Le tout pour le tout

Searclaw émerge des arbres en direction du campement. A ses cotés, Cinoque, son visage difforme grimaçant sous l'effet du froid, et des blessures sanguinolentes que recouvrent son dos. Soutenant avec effort l'être gigantesque, Searclaw le laisse s'effondrer près du feu, où ce dernier se recroqueville en geignant, avant de faire face au camp, et à tous ceux qui sont présents. Il prend la parole d'une voix déterminée et calme, mais suffisamment forte pour que tous puissent l'entendre.

- Je l'ai trouvé dans les bois. Il vient de perdre tous ses amis. Il est seul. Il est perdu. Il a froid. Il a faim. Et il a besoin de soins. Je l'ai amené ici pour que tous vous le voyiez. Que ça ne se passe pas pour lui comme ça s'est passé pour ses potes. C'est à dire au loin, et passé sous silence. Je ne suis pas là depuis longtemps. Sans doute que je dépasse les bornes. Mais je jure sur mon sang, et sur tout ce qui fait de moi un être humain que rien ne lui arrivera. C'est un grand enfant. Et il est hors de question que je vous laisse prendre la vie d'un enfant. Quitte à perdre la mienne.

Searclaw poussa un soupir audible pour évacuer sa tension. Se doutant que les choses n'étaient pas terminées, il scruta le reste du groupe en quête d'une réaction. Se penchant vers Naima, il lui murmura à l'oreille.

Désolé de te mettre devant le fait accompli. Et surtout merci, Naima.

Searclaw esquissa un léger sourire avant de murmurer

- Cool. Du coup, ça fait deux vies que je te dois. Je passe mon temps à te remercier on dirait. Ça me soulage énormément ton geste. Merci de m'appuyer sur ce coup là.

Fawkes regardait Naïma, le survivant et Searclaw entre ses paupières mi-close, avec un demi-sourire sur le visage. Il leur fit un petit signe d'encouragement de la tête.

Quand il avait vu sa proie, car c'était bien lui qui avait raté Cinoque, se réfugier auprès du groupe de Naïma, il avait su que tout cela finirait ainsi. Que la fondatrice des Infidèles ferait rempart physiquement pour le protéger, aidée par Searclaw.

Restait à savoir comment cela allait finir pour les Infidèles. Sa main glissa doucement jusqu'à son poignard artisanale, à sa ceinture, et son sourire se fit plus froid. Son regard s'alluma d'un éclair malsain.

Edit pour fautes de frappe

Voyant le hochement de la tête de Fawkes, Searclaw l'interpella d'une voix inquiète.

Camarade ! Ton avis sur la question ?

La voix de Fawkes n'est qu'un mince murmure, froid comme l'acier.

- J'en dit, monsieur Searclaw, qu'il est dangereux de rester seul dans le désert, sans défense. Et qu'il faut être fou ou courageux pour exposer son corps comme seul rempart de ses idées. Il y a des choses qui ont été commencées, que nous devons finir. Qu'en pensez-vous ?

Le sourire de Fawkes est aussi mince que le tranchant d'une lame.

- Certaines choses ne s'arrêtent pas facilement, mademoiselle Naïma. Me pardonnerez vous jamais ? Je n'attends rien. Je ne saurais me pardonner moi-même...

Lentement, il tire sa lame qui dégoute d'un sang frais. Epais. Rouge. Goutant dans l'herbe gelée.

- Muse a besoin d'une sepulture.

La lame tombe aux pieds de Searclaw.

Et merde. Searclaw regarda la lame ensanglantée dont la pointe reposait sur sa botte. Il y'avait encore quelques secondes il cherchait des mots pour convaincre Fawkes de ne pas achever sa proie blessée, et l'homme l'avait étonné. Il avait pensé à tout sauf à ça. Et pendant qu'il se sentait envahi de soulagement de ne pas avoir à confronter cet homme étrange avec qui il avait tissé des liens, la discussion avait dégénérée au possible. Searclaw repensa rapidement à Muse, et aux rares discussions qu'ils avaient partagées. L'homme avait été brutal. Menaçant même. Pas le temps d'y réfléchir. Le jeune homme lève les bras, et s'interpose entre Naima et Fawkes, espérant crier plus fort qu'eux.

On arrête ! Les conneries du sang qui appelle le sang ! Ça sert plus à rien. Naima, qui voudra ta mort si tu tues Fawkes ? Jack ? Et quand lui t'aurai tué, qui te vengera ? Matthias ? Et ensuite ? Nous devons tout arrêter, maintenant ! Naima, je déplore ta perte. Restons calmes par pitié et tachons d'en discuter. Pourquoi tu as fait ça Fawkes ? Il y a forcément une raison ! Fawkes s'il te plait. La raison !

Fawkes laisse tomber son arc par terre, ne quittant pas Naïma du regard entendant Searclaw de loin.

- Il fallait que je le fasse pour les Infidèles. Et pour ce que vous défendiez, tous deux.

Lentement, il se laissa glisser à genoux, devant la jeune femme et ouvrit sa chemise, exposant son cœur à la haine et à la colère.

- Jugez vous-même. Moi, je n'ai plus la force de continuer.

Gray avait observer la scène un peu à l'écart, sortit de sa rêverie par des éclats de voix anormale, annonciateur de mauvaise fortune. La vue de la lame ensanglantée, l'allusion de la mort de Muse, cela ne l'affectait pas. Il s'en moquait.
Détaché du monde ces derniers temps, Gray avait senti inconsciemment les tensions se créer, s'entretenir sans s'en soucier.

Cette fois, ça allait trop loin. Attrapant son katana tout en se redressant, il enroula la lame dans sa veste miteuse avant de se la passer à la ceinture.

S'impliquant dans le débat d'un pas pressé, il s'interposa entre Fawkes et Naïma.

"Ok, on se calme les enfants... Tout çà n'est pas très sain."

Ses yeux se posant sur l'homme visiblement mal en point.

"Premièrement, c'est qui lui?"

Longtemps absent, longtemps silencieux, il n'en demeurait pas moins vigilant...
Aussi, lorsque la température de la situation commença à réchauffer la froide atmosphère hivernale de l'hiver, il s'avança doucement, ses pas se feutrant dans la nature gelé.

Le visage toujours baissé, camouflé à la fois par ses longs cheveux noirs et par le souffle vaporeux qui s'échappant de sa bouche aux lèvres fines, portait les stigmates sanguinolents d'un affrontement récent. Juste quelques gouttes pourpres sur une peau blême.

Il approcha de la jeune femme brune, et dit doucement :

"Pas de bétise... Il y a déjà eu assez de morts aujourd'hui."

"Ca suffit maintenant."

Dit Gray qui accourait pour essayer d'arrêter la jeune femme. Sauvage... C'était ce qu'avait dit Matthias après tout. Il tentait d'arrêter les frappes rageuses de Naïma en aggripant ses bras comme il pouvait, craignant les coups qu'il pourrait recevoir en retour.

"Fawkes, tu m'expliques merde?"

Henri encaissa les frappes comme une poupée de chiffon maltraitée par une gamine dominatrice. D'abord au visage, juste sous son oeil... puis dans l'abdomen, le torse et à nouveau au visage.
Il laissa faire, sans dire mot, sans broncher, sans défaillir, restant debout malgré la salve de haine et de colère.

Petit à petit, les frappes devinrent moins cinglantes, moins vives, plus latentes.

Juste le temps d'un sourire en coin, et la patience martyre prit fin. D'un geste rapide, sa main saisit le poignet de la jeune femme, et le contraint avec agilité, lui dérobant ainsi un petit cri de surprise autant que de douleur.

Il la fixa alors avec conviction, de son regard éteint, mis-clos, et relâcha son étreinte.

"L'ennui et la lassitude... cela te convient-il ?"

WOWOWOWOW !!!!!!!!!!!!!! QU'EST CE QUI SE PASSE ????

Pendant quelques temps, John n'avait regardées les affaires du groupe que d'un oeil, sans même trop se soucier des nouveaux arrivants. Mais cette fois, la situation le faisait légèrement paniqué.

C'est la nouvelle de la mort de Muse qui le fit réagir. Mort pourquoi ? Et c'est Fawkes qui l'a tué ??

Puis tout commença à dégénérer, les cris, les coups... John ouvrit de grand yeux et resta bouche bée. Qu'est ce qui se passe ??

Hey hoooo !! Quelqu'un peut m'expliquer ce qui passe ici ???

Onze était restée légèrement en retrait, observant les réactions de chacun avec un sourire amusé. Que de brouhaha pour un type qu'ils connaissaient à peine...
Toutefois, quand Naïma se mit à frapper Henri, la jeune femme s'avança, se mêlant au reste du groupe, lançant un regard mauvais à la brune et lachant, ironique :

On t'a peut être évité de faire une bétise avec lui... Votre rapprochement aurait pu nuire à ton couple, ma petite Naïma... Tsss aucune reconnaissance, c'est incroyable...

La future maman se tourna ensuite vers John avec nonchalance :

Muse est mort. Nous l'avons tué avec Henri et Fawkes, chacun ayant sa propre raison je crois...

Foutredieu ! Muse !

çà sent la conjuration, enfin peut être que c'est pour le mieux pour nous,un nouveau départ ! J'avais peur qu'il massacre Cinoque et j'essayais d'organiser son évasion en douce.

Si vous voulez le prendre avec nous moi çà me pose aucun problème,

Tu veux du chocolat ? Dit-il en tendant prudemment la main vers ce qui semblait être une bouche humide.

Tandis que Jack s'occupait de Cinoque, Searclaw jeta un œil autour de lui, et aux blessures sans doute irréparables que le groupe qui l'avait recueilli était en train de subir. Cela l'attristait profondément, le suffoquait même. Hésitant, il prit tout de même la parole.

- Je crois nous devrions nous asseoir, et nous calmer, pour éviter d'autres effusions de sang. Muse est mort, j'en suis navré Naima, même si j'avoue volontiers que c'est de sa part que je craignais le plus une réaction violente à la présence de Cinoque. C'est irréparable. On ne peut pas revenir là dessus. On ne change pas le passé. Nous devons aller de l'avant. Je dis ça sans aucune dureté, ni aucun manque de respect pour lui. Il repose maintenant en paix. Et nous devons parler de l'avenir des Infidèles. Calmement, et sans mensonges.

Fawkes parle à tout le monde, mais ne cherche que le regarde de Naïma. il ne cille pas une fois, de sa longue intervention.

- Muse était un danger pour l'Humanisme qui était la fondation des Infidèles. Dès son arrivée, à la centrale nucléaire, il a commencé à tuer sans raison, impliquant le groupe dans ses actions. Et l'absence de réaction envers cela a laissé la porte ouverte aux dérives et nous amené à nous conduire comme des pillards.
Si cela n'avait pas commencé par là, l'attaque de la Secte de Gourou n'aurait pas eu lieu, car les premiers meurtres, je parle de ceux d'êtres non atteint de zombinite, avaient été cautionnés par le silence de chacun.
Son comportement était celui d'un individu, gravitant autour du groupe, se fichant de son unité, il n'était pas un Infidèle : il en modifiait l'âme par ses actions. Il revendiquait sa culture, sa différence pour se justifier, et n'offrait pas la même chance aux autres. Acceptez-moi, point final. Et nous devions alors adapter nos comportements au sien.

Son regard se tourne vers Ali.

- Mademoiselle Alicanta, vous me disiez que monsieur Searclaw était impatient de trouver sa place parmi les Infidèles. Muse, lui, a taillé dans l'essence même des Infidèles pour s'approprier cette place de force, et sans voir les dégâts qu'il y faisait. Je l'ai vu au combat. Je l'ai vu tuer les Sectaires. Il prenait plaisir à la souffrance et à la douleur qu'il infligeait. Prenez mon témoignage de tueur pour ce qu'il vaut, mais je suis sûr qu'il n'avait pas place parmi un groupe tel que nous.

Il se tourne vers Searclaw

- Vous me demandiez ce qui justifiait, pour moi, la mort d'un homme, monsieur Searclaw. Celle de Muse valait largement l'intégrité de ce en quoi vous croyez, mademoiselle Naïma et vous. L'Humanisme.

A nouveau, il parle à Naïma.

- Je ne demande ni pardon, ni clémence, ni oubli. Je n'ai jamais cherché à cacher mes actes pour autre chose que ce qu'ils sont, et je garde avec moi ceux qui sont morts chaque jour que je vis dans ce désert. Prenez mes armes en attendant que vous ayez décidé de mon sort, mademoiselle Naïma. Que ce soit votre décision, ou bien celle des Infidèles.