'est pas le premier homme que je perds. J'ai perdu plusieurs amis, lorsque j'étais au Passage. Dans la montagne, la vie n'était pas facile. Et j'ai perdu 3 hommes que j'ai aimé, en tout. 3. En si peu de temps.

Elle leva la tête, et regarde le toit de sa tente, comme si elle pouvait y voir les étoiles et s'y perdre.

- 3. Je n'ai pas de chance avec les hommes. La zombinite est plus forte que moi. Et j'ai tellement peur aujourd'hui, de m'attacher à des personnes. J'ai peur de les voir disparaitre, et de me retrouver toute seule, perdue.

Naïma se redressa, et regarda à nouveau Erica.

- New York ? Je connais. Enfin, je connais le nom, et j'en ai vu des photos, il y a ... avant, quoi.
Moi, je vivais en Nouvelle Zélande. Mes parents avaient une grande ferme, dans les montagnes, et je faisais de longues promenades à cheval, avec mon chien, dans les herbes hautes.
La vie était belle, alors, et je n'avais à m'inquiéter de rien. Mes parents prenaient soin de moi.
Ensuite, je suis arrivée ici, je n'ai aucune idée de comment. Et Eugène à pris soin de moi.
Aujourd'hui, je dois prendre soin de moi même. Et même des fois, des autres aussi. Je ne suis plus du tout la même. Je ne sais même pas si Eugène me reconnaitrai.
Enfin, c'est la vie.

Naïma repris un fruit et repoussa la boite vers Erica, pour lui proposer de se resservir. Elle sourit à la jeune femme.

- Ca me fait plaisir de discuter avec toi.

Elle ne saurait dire ce que c'était. Naïma avait un don. Il suffisait qu'elle parle et elle appaisait. Il suffisait qu'elle affirme et Erica se sentait rassurée et confiante.
Il ya avait un calme et une douceur dans la facon d'être de la nomade qui sublimait la journaliste. Son assurance ne faisait qu'ajouter à son charisme.

-Moi aussi j'aime parler avec toi.

Erica se rend compte que ce n'est peut-être pas ce qu'a voulue dire Naïma mais elle s'en moque cette fois-ci. Elle prend un nouveau fruit, culpabilise une minute sur le fait qu'elle se sert dans les réserves de son amie, puis croque un bout avec un plaisir évident.

- Je ne te laisserais pas tomber. Je crois que j'arriverais à vaincre la zombinite pour te rejoindre. Je te dois tant. Je pourrais dire la même chose à Alopias et Yahminia... Mais la vérité c'est que nous t'avons tous suivis.
Tu sais, je ne me faisais pas de soucis sur le fait que tu sois forte. Je voulais... j'esperais que tu puisse te débarrasser des poids si tu en portais.

Erica croque dans le fruit.

-La tombe, à l'entrée du passage, c'est celle d'Eugéne?

Elle pose la question en esperant que Naïma va se livrer si elle en a besoin et elle sait maintenant que si la jeune fille ne le désire pas elle ne le fera pas et n'en sera pas blessée.

-Tu devrais écouter ma Radio dans peu de temps, je ne te dis pas encore pourquoi mais je crois que tu comprendra. Tu a des cheveux magnifique et si longs. Si tu va te baigner tout à l'heure tu me laissera les coiffer ensuite?

- Oui, c'est la tombe d'Eugène.

Naïma tripote un peu la petite croix en argent qu'elle porte autour du cou. Cette croix qu'elle a récupéré autour du cou d'Eugène, avant de l'enterrer. Avant de recouvrir de terre le corps de l'homme qu'elle aimait tant.
Eugène ...

Un jour, peut être qu'elle raconterait à Erica combien elle a aimé cet homme. A quel point il a compté pour elle, et à quel point son souvenir guide encore ses pas.
Mais pas pour le moment. La perte de Penn lui fait revivre celle d'Eugène un peu trop fort encore pour en parler librement. Pour dire tout ce qu'il y aurait à dire.

- Tu me diras quand écouter ta radio ? je voudrais pas manquer ça, même si je n sais pas encore ce que c'est.

La proposition suivante surprends beaucoup Naïma.

- Euh, oui, pourquoi pas.

Des cheveux magnifiques ?
Naïma se demande un moment si Erica voit la même chose qu'elle. Une masse noire de cheveux pas mal emmêlés, dont elle n'a pas pris soin depuis pas mal de temps.
Elle a songé plusieurs fois les couper. Mais avec l'hiver, leur chaleur est agréable.
Mais les grains de sable qui s'insinuent dans la chevelure et qui sont difficiles à enlever, vu la longueur, n'ont rien d'agréable !!

- En plus, ça leur fera sans doute beaucoup de bien. Ca fait plusieurs jours que je les ai pas coiffés. Ca risque de te prendre du temps, par contre.