En cachette [Lune 164]

[Ou comment ressortir un vieux rp...]

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Trois mois maintenant qu'elle était enceinte. Trois mois que la jeune femme tentait d'apprivoiser son corps qui se métamorphosait un peu chaque jour...

Matthias était venu la trouver quelques jours plus tôt, désireux de mesurer ce ventre qui s'arrondissait. Mais Henri l'en avait empêché, défiant presque le jeune homme de s'approcher d'elle. Elle n'avait rien dit à ce moment là, trop heureuse de voir Henri près d'elle...

Mais les jours passaient et Onze se sentait toujours aussi seule. Henri se faisait toujours aussi discret, délaissant la jeune femme un peu trop souvent à son goût. Aussi se décida-t-elle à aller voir le seul qui pour le moment semblait porter un quelconque intérêt à sa grossesse...

Pour une fois, Onze s'était faite patiente, surveillant Naïma du coin de l'oeil, soucieuse d'éviter une confrontation avec la brune et attendant que Matthias parte en chasse.
Quand il se décida enfin à y aller, lance à la main et air décidé, la jeune femme le suivit discrètement, laissant plusieurs mètres entre eux, jusqu'à ce qu'ils furent enfoncés relativement loin dans la forêt.

Alors qu'il s'apprêtait à piéger un lapin, la voix de Onze s'éleva, maligne, faisant détaler la bestiole :

C'pas avec ça que tu vas nourrir toute la troupe...

Elle lui lança un sourire amusé, tandis qu'avec toute sa nonchalance naturelle, elle défit ses chaussures et fit quelques pas pieds nus dans l'herbe, sa robe verte se camouflant presque parmi les arbres alentours...

Matthias sursauta en même temps que la bestiole et fit volte face vers la jeune femme. Faussement agacé, il soupira avec ostentation puis s'approcha de Onze. Tout aussi nonchalant qu'elle, sourire narquois et provocateur, le jeune homme lui planta la lance entre ses pieds nus.

Haussant un sourcil inquisiteur, il répondit:


"Dis donc Diane chasseresse ! T'as qu'à me faire voir ce que tu sais faire..."

Oh, tu sais, moi, ce ne sont pas les bestioles que je chasse !

Un sourire en coin se dessina sur les lèvres de la jeune femme jusqu'à ce qu'elle recula de quelques pas, laissant la lance à l'endroit même où Matthias venait de la planter.

Avec une certaine langueur, elle plongea la main dans le décolleté de sa robe et en sortit une petite pelote de ficelle qu'elle lança au jeune homme. Virevoltant à côté de lui, elle leva les bras en lui demandant :

Alors, tu veux toujours mesurer ?

D'un geste vif, Matthias réceptionna la cordelette. Au sous entendu de la futur maman, il n'avait pu s'empêcher de rire mais maintenant il la regardait d'un air aussi convoiteur qu'étonné.

S'approchant il plaça une main sur la hanche féminine pour la faire cesser de s'agiter puis posa un genou à terre. Alors qu'il lui encerclait délicatement la taille avec la ficelle, son regard vert remonta tout le long du corps jusqu'à celui de Onze. Moqueur il demanda:


"Qu'est ce que t'as fait de daddy batman, joli maman ? Tu lui as pas demandé ? Il semblait particulièrement soucieux de s'occuper de toi pourtant...

*jeta un coup d'oeil faussement inquiet autour de lui.* OUuuuh mais peut être va t-il sortir de l'ombre pour me casser la gueule..."

Un soupir, puis :

Ca m'étonnerait... J'le voies pas des masses, en fin de compte... Ou pas quand j'voudrais...

Si elle était triste, elle n'en montra cependant rien et reporta son attention sur la ficelle :

Alors, ça y est, t'as mesuré la baleine ?

Elle se mit à rire, curieuse tout de même de voir ce que donnait maintenant son tour de taille...

"Ha ! Baleine... baleine... si c'était l'cas j'aimerai bien en voir plus souvent de ce genre là !"


Matthias lui adressa un sourire flatteur puis fit un noeud à l'endroit où l'extrémité avait rejoint le corps de la ficelle. Se redressant il lui mit sous le nez la cordelette tendue et marquée.


"Je la garde ! J'espère bien faire plein d'autres de ces nœuds."

Onze s'empara de la cordelette, la tendit et apprécia la longueur. Un éclair de soulagement passa dans son regard lorsqu'elle la rendit à Matthias :

J'crois qu'on pourra s'arranger pour faire évoluer cette p'tite échelle... Et ça f'ra un chouette souvenir au bébé !

Se mordillant légèrement la lèvre inférieure, elle plongea ses yeux dans ceux de l'homme et lui souffla :

Ca fait longtemps qu'on a pas joué tous les deux... Ne serait ce qu'un tout petit pari...

D'une main, elle effleura la joue de son compagnon, et continua :

Tout va bien avec Naïma ? Elle n'aimerait surement pas te savoir ici avec moi...

Matthias ne baissa pas les yeux mais un éclat plus sombre y passa. L'évocation de Naïma lui était un peu douloureuse.
Mais le contact d'Onze l'électrisa doucement. Il avait l'impression de déjà sentir son corps à travers le textile de la robe. Illusion fugace. Ils étaient si proche à cet instant et ils étaient si semblable en définitive.

Un sourire en coin. Matthias protesta à voix basse avec sa bonne humeur habituelle:


"En l'occurrence... c'est toi qui est ici avec moi.


Qu'est ce que tu veux parier, charmante libellule ?"

Matthias sentit les battements croissant de son cœur. Les situations envisageables passaient à toutes vitesses dans son esprit. Désir, fidélité, jeu, amour, risque... Est-ce qu'il réfléchissait vraiment ou laissait-il l'envie l'envahir ?

En réalité il pensait à la dernière fois qu'il avait possédé Onze. Ils avaient été déçu tous les deux pourtant... désormais la situation était différente.

Juste savoir. Expérimenter.


Matthias embrassa soudain la jeune femme à pleine bouche en la faisant reculer insidieusement. Lorsqu'ils heurtèrent le premier arbre venu, le jeune homme exerça une douce pression sur Onze. Le regard brulant et déterminé, il lui souffla:


"Je l'aime. Je ne perdrai pas à ce jeu là. Et je te conseille de ne pas perdre non plus..."


ALors qu'il continuait de la fixer d'un air de défi, sa main remonta le long de la cuisse pour glisser sous la robe...

Quand son dos heurta l'arbre, Onze ne put retenir un cri étouffé, plus sous l'effet de la surprise que de la douleur. Elle l'écouta avec attention, se demandant un instant s'il avait compris tout ce qu'elle avait déjà perdu dans sa vie passée et pourquoi elle vivait ainsi...

Mais au final, cela lui importait peu. Il relevait le pari et un éclat triomphal illumina les yeux de la jeune femme. A son tour, elle répondit :

Je ne peux plus m'permettre de perdre...

Elle passa une main furtive sur son ventre avant de remonter vers le col de la chemise de Matthias, qu'elle déboutonna progressivement. L'une des bretelles de sa robe glissa le long de son épaule, dévoilant une poitrine plus rebondie et une peau légèrement bronzée.

Elle vint trouver ses lèvres, non sans une certaine violence... Il lui plaisait mais il n'y avait aucun amour entre eux deux, seulement de la compréhension et une quasi similitude fraternelle. Et la même recherche d'expériences, sans crainte d'une quelconque morale.

Matthias et Henri. Onze se créait un équilibre bien précaire entre eux deux...

La chemise de Matthias finit à terre. Et tandis que les langues en venaient à jouer ensemble, les ongles de la jeune femme s'enfonçaient doucement dans le dos de son amant...

Aucun des deux ne voulait se permettre de perdre, pourtant ça ne les empêchait pas de jouer à ce jeu pervers. Baisers intenses, sans amour certes mais empreints d'un désir avéré. Matthias décrocha les doigts de la jeune femme qui commençaient à lui carder le dos. Après avoir rit il lui mordilla l'oreille puis lui souffla:


"Rétracte tes griffes, chaton. Si tu me marques, je te mords."


Sa langue descendit vers le sein dénudé de la jeune femme dont il excita un peu plus la pointe, tandis que ses mains passaient ça et là sur le corps.
A la fois doux et incisifs, ses doigts glissèrent définitivement dans l'intimité d'Onze. Et alors que pendant ce très léger va et vient, il reprenait ses lèvres, il s'arrangea également pour faire tomber l'autre bretelle.

La robe de Onze glissa jusqu'à sa taille et elle frissonna quand un souffle d'air caressa sa peau, à moins que ce ne soit sous les mains douces de Matthias, elle ne pouvait en être certaine... Ce qu'elle savait juste, c'était qu'à cet instant précis, elle voulait Matthias, et rien d'autre.

Tandis qu'ils s'embrassaient, non sans ardeur, Onze défit le pantalon de son amant, jouant de ses mains sur le membre durci de son partenaire. L'instant suivant, dans un geste aussi souple que habile, la jeune femme cala son dos bien contre l'arbre puis enroula ses jambes autour des hanches de Matthias.

Elle sentait la chaleur du corps de l'homme et le désir qui émanait de lui. Ils auraient pu jouer longtemps ainsi, mêler encore et encore leurs caresses et leurs baisers, mais le temps leur était compté et à tout moment, quelqu'un pouvait les trouver. Elle se cambra et sentit Matthias la pénétrer dans un soupir d'aise. Elle lui murmura alors, d'une voix pleine de sous entendus :

C'est surement la dernière fois. Tentons d'en garder un souvenir mémorable...

Les derniers mots avaient été susurrés. Et doucement, Onze se mit à sucer le lobe d'oreille de son amant...

Matthias, quant à lui, s'offrit le luxe de suivre le plaisir de la jeune femme jusqu'à son terme avec le regard curieux et attentif d'une personne qui aurait été étrangère à leurs ébats.

Elle capitula. Le jeune homme termina quelques secondes plus tard avec une lenteur désabusée tandis qu'Onze s'alanguissait déjà.

Un fugace baiser claqua sur les lèvres féminine avant que Matthias ne se redresse en continuant d'observer ce corps offert. Bon amant à défaut d'autre chose, il aurait bien continué de décliner d'autre façon l'activité qui venait d'avoir lieu. Pourtant elle avait raison, le temps leur manquait.

S'étirant il déclara, d'un ton pince sans rire.


"Hum ! J'ai faim. Et j'n'ai toujours rien chassé."


Matthias se pencha au dessus du visage de la future maman.
Il aurait pu lui demander pourquoi elle était venu le trouver.
Il aurait pu... s'ils n'avaient pas été aussi semblables et s'il n'avait pas craint de recevoir une réponse d'une banalité, à ses yeux, affligeante.
Au lieu de cela, il loucha vers le ventre qui s'arrondissait d'une courbe d'autant moins prononcée que Onze était allongée et posa un instant sa main dessus en demandant, le regard brillant de curiosité:


"Tu préfèrerais une fille ou un garçon ?"

La main de Onze se posa sur celle de Matthias, accompagnée d'un large sourire :

Une fille bien sûr !

Pour Onze, cela semblait l'évidence même. Mais elle tenta d'expliquer à son amant :

Il y a bien plus d'avantages à être une fille. Nous sommes peut être un peu plus faible physiquement, mais on vous égale sur tout le reste. Et en plus, une fille, ça a une arme majeure : son charme !
Une femme intelligente et rusée obtiendra tout si elle sait utiliser sa beauté. C'est infaillible !

Qu'en penses tu ?

Le regard de Matthias s'était perdu sur l'abri de gestation et leurs deux mains pendant que la jeune femme se justifiait. Et le sourire ravi qu'il tourna vers elle reflétait toute sa pensée: "Une fille bien sur !"
Immanquablement, le jeune homme aurait souhaité de tout son cœur être le père d'une petite fille, ça se lisait sur son expression.
Mais son sourire se nuança légèrement et Matthias retira doucement sa main, au fond il s'attendait plutôt à recevoir l'autre réponse.


"Je pense que les femmes disposent de talents qu'aucun homme se saura jamais égaler. Puisse ton souhait se réaliser et que vous soyez toutes ou tous les deux heureuxeuhses."


Tout aussi doucement, le jeune homme se détacha d'Onze pour se rhabiller.

Il n'y a pas que l'enfant et moi qui devons être heureux...

Matthias...

Elle attendit qu'il se tourna vers elle, et plongea un regard perçant dans celui du jeune homme avant de continuer :

Henri sera le père de cet enfant. Tout le monde le sait, c'est indéniable.

Mais toi... Je n'sais pas comment tu le vis. Peut être as tu l'impression qu'il a pris ta place...

J'ai juste envie... Enfin j'aimerai que tu sois présent aussi dans la vie du bébé. Parce que tu as des choses à lui apporter. Et parce que d'une certaine manière tu comptes pour moi.

Pas comme un deuxième père non, mais peut être comme un oncle... Ou un grand frère, j'ne sais pas...

Les mâchoires légèrement crispées, elle l'observa, souhaitant qu'il réponde...

Pendant tout le discours Matthias soutint le regard de Onze avec une légère indifférence. Lorsqu'elle eut terminé, il se mit à rire, tout simplement.
Après avoir achevé de reboutonner sa chemise, le jeune homme revint poser un genou près d'elle. Lui caressant doucement la joue, il planta son regard vert au fond de celui d'Onze.


"Jolie Maman... Jolie, jolie, jolie et charmante Maman...
C'est de toi, dont je pourrai être le frère. Un frère incestueux, certes, mais...
Enfin peu importe, la question n'est pas là.

A chaque fois que j'ai estimé devoir occuper une place, je n'ai jamais laissé personne me la prendre. Si je n'ai pas tué Batman à l'instant où j'ai su, qu'il aurait la "paternalité" très légitime, de l'être qui vient peut être de moi, c'est que tout va bien.
Cela dit tu n'es pas raisonnable, j'aurai pu m'accommoder facilement de n'importe qui d'autre mais lui.. Enfin... au moins a-t'il le mérite de savoir à peu près se battre.


Je me réjouis pour toi. Mais je ne peux pas être heureux.
Il est inutile, jolie Maman, de chercher à créer un équilibre quelconque.
Il n'existera jamais.
Et de toute façon, on ne peut prévoir le déroulement des choses."

Une expression de contrariété voila un instant le regard de Onze. Elle aurait voulu le faire changer d'avis, lui dire ce qu'elle ressentait, qu'elle avait besoin de lui et tant d'autres choses... Mais Onze avait sa fierté et elle n'aimait guère se dévoiler totalement...

Aussi la jeune femme resta-t-elle silencieuse, se contentant d'attraper sa robe et de se rhabiller, ajustant au mieux le tissu sur ses rondeurs naissantes...

Elle se demanda un bref instant depuis combien de temps elle était avec Matthias. Si leur absence prolongée se remarquait, nul doute que Naïma ou Henri leur ferait comprendre. Et Matthias n'avait encore rien attrapé en guise d'explications...

Onze fit donc quelques pas entre les arbres pour retourner au campement, et juste avant de disparaitre, elle se retourna, fit face au jeune homme et braqua ses yeux sur lui :

Ne m'abandonnes pas.

La seconde suivante, la silhouette de Onze se confondait dans la forêt...